Back
05/12/2016 Edouard Lalo: Symphonie espagnole, opus 21 (#) – Guitare, opus 28 (version complétée par Gabriel Pierné) (&) – Fantaisie norvégienne (+) – Romance-Sérénade pour violon et orchestre (+) – Fantaisie-Ballet pour violon et orchestre (+) – Introduction et Scherzo pour violon et orchestre (+) – Concerto pour violon, opus 20 (&) – Concerto pour violoncelle – Concerto russe, opus 29 (*) – Concerto pour piano Elina Buksha (*), Lorenzo Gatto (#), Woo Hyung Kim (&), Vladyslava Luchenko (+) (violon), Ori Epstein (violoncelle), Nathanaël Gouin (piano), Orchestre philharmonique royal de Liège, Jean-Jacques Kantorow (direction)
Enregistré à la Salle Philharmonique de Liège (janvier et juin 2015) - 188’36
Coffret de trois disques Alpha 233 (distribué par Outhere)
Sélectionné par la rédaction
Depuis 2010, des solistes de la Chapelle musicale Reine Elisabeth enregistrent ensemble un coffret consacré à un compositeur. Après Vieuxtemps et Saint-Saëns, ces jeunes musiciens qui se perfectionnent dans cette institution auprès de maîtres réputés se penchent cette fois sur les œuvres concertantes de Lalo: une excellente idée, soutenue par le Palazzetto Bru Zane, car le catalogue de ce compositeur demeure, en fin de compte, assez peu exploré. Si les solistes changent forcément à chaque projet et si le coffret paraît chez Alpha, après Fuga Libera et Zig-Zag Territoires, l’Orchestre philharmonique royal de Liège répond de nouveau présent, Jean-Jacques Kantorow succédant à Patrick Davin et Christian Arming à la direction.
L’aîné des six solistes, Lorenzo Gatto (né en 1986), qui mène une belle carrière suite à sa résidence à la Chapelle, indique le chemin à suivre dans la Symphonie espagnole (1874): interprétation splendide, d’une impeccable justesse expressive et qui concilie, à un rare degré, panache et élégance. Deuxième prix au concours Reine Elisabeth en 2009, il révèle une maîtrise souveraine de l’instrument, affiche une science infaillible de l’impulsion et met en valeur une sonorité de toute beauté. Pas aussi racés que lui, les autres violonistes n’atteignent pas tout à fait le même niveau et ne cultivent pas des timbres aussi raffinés et chaleureux, mais leur prestation témoigne de la réputation de la Chapelle.
Woo Hyung Kim (né en 1991) domine le beau Concerto pour violon (1873) et le nettement plus anecdotique Guitare (1877), en dépit d’une intonation pas aussi parfaite, que compensent l’éloquence du phrasé et la finesse de la sonorité. Vladyslava Luchenko (née en 1988) empoigne avec éclat la ravissante Fantaisie norvégienne (1880), dans laquelle elle déploie une large palette de couleurs, et défend de manière convaincante des pages de moindre envergure, la Romance-Sérénade (1879), la Fantaisie-Ballet (1885) et l’Introduction et Scherzo (1885), les deux dernières extraites de Namouna. Déjà remarquée dans Saint-Saëns, la Lettone Elina Buksha (née en 1990) s’attaque, quant à elle, au Concerto russe (1879) avec un sens de la forme incontestable et un caractère affirmé.
Le Concerto pour violoncelle (1877) revient au benjamin, Ori Epstein (né en 1993): subtile et d’une parfaite intégrité stylistique, l’exécution dévoile une sonorité d’une grande finesse. Nathanaël Gouin (né en 1988), enfin, aborde, en s’y montrant lui aussi convaincant, le Concerto pour piano (1889), méconnu mais digne d’intérêt. L’orchestre se montre impliqué et épanoui dans ce répertoire mais le chef a tendance à mettre trop en avant les solistes, à moins que cela s’explique par la prise de son, un peu trop réverbérée, ce qui porte un peu préjudice à l’orchestration de Lalo. Ce coffret réjouissant permet de mieux connaître ce compositeur attachant mais aussi de comprendre pourquoi, dans le catalogue concertant de ce dernier, seuls la Symphonie espagnole et le Concerto pour violoncelle se maintiennent au répertoire, malgré les mérites des autres œuvres au programme.
Le site de la Chapelle musicale Reine Elisabeth
Sébastien Foucart
|