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05/09/2016
«The Complete Songs, vol. 4»
Franz Liszt : Des Tages laute Stimmen schweigen, S337 – Lasst mich ruhen, S317 – Was Liebe sei, S288 (trois versions) – Verlassen, S336 – Einst, S332 – Ich scheide, S319 – Die Loreley, S273 – Wer nie sein Brot mit Tränen ass, S297 – Mignons Lied, S275 – Sei still, S330 – Wieder möcht’ ich dir begegnen, S322 – Blume und Duft, S324 – Die tote Nachtigall, S291 – Il m’aimait tant!, S271 – Gebet, S33

Sasha Cooke (mezzo-soprano), Julius Drake (piano)
Enregistré en l’All Saints’ Church, Londres (4-6 décembre 2014) – 60’32
Hyperion CDA68117 (distribué par Distrart) – Excellente notice trilingue





Avec ce quatrième volume se poursuit l’intégrale des mélodies de Franz Liszt entreprise chez Hyperion, Sasha Cooke prenant le relais des mains de Gerald Finley (baryton-basse), Angelica Kirchschlager (mezzo-soprano) et Matthew Polenzani (ténor). Bien que couvrant une quarantaine d’années (1842-1880) de création, elles se concentrent essentiellement sur les vingt dernières. On n’y trouvera pas le cosmopolitisme des trois précédents jalons en matière littéraire puisqu’à l’exception de Il m’aimait tant!, toutes sont composées sur des textes allemands.


Des Tages laute Stimmen schweigen donne un excellent aperçu du climat et des options interprétatives qui régissent le disque: nous sommes en présence du Liszt d’après Weimar aspirant à davantage de dépouillement. Une esthétique de l’épure – là où triomphaient les acrobaties digitales de la Glanzperiod – qui a pour corollaire un langage harmonique des plus aventureux.


Julius Drake, fil rouge de cette intégrale, dispense un jeu racé et savamment coloré. Ce piano respire et n’hésite pas à marquer les silences qui cadencent les nombreuses phrases musicales laissées en suspens par l’harmonie. Digitalement moins virtuose que dans les premières mélodies, sa partie s’achemine de plus en plus vers l’impressionnisme de Debussy (on sait ce que l’auteur des «Reflets dans l’eau» doit à celui des «Jeux d’eaux à la Villa d’Este») et ses subtils étagements de sonorités. Julius Drake, sans doute pour pallier le manque de charisme de sa partenaire, revêt bel et bien le premier rôle en termes d’agogique et de conduite des phrasés.


En comparaison, la probe Sasha Cooke paraît en retrait sur l’ensemble de l’album: si, dans les Lieder d’un ton plus badin, l’on perçoit ici les œillades (Was Liebe sei), ailleurs les palpitations candides de l’aimée (Il m’aimait tant!), les plus introspectifs semblent échapper au chant (trop?) distingué de la mezzo-soprano. On aurait souhaité qu’elle creusât plus sous les notes (Lass mich ruhen), mît en avant ses capacités de diseuse dans le célèbre Die Loreley ou Wieder möcht’ ich dir begegnen, trop suavement chanté. Du coup, l’on se surprend à écouter davantage le piano – qui n’a jamais si mal porté son rôle d’accompagnement: enharmonies, tritons ou phrases non harmonisées – le XXe siècle opère une percée significative à maints endroits.


Sans doute moins essentiels artistiquement que les trois précédents, ce quatrième volume bénéficie toujours du remarquable travail éditorial de Hyperion, où la mise en page le dispute en excellence à la notice historique. Pour cette seule raison, aucun lisztien ne saurait l’ignorer.


Jérémie Bigorie

 

 

 

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