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05/15/2016 Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur (édition Nowak) [1] – Symphonie n° 9 en ré mineur (version pour deux pianos) [2] Matthias Giesen, Klaus Laczika (piano), Altomonte Orchester St. Florian, Rémy Ballot (direction)
Enregistré en public à la Kaiserzimmer (15 août 2006 [2]) et à la Stiftsbasilika (21 août 2015 [1]), Saint-Florian – 133’61
Album SACD et CD Gramola 99089 – Notice (en allemand et en anglais) de Klaus Laczika
Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur (édition Nowak) [1] – Messe n° 3 en fa mineur [2]
Ruth Ziesak (soprano), Janina Baechle (alto), Benjamin Bruns (ténor), Günther Groissböck (basse), Wiener Singakademie, Heinz Ferlesch (chef de chœur), ORF Radio-Symphonieorchester Wien, Cornelius Meister (direction)
Enregistré en public au Konzerthaus de Vienne (26 avril 2013 [1] et 23 juin 2015 [2]) – 124’18
Album de deux disques Capriccio C5247
Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur (édition Nowak)
Koninklijk Concertgebouworkest, Mariss Jansons (direction)
Enregistré en public au Concertgebouw d’Amsterdam (19, 21 et 23 mars 2014) – 54’44
RCO Live RCO 16001
Parmi les récentes parutions discographique de symphonies d’Anton Bruckner (1824-1896), la Neuvième vient de faire l’objet de trois nouvelles versions qui ont en commun d’avoir toutes trois été enregistrées en concert. Or, c’est bien là leur seul point commun car, pour le reste, que de différences!
Commençons par Rémy Ballot à la tête de l’Orchestre Altomonte de Saint-Florian qui, après nous avoir livré une version assez peu intéressante de la Huitième Symphonie, s’attaque ici à la Neuvième: dire qu’aller au bout de l’écoute aura été difficile est un euphémisme... Car, et sauf à évoquer la version de plus de 76 minutes dirigée par Sergiu Celibidache à la tête de ses forces munichoises (EMI), comment peut-on à ce point s’appesantir et diriger de cette façon cette symphonie? Avec une version qui dépasse les 75 minutes (le premier mouvement faisant à lui seul plus de 32 minutes!), Rémy Ballot suscite l’ennui avant même l’irritation. Le premier mouvement est pris lentement bien sûr mais, dans certains passages (à 4’30, plus encore à 17’15), cela confine au statisme pur et simple. Cette tendance au surplace peut parfois susciter l’attention, Celibidache l’a amplement prouvé (sa Huitième, immense!), mais rien de cela ici faute d’être habité. Dirigeant un orchestre par ailleurs des plus moyens (des cordes à la cohésion critiquable, des cuivres qui confinent parfois à la vulgarité comme cette fin de premier mouvement à partir de 30’15), Ballot confond constamment grandeur et grandiloquence. Le Scherzo est d’une pesanteur assez incroyable (on en sera pour nos frais pour bénéficier d’une légère accélération dans le «Trio») et, en fin de compte, seul le dernier mouvement s’en sort à peu près même si on ne perçoit guère de vision, tout cela s’avérant somme toute besogneux. En bonus, une version pour deux pianos de la Neuvième réalisée par Karl Grunsky (1871-1943), qui a transcrit d’ailleurs toutes les Symphonies de Bruckner pour piano à quatre mains: en dépit d’une interprétation assez respectueuse des climats (le premier mouvement est d’ailleurs assez étonnant à cet égard), une version que l’on oubliera bien vite car tout ce qui fait Bruckner manque ici à l’appel.
Beaucoup plus convaincant, Cornelius Meister, dont avait déjà pu remarquer les affinités avec le grand répertoire germanique (en l’occurrence, une très belle interprétation d’Une vie de héros). Celui-ci nous livre ici une très belle version de la Neuvième qui débute pourtant avec son maillon faible (encore que tout soit relatif...), à savoir le premier mouvement. Celui-ci ne manque certes pas de grandeur (la fin, à partir de 19’50) et, servi par un excellent orchestre, convainc en partie. Néanmoins, il est dommage que le jeune chef se laisse aller à quelques brusqueries ou à certaines affectations comme cette fin de phrase des violoncelles à 5’40: mais il est vrai que les cordes sont magnifiques. Le Scherzo est pour sa part idéal: violent, rageur, il donne l’image d’un rouleau compresseur que rien ne peut arrêter (le martellement des timbales), offrant ainsi par contraste au Trio toute la douceur requise. Le troisième mouvement est également une belle réussite, Meister tenant ses phrases jusqu’au bout, les cordes se montrant à chaque instant à la hauteur de cette page sublime. Un peu plus décevante, la Messe en fa mineur: œuvre ambitieuse de Bruckner qui préfigure en plus d’une occasion certains thèmes du Te Deum (composé plus de quinze ans plus tard), elle connaît plusieurs références au disque dont, encore récemment, celles dirigées par Marek Janowski ou Stanislaw Skrowaczewski (Oehms Classics). Les solistes sont bons (notamment les voix féminines) sans être exceptionnels et le chœur manque parfois de puissance; c’est d’autant plus dommage que l’orchestre est une fois encore excellent, donnant tout son lustre au Gloria et toute sa finesse au Kyrie.
Enfin, Mariss Jansons et le Concertgebouw d’Amsterdam: autant dire que sur le papier, on tient là le gagnant de notre confrontation. Et le fait est que l’écoute le confirme. Les cordes sont somptueuses de bout en bout (le troisième mouvement, Adagio. Langsam, feierlich, est exceptionnel), les bois étincelants et les cuivres d’une brillance hautaine qu’on ne retrouve que dans les meilleures versions: à cet égard, la fin du premier mouvement, baigné d’un superbe lyrisme, est impressionnante même si elle ne bénéficie pas de cette force tranquille que d’autres chefs (à commencer par Bernard Haitink dans sa récente version à la tête du Symphonique de Londres) ont su y instiller. Un des grands mérites de cette version est que Jansons dirige l’ensemble avec un grand naturel: on ne se pose guère de question sur le tempo, les contrastes, le rubato car tout nous semble aller de soi comme en témoigne un Scherzo certes moins abrupt que chez Meister (le Trio est somptueux grâce à des violoncelles d’une très belle intensité), mais peut-être plus en adéquation avec les deux autres mouvements, témoignant d’une conception d’ensemble de l’œuvre tout à fait remarquable. Une très belle version de la Neuvième donc qui, après les récentes versions dirigées par Bernard Haitink ou Christoph von Dohnányi, vient enrichir le sommet d’une discographie déjà pléthorique.
Le site de Cornelius Meister
Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio de Vienne
Le site de Ruth Ziesak
Le site de Janina Baechle
Le site de Benjamin Bruns
Le site de Günther Groissböck
Le site de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam
Sébastien Gauthier
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