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07/07/2016
Charles Gounod: Cinq-Mars
Mathias Vidal (Le Marquis de Cinq-Mars), Véronique Gens (La Princesse Marie de Gonzague), Tassis Christoyannis (Le Conseiller de Thou), Andrew Foster-Williams (Le Père Joseph), André Heyboer (Le Vicomte de Fontrailles), Norma Nahoun (Marion Delorme), Marie Lenormand (Ninon de L’Enclos, Un Berger), Jacques-Greg Belobo (Le Roi, Le Chancelier), Andrew Lepri Meyer (De Montmort, L’Ambassadeur), Matthias Ettmayr (De Montrésor, Eustache), Wolfgang Klose (De Brienne), Chor des Bayerischen Rundfunks, Stellario Fagone (chef de chœur), Münchner Rundfunkorchester, Ulf Schirmer (direction)
Enregistré en public au Prinzregententheater, Munich (25 janvier 2015) – 138’17
Ediciones Singulares ES 1024


 Sélectionné par la rédaction





La collection de livres-disques du Palazzetto Bru Zane consacrée à l’opéra français s’enrichit régulièrement pour la plus grande joie des amateurs de ce répertoire. Le onzième volume immortalise l’exécution, l’année passée, en version de concert, de Cinq-Mars (1877) de Gounod. Il s’agit, précisément, de celle de Munich, quelques jours avant la soirée versaillaise, avec la même distribution, à l’exception de Mathias Vidal qui remplace Charles Castronovo dans le rôle-titre.


Le Centre de musique romantique française a eu le nez fin en sortant de l’oubli cet opéra dont seul un air, «Nuit resplendissante», figure parfois au programme des récitals. Dix ans après Roméo et Juliette, Gounod a composé, en quelques semaines, un fort bel ouvrage mais à la forme hésitante. L’argument s’inscrit dans un cadre historique – Cinq-Mars, conspirant contre Richelieu, finit décapité – et mêle politique et amour contrarié par l’Eglise. L’œuvre se présente donc sous la forme d’un grand opéra mais le ton de certains passages relève plutôt de l’opéra-comique – la création a d’ailleurs eu lieu à Favart en 1877. Cette légère disparité stylique explique peut-être la négligence qu’elle a subie, malgré une création bien reçue. Cette publication retient la seconde version, dans laquelle des récitatifs remplacent les dialogues parlés.


La musique s’avère, dans l’ensemble, intéressante et inspirée, en dépit d’une Ouverture quelconque, de quelques moments plus banals et d’airs filant droit et peu marquants. En revanche, les ensembles fonctionnent à merveille, les pages de ballet, au deuxième acte, au ton archaïsant, un peu comme dans Manon de Massenet, constituant un véritable délice. Le tout a fière allure et témoigne, de la part du compositeur, de beaucoup d’habileté. Il ne faut pas s’attendre, suite à cette entreprise de réhabilitation, à ce que cet opéra rejoigne un jour le répertoire courant des théâtres et se hisse au même niveau de popularité que Faust et Roméo, mais il y a lieu de le porter en haute estime et de tenter, un jour, de le mettre en scène.


L’exécution se révèle presque parfaite, ce qui justifie la place importante que cet enregistrement devrait occuper dans la discographie de Gounod. Les chanteurs, pour commencer, prononcent le français convenablement, même ceux d’expression étrangère distribués dans les petites rôles. L’enregistrement dégage beaucoup de flamme et de noblesse, grâce à des interprètes maîtres de leurs moyens et respectueux du style propre à cette musique. Mathias Vidal possède un timbre plus convaincant dans les scènes sentimentales que dans les épisodes plus dramatiques ; légère et lyrique, la voix, en effet, étonne pour un conspirateur, mais le ténor tient parfaitement la ligne. Incontournable dans ce répertoire, Véronique Gens se révèle somptueuse en Marie, la soprano cultivant, une fois de plus, un chant de grande école.


Tassis Christoyannis expose ses qualités habituelles de timbre et d’émission dans le rôle du conseiller De Thou tandis qu’Andrew Foster-Williams incarne un Père Joseph impeccable de mordant, de noirceur et de sournoiserie. Les rôles secondaires féminins ont parfaitement été distribués avec des chanteuses aussi excellentes que Norma Nahoun et Marie Lenormand. Quant à Jacques-Greg Belobo, il a peu à accomplir, en comparaison, mais il marque profondément le rôle du Roi de son empreinte. Les chœurs s’inscrivent naturellement dans ce bel ensemble, en veillant à la diction. L’orchestre, enfin, ne dégage pas un charme infini et ne procure pas les plus hauts vertiges, mais il se montre persuasif, précis et bien sonnant, sous la direction d’Ulf Schirmer, qui considère l’ouvrage avec tous les égards qui lui sont dus.


Il faut espérer que le Palazzetto se penche sur d’autres opéras de Gounod d’ici le bicentenaire de sa naissance (2018), comme Le Tribut de Zamora qui n’existe pas encore au disque. En attendant, les amateurs de l’opéra français, en général, et du compositeur, en particulier, se délecteront certainement de ce nouveau jalon de cette formidable collection du Palazzetto Bru Zane.


Sébastien Foucart

 

 

 

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