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04/16/2016
Frédéric Chopin : Ballades n° 1, opus 23, n° 2, opus 38, n° 3, opus 47, et n° 4, opus 52 – Berceuse, opus 57 – Mazurkas, opus 17
Yundi (piano)
Enregistré en la Nikodemus-Kirche, Berlin (décembre 2015) – 55’53
Deutsche Grammophon 481 2443 (distribué par Universal)





Frédéric Chopin : Ballades n° 1, opus 23, n° 2, opus 38, n° 3, opus 47, et n° 4, opus 52
Henri Dutilleux : Sonate pour piano – Trois Préludes

Arthur Ancelle (piano)
Enregistré à Moscou (26-29 mai 2015) – 72’42
Melodiya MEL CD 10 02399 – Notice de présentation en français, russe et anglais





Frédéric Chopin : Ballades n° 1, opus 23, n° 2, opus 38, n° 3, opus 47, et n° 4, opus 52 – Scherzos n° 1, opus 20, n° 2, opus 31, n° 3, opus 39, et n° 4, opus 53
Désiré N’Kaoua (piano)
Enregistré au Domaine musical de Pétignac (septembre 2014) – 74’
Polymnie POL 107 113 – Notice de présentation en français et anglais





Ces trois nouveaux enregistrements des Ballades de Chopin – par deux trentenaires et un octogénaire – recèlent chacun leurs trésors.


Dès la Ballade en sol mineur, Yundi (né en 1982) déploie une grande éloquence dans le détachement du doigté et la hauteur de la frappe. Une frappe toute en grâce et en délicatesse – mais sans passivité ni vulgarité. Un Chopin esthétisant mais pas niais, dans lequel on mesure les progrès accomplis par l’interprète chinois depuis son album de 2010 (EMI), où l’on regrettait que la personnalité soit encore trop effacée et que le jeu manque de chair. Si la Ballade en fa majeur adopte la même attitude – dans l’éloquence aristocratique de la frappe –, la puissance de l’investissement se révèle supérieure et Yundi livre un Chopin aux qualités de clarté analytique aussi exaltantes que rafraîchissantes. Probablement le sommet du disque, surtout par comparaison avec de très méritantes Ballades en la bémol majeur et en fa mineur – qui explorent trop de chemins de traverse (dans la prudence des tempos ou l’hésitation des nuances) pour trouver leur identité. La si délicate Ballade en fa mineur offre néanmoins une progression enflammée vers l’emphase polyphonique, dont on ne peut nier la force de conviction. Le lauréat du Concours Chopin de Varsovie complète son album par une Berceuse qui résume tout son style (délicatesse du toucher, précision des intentions) et des Mazurkas opus 17 plus timides et ainsi moins probantes.


On connaît les talents multiples d’Arthur Ancelle (né en 1981), révélé par un magistral album Tchaïkovski (avec son épouse Ludmila Berlinskaia) et qui s’aventure à jouer plusieurs rôles de composition dans la vidéo de présentation de l’album. Les quatre Ballades bénéficient d’une conception claire et souvent ludique. Celle d’un Chopin vif voire espiègle, aux dynamiques affirmées, souples et bondissantes. Ainsi d’une Première Ballade joyeuse de bout en bout, ou d’une Deuxième à la rondeur délicate, aux sentiments (peut-être trop) fugitifs mais toujours riches et généreux. Généreux en pédale notamment, jusqu’à noyer, dans une Dernière Ballade frivole et légère, les fortissimos des saillies romantiques. La Troisième affiche une bonhomie sympathique quoique sucrée, dans un dosage de sortilèges harmoniques à la limite de la bagatelle. Bref, un disque antidépresseur pour les jours d’humeur maussade, dont la prise de son impressionne et dont l’originalité tient à l’adjonction de deux pièces de Dutilleux. Une splendide Sonate, tout aussi prodigue en musicalité et en rondeurs – coulée dans une veine qui atténue la radicalité de certains passages mais qui vrombit avec davantage de vigueur. S’appuyant sur une technique brillante et solide, Arthur Ancelle y diffuse une flamme aux accents étonnamment slaves (on ne s’étonne d’ailleurs pas qu’il mentionne Scriabine et Rachmaninov dans la notice du disque) – magnifiant tout autant Trois Préludes à l’autorité incontestable, faits «d’ombre et de silence».


On ne peut évidemment pas comparer les moyens techniques de ces deux pianistes nés au début des années 1980 avec ceux de Désiré N’Kaoua (né en 1933), qui grave – en septembre 2014 – l’intégrale des Ballades et des Scherzos. Si l’on avait apprécié l’intégrité de la frappe dans un intéressant album Roussel, le doigté – plutôt impeccable – manque ici franchement de vélocité, ramenant trop fréquemment à terre des lignes mélodiques qui ne demandent qu’à prendre leur envol au-dessus de l’ivoire du clavier. Malgré la frustration d’un jeu trop empesé, on admire – dans ce disque testamentaire – le sens du phrasé et l’intelligence de la conception d’un artiste profondément attaché à l’œuvre de Chopin, depuis sa victoire au Concours de Genève en 1961 et même avant.


Le site de Yundi
Le site de Désiré N’Kaoua
Le site d’Arthur Ancelle


Gilles d’Heyres

 

 

 

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