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04/21/2016 Benjamin Godard : Sonates pour violon et piano n° 1 en do mineur, opus 1, n° 2 en la mineur, opus 2, n° 3 en sol mineur, opus 9, et n° 4 en la bémol majeur, opus 12 Nicolas Dautricourt (violon), Dana Ciocarlie (piano)
Enregistré à Paris (septembre 2015) – 88’
Album de deux disques Aparté (distribué par Harmonia mundi)
Must de ConcertoNet
La musique de chambre occupe une grande place dans la production de Benjamin Godard (1849-1895), et elle s’est enrichie tout au long de sa carrière, notamment après sa nomination au poste de professeur de la classe d’ensemble instrumental du Conservatoire de Paris en 1887. C’est le dernier compositeur à qui la Fondation Palazzetto Bru Zane à Venise-Centre de musique romantique française consacre toute son énergie pour une juste réhabilitation qui a commencé par sa production vocale et qui se poursuit avec cette intégrale de ses Sonates pour piano et violon, composées entre 1866 et 1872 et interprétées par deux artistes de l’équipe sélectionnée et motivée pour la défense de ce patrimoine oublié (voir par ailleurs ici et ici).
Elève de Richard Hammer et d’Henri Vieuxtemps, Godard, enfant prodige du violon, a commencé très jeune à composer pour cet instrument, les deux premières sonates quand il avait dix-sept ans, à une époque où le genre était un peu tombé en désuétude par rapport à au genre lyrique alors florissant. Les grandes sonates françaises pour cet instrument (Franck, Saint-Saëns, Fauré...) étaient encore à venir.
La production s’échelonne ensuite sur six années et si l’on sent un désir d’échapper à l’influence allemande, cela se fait très progressivement et jamais complètement. Les romantiques allemands, Schumann et Brahms surtout, ne sont jamais loin mais le génie propre de Benjamin Godard fait que son style reste toujours profondément original et résolument français. Les compositions s’éloignent le plus souvent de la forme sonate pour un genre tout à fait personnel et non conformiste pour l’époque.
Si la Quatrième Sonate est la meilleure de l’ensemble, la Première respire un parfum juvénile et romantique et les deux médianes proposent des choix de mouvements assez peu traditionnels. Les andante sont tous admirables, d’une veine lyrique toute romantique dans laquelle se reflète le talent de mélodiste vocal de Godard.
Ce premier enregistrement mondial est magistralement défendu par deux artistes passionnés. Le violoniste Nicolas Dautricourt, qui joue un instrument somptueux (Stradivarius «Château Fombrauge» de1713), et la pianiste roumaine Dana Ciocarlie, qui montre un engagement total dans la restitution de ce répertoire. Les qualités techniques de l’enregistrement, réalisé dans la salle Byzantine du palais de Béhague à Paris, sont un atout majeur de ce remarquable double album.
Olivier Brunel
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