About us / Contact

The Classical Music Network

CD

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

05/12/2016
Philippe Quinault : Livrets d’opéra. Présentés et annotés par Buford Norman (troisième édition revue et corrigée)
Editions Hermann, «Bibliothèque des littératures classiques» – 838 pages – 46 €





Le hasard veut que la présente critique soit écrite alors que Philippe Beaussant vient de nous quitter, en ce 8 mai, à quelques jours de ses quatre-vingt-six ans. Qu’il nous soit permis par là même de rendre hommage à la mémoire de ce grand spécialiste de la musique baroque française – ses ouvrages sur Couperin ou Lully, son Rameau de A à Z demeurent des références incontournables – pour qui Jean-Baptiste Lully faisait évidemment partie des sujets de prédilection.


Or, lorsqu’on s’aventure dans la vie de Lully, on croise bien vite le nom de Philippe Quinault (1635-1688), qui est essentiel. Car s’il collabora aussi avec des figures majeures de la littérature du Grand Siècle comme Corneille (pour la tragédie Œdipe en 1664 ou Nicomède en 1669) ou Molière (dans notamment Monsieur de Pourceaugnac et Le Bourgeois gentilhomme), c’est avec Quinault que l’entente fut sans conteste la plus forte. Leur collaboration donna lieu à la création de onze opéras dont Buford Norman, professeur émérite à l’Université de Caroline du Sud, nous livre ici une nouvelle édition critique des livrets.


Norman, fin connaisseur de l’œuvre de Lully et de la musique de cette époque (citons notamment son livre Touched by the Graces. The Libretti of Philippe Quinault in the Context of French Classicism, paru en 2001) avait déjà publié deux éditions des livrets d’opéras de Lully écrits par Quinault en 1999 et 2005: voici donc la troisième qui, par sa minutie et sa rigueur, s’impose sans conteste.


Après une introduction qui comporte notamment une brève biographie de Quinault ainsi que plusieurs développements sur la tragédie en musique en France au XVIIe siècle, Norman présente au lecteur les livrets des onze opéras (de Cadmus et Hermione en 1673 à Armide en 1686), précédés chacun d’une notice très complète sur les éditions utilisées, les principales erreurs réparées (parfois vénielles comme un «Le» qui manque à la fin du premier acte d’Amadis, parfois plus conséquentes comme pour Proserpine) et agrémentés au fil de chaque vers d’indications sur certaines références historiques (références aux victoires militaires de Louis XIV dans le Prologue de Proserpine), mythologiques ou syntaxiques. Ajoutons en outre que l’ouvrage se conclut par plusieurs annexes (un lexique des principaux termes employés à l’époque assortis de leur traduction en français contemporain, un dictionnaire des personnages mythologiques et historiques cités par Quinault, une bibliographie et une discographie indicatives).


Outre les multiples détails apportés sur les livrets, Buford Norman met surtout à disposition de tout un chacun le texte de Quinault dont il rappelle dès l’introduction certes la relative pauvreté du vocabulaire utilisé mais surtout «la fluidité et l’harmonie de ses vers» (page 31). Ostensiblement flatteur à l’égard du Roi dans chaque prologue («Après avoir couru de victoire en victoire, Prenez un doux relâche au comble de la Gloire» lit-on dans Alceste), le texte s’impose avec force dans la bouche de tel ou tel personnage (les paroles de Cybèle dans Atys, de Pluton dans Proserpine...). Au-delà de leur mise en musique, ces livrets mettent surtout en lumière un texte dont on pourrait dire qu’ils sont dignes de passer pour des classiques. Ce n’est pas le moindre mérite de cette édition qui, comme on l’a déjà signalé, s’impose pour tout amoureux du siècle de Louis XIV et tout spécialement de la musique de cette époque en France.


Sébastien Gauthier

 

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com