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03/28/2016
Domenico Scarlatti : Sonates K. 208, K. 24, K. 132 et K. 141
Frédéric Chopin : Ballade n° 4, opus 52
Franz Liszt : Mephisto-Waltz n° 1
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit
Edvard Grieg : Lyriske stykker (Hefte IV), opus 47: 3. Melodie
Franz Schubert : Moments musicaux, D. 780, opus 94: 3. Allegro moderato
Lucas Debargue : Variation I sur la Sonate K. 208 de Scarlatti

Lucas Debargue (piano)
Enregistré à Paris (novembre 2015) – 77’30
Sony 88875192982


Must de ConcertoNet





A 25 ans, Lucas Debargue a déclenché, en participant au quinzième Concours Tchaïkovski de Moscou en juillet dernier, un des phénomènes musico-médiatiques des plus originaux. Plusieurs raisons à cela: le plus célèbre concours de piano du monde est passé du statut le plus opaque à une transparence mondiale grâce à la chaîne Internet Medici, qui en a retransmis toutes les épreuves, cérémonies et concerts en direct de Moscou et Saint-Pétersbourg, accessibles gratuitement, même en replay, à tout possesseur d’un ordinateur. On a pu voir au milieu des réelles «bêtes à concours» surgir d’un ex nihilo médiatique un jeune pianiste français, certes passé par le Conservatoire national de Paris mais plus largement formé, après un parcours assez peu typique et des études de lettres modernes, par un professeur russe de l’Ecole normale de musique Alfred Cortot de Paris, Rena Cherechevskaïa. Préparé par elle, il s’inscrit au Concours Tchaïkovski. La suite est connue: Lucas Debargue, dès la première épreuve, conquit le public, fit grande impression sur le jury et sur Valery Gergiev, éminence grise de la vie musicale russe. Un hallucinant Gaspard de la nuit de Ravel à la deuxième épreuve mit le feu aux poudres et une épreuve concerto moins remarquable le conduisit hélas à la quatrième place. Encore plus phénoménal, il fut le seul candidat, toutes disciplines confondues, à se voir décerner le prix de l’Association des critiques musicaux de Moscou et, entorse au protocole, Valery Gergiev, co-président du comité d’organisation du concours, le fit jouer au concert des lauréats au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, réservé aux tous premiers prix. Comme le relevait The Huffington Post, qui a largement couvert le concours: «depuis le passage de Glenn Gould à Moscou et la victoire de l’Américain van Cliburn en pleine guerre froide, un pianiste étranger n’avait jamais suscité pareille effervescence».


Voilà pour le médiatique. Pour le musical, les qualités de Lucas Debargue explosent dans ce premier enregistrement réalisé quelques mois après le concours à l’invitation de Sony Classical lors de son premier récital parisien à la salle Cortot en novembre 2015, précédé d’une invitation de Boris Berezovsky (membre du jury très impressionné par le candidat) à participer à son festival Pianoscope de Beauvais et suivi par le récital qu’il vient de donner à l’auditorium Louis Vuitton (voir ici). Le choix du programme, très original, reflète en grande partie ce qui avait forcé l’admiration à Moscou. On y retrouve Gaspard de la nuit, très intelligemment mené, certainement sans les prises de risques avec les tempi de Moscou, mais déployant des trésors de sonorité et des éclairages étonnants. Il s’enchaîne parfaitement avec la Méphisto-Valse de Liszt, endiablée, elle-même succédant à une Quatrième Ballade de Chopin, relativement sage, respirant large, sans aucune des excentricités de tempi qui sont la tendance du jour, et empreinte d’une très belle mélancolie. Le programme s’ouvre et se referme avec Scarlatti, dont Lucas Debargue a choisi quatre Sonates toutes remarquables par leur théâtralité et chacune ayant une idée directrice, un message totalement différent. La dernière, qui appartient aux «bis» du concert, est une remarquable «variation» de Debargue sur la Sonate en la majeur K. 208 qui ouvre le concert. Deux autres pièces de fin de concert sont un admirable Troisième Moment musical de Schubert au parfum très hongrois et, choix moins classique, une Mélodie (Allegretto) de Grieg, que Debargue réussit à éclairer de mille teintes tout au long de son long développement.


Une éclatante réussite et un vrai programme qui tranche avec ceux des premiers enregistrements de jeunes pianistes qui se veulent trop souvent une kaléidoscopique carte de visite.


Olivier Brunel

 

 

 

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