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04/21/2016 «Richard Wagner. Transcriptions for Piano»
Richard Wagner : Tannhäuser: Rezitativ und Romanze (transcription Franz Liszt) – Parsifal: Verwandlungsmusik (transcription August Stradal) – Die Meistersinger von Nürnberg: Walther’s Preislied (transcription Franz Brendel) – Götterdämmerung: Marche funèbre (transcription Ferruccio Busoni) – Tristan und Isolde: Einleitung (transcription Zoltán Kocsis) & Isoldes Liebestod (transcription Liszt) Camiel Boomsma (piano)
Enregistré au Westvest90 hall, Schiedam (19-21 septembre 2013) – 49’29
Etcetera KTC 1500 (distribué par Socadisc) – Notice de présentation en français, allemand, anglais et néerlandais
«Wagner Transcribed for Solo Piano by August Stradal, Volume Two»
Richard Wagner : Lohengrin: Freie Phantasie – Tristan und Isolde: «O sink hernieder, Nacht der Liebe’» & «Einsam wachend in der Nacht» – Das Rheingold: Schluss der letzten Szene – Parsifal: Charfreitagszauber – Siegfried: Schluss des letzten Aufzuges (transcriptions Stradal)
Juan Guillermo Vizcarra (piano)
Enregistré à Winspear Hall, University of North Texas (17-19 juillet 2013) – 75’30
Toccata Classics TOCC 0192 – Notice de présentation en anglais
Richard Wagner : Tristan und Isolde: Isoldes Liebestod (transcription Liszt) & Prélude de l’acte I – Parsifal: Préludes des actes I et III (transcriptions Jacques Caulin)
Franz Liszt : Deuxième Année de pèlerinage: «Après une lecture de Dante»
Christophe Vautier (piano)
Enregistré au Studio Claudia Sound (4 novembre et 6 décembre 2013 et 4 avril 2014) – 54’55
Calliope CAL1522 – Notice de présentation en français et anglais
«Wagner Without Words»
Richard Wagner : Tristan und Isolde: Isoldes Liebestod – Tannhäuser: Einzug der Gäste auf die Wartburg – Der fliegende Holländer: Spinnerlied – Rienzi: Santo Spirito Cavaliere – Das Rheingold: Walhall – Lohengrin: Elsas Brautzug zum Münster (transcriptions Liszt) – Die Meistersinger von Nürnberg: Prélude de l’acte I – Götterdämmerung: Voyage de Siegfried sur le Rhin (transcriptions Glenn Gould & Llŷr Williams) – Parsifal: extraits des actes I, II et III (transcription Williams) – Fantasia – Albumblatt für Ernst Benedikt Kietz: Lied ohne Worte – Züricher Vielliebchen-Walzer – Albumblatt für Frau Betty Schott – Eine Sonate für das Album von Frau M. W. – In das Album der Fürstin M.
Llŷr Williams (piano)
Enregistré au Britten Studio, Snape Maltings, Suffolk (4-6 février 2014) et au Wyastone Recording Studio, Wyastone Leys, Monmouth (15-16 mars 2014) – 142’39
Double album Signum Classics SIGCD388
«Franz Liszt. On Wings of Song. Piano Transcriptions»
Richard Wagner : Tristan und Isolde: Isoldes Liebestod – Das Rheingold: Walhall – Tannhäuser: Pilgerchor & «O du mein holder Abendstern» – Der fliegende Holländer: Ballade & Spinnerlied – Die Meistersinger von Nürnberg: «Am stillen Herd» – Parsifal: Feierlicher Marsch zum heiligen Gral – Rienzi: Phantasiestück (transcriptions Liszt)
Franz Liszt : Impromptu brillant sur des thèmes de Rossini et Spontini – Sept Variations brillantes sur un thème de Rossini – Soirées musicales de Rossini – Canzone napolitana
Michael Wielhorsky : Lybila Ya (transcription Liszt)
Ernst von Sachsen-Coburg-Gotha : Die Gräberinsel der Fürsten zu Gotha (transcription Liszt)
Josef Theodor Krov : Hussitenlied (transcription Liszt)
Leo Festetics : Spanisches Ständchen (transcription Liszt)
Robert Schumann : Provenzalisches Minnelied, opus 139, n° 4 – An den Sonnenschein, opus 36 n° 4 – Rotes Röslein, opus 27 n° 2 (transcriptions Liszt)
Joseph Dessauer : Dessauer-Lieder (transcription Liszt)
Otto Lessmann : Drei Lieder nach Julius Wolffs Epos «Tannhäuser» (transcription Liszt)
Praxedis Geneviève Hug (piano) – 186’32
Triple album RCA Red Seal 88875069972 – Notice de présentation en allemand et anglais
Grâce à Liszt ou grâce à d’autres, les transcriptions des opéras de Richard Wagner (1813-1883) sont une source d’inspiration pour les pianistes. Les parutions récentes ont notamment été marquées par le choc du volume confié par Naxos à William Wolfram. Bien peu des enregistrements chroniqués ci-après tutoient, malheureusement, le même niveau.
C’est par exemple le cas du disque de Camiel Boomsma (né en 1990). Par son toucher timide et vite monotone, le pianiste hollandais éclaire Tannhäuser d’une lumière trop fade, fait vocaliser Les Maîtres chanteurs et Tristan et Isolde d’une voix trop opaque, plonge Parsifal et Le Crépuscule des dieux dans des tunnels d’ennui. Des tempos globalement trop lents, des contrastes de nuances trop passifs et une frappe ordinaire discréditent vite cette approche, en décalage complet avec les propos du Néerlandais dans la notice – par ailleurs soignée – d’un album de moins de cinquante minutes («avec l’enregistrement de ce disque compact, j’ai entamé une recherche portant sur le cœur et la signification de la musique de Wagner»).
Plus convaincant, le Wagner de Juan Guillermo Vizcarra poursuit, après un intéressant premier volume, son exploration des arrangements d’August Stradal (1860-1930), élève de Bruckner et disciple de Liszt: des transcriptions pas uniformément séduisantes par leurs couleurs monochromes et leur écriture itérative. Recherchant poids et hauteur dans la frappe, l’artiste péruvien tourne occasionnellement son piano vers la contemplation philosophique. Parsifal y gagne en concentration et en personnalité, mais reste un peu à la surface des choses. La fin du dernier acte de Siegfried intéresse davantage, le pianiste n’abusant pas des décibels dans les (fort nombreux) trilles. Les extraits de Tristan et Isolde se révèlent probants, mais c’est surtout ce que Stradal fait de Lohengrin – des réminiscences davantage qu’une transcription – et de L’Or du Rhin qui donne à cet album son intérêt premier. D’autant que Vizcarra y trouve le ton juste dans l’évocation du chromatisme wagnérien. La frappe reste néanmoins trop carrée voire brutale pour captiver durablement.
Le pianiste français Christophe Vautier se concentre sur deux opéras qu’il aborde en poète autant qu’en philosophe. L’originalité de son album tient dans les transcriptions de Préludes réalisées en 2012 par Jacques Caulin (né en 1937). Celles des premier et troisième actes de Parsifal et du premier acte de Tristan et Isolde se caractérisent par une économie d’écriture et, par contraste, par la lumière que le compositeur français apporte au travers des silences – parfois très crus – de la partition et de l’opacité des atmosphères. Un travail qui épate spécialement au troisième acte de Parsifal. Une plus timide «Mort d’Isolde» (transcrite par Liszt), aux lenteurs pas toujours soutenues, referme un album qui débute par une pièce du même Liszt (Après une lecture de Dante), d’une facture peu originale, d’un abord assez raide et mais non dénuée d’éloquence. Si le dessein affiché par le pianiste («Mon ambition serait que l’on retrouve à l’audition des pièces que j’interprète dans ce disque la qualité orchestrale que le piano est le seul instrument à savoir rendre et qui dans mon esprit unit Liszt et Wagner») ne se retrouve pas vraiment à l’écoute, le résultat est intègre sinon convaincant.
Avec son double album intitulé fort justement «Wagner sans paroles», le pianiste gallois Llŷr Williams (né en 1976) livre un panorama assez complet de la production lyrique du maître de Bayreuth. C’est l’enthousiasme wagnérien qui est, en effet, la marque de cet enregistrement généreux (Tannhäuser), sensible (Lohengrin), brillant et ludique (Vaisseau fantôme), mais pour le moins trivial. Le point faible de cette approche réside ainsi dans la frappe du pianiste, caractérisée par un toucher assez rude («Voyage de Siegfried sur le Rhin») voire vide (Prélude des Maîtres chanteurs de Nuremberg) – on est bien loin du magnétisme de Glenn Gould! –, manquant cruellement de poids ou de hauteur de vue («Walhall»), souvent prosaïque («Mort d’Isolde») ou brutal (Rienzi). Jouant ses propres arrangements de Parsifal, Llŷr Williams y manifeste une telle passion pour cet opéra qu’en définitive elle en devient plutôt attachante – mais sans saveur pianistique particulière. Ce Wagner sans paroles ne se limite d’ailleurs pas aux transcriptions d’opéras, mais inclut quelques-unes des pièces écrites pour le piano par le compositeur allemand – et notamment sa délicate mais peu probante Fantaisie en fa dièse mineur –, un répertoire dans lequel il n’est pas aisé de briller (lire ici). Saluons néanmoins l’allure et l’allant de la Sonate pour l’album de Madame M[athilde] W[esendonck]. Une prise de son assez agressive et réverbérée ternit ce disque rempli de bonnes intentions et d’un amour sincère pour Wagner.
Enfin, c’est au sein d’un généreux triple album consacré aux transcriptions lisztiennes que Praxedis Geneviève Hug (née en 1984) aborde l’opéra de Richard Wagner. Retenant neuf partitions dans la production wagnérienne de Liszt, la musicienne helvète livre un piano honnête et bien tenu, mais qui manque de poésie et d’identité. Courts en bouche, les deux extraits de Tannhäuser marquent davantage par leur caractère littéral que par la personnalité du toucher. Peu d’arrière-plans rehaussent l’intérêt et l’épaisseur des deux transcriptions du Vaisseau fantôme. Si trop de silences amoindrissent l’impact de la frappe (Parsifal) et aplatissent terriblement le propos («Walhall»), on ne peut nier la délicatesse du legato (Les Maîtres chanteurs, Tristan et Isolde, Rienzi). Mais le compte n’y est pas... Heureusement, une sélection de lieder (Festetics, Krov, Schumann, Dessauer, Lessmann…) – interprétés avec sensibilité et offrant des atours autrement plus séducteurs – rehausse l’intérêt de cette parution soignée, intitulée «On Wings of Song» et fort intelligemment présentée, la notice – non traduite en français – allant même jusqu’à reproduire le texte des chants transcrits par Liszt. Le reste de l’album fait la part belle aux paraphrases rossiniennes, qu’il s’agisse de l’Impromptu brillant sur des thèmes de Rossini et Spontini et des Sept Variations brillantes sur un thème de Rossini – d’une facture un peu rude sous les doigts de Praxedis Geneviève Hug – ou des ensorcelantes Soirées musicales de Rossini – plus inspirées.
Le site de Camiel Boomsma
Le site de Praxedis Geneviève Hug
Gilles d’Heyres
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