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03/11/2016
«Island Songs»
Peter Sculthorpe : Island Songs
Brett Dean : The Siduri Dances (version pour saxophone alto et cordes)
Ross Edwards : Full Moon Dances (*)

Amy Dickson (saxophone), Sydney Symphony Orchestra, Benjamin Northey, Miguel Harth-Bedoya (*) (direction)
Enregistré en public (5, 6 et 8 octobre 2012 [*]) et en studio (29-30 novembre 2013) à Sydney – 60’15
Sony Classical 88875169062 – Notice de Peter Sculthorpe, Meurig Bowen et Ross Edwards





Amy Dickson (née en 1982), saxophoniste australienne de grand talent établie à Londres, revient en son pays natal et à son patrimoine musical avec trois compositions écrites ou arrangée à son intention par trois compatriotes qui, sans oublier leur héritage occidental, accentuent la situation géo-musicale de leur pays multiculturel.


Island Songs (2012) du regretté Peter Sculthorpe (1929-2014) allie le saxophone à un orchestre à cordes augmenté d’une percussion fournie qui, en plus de peaux et de métaux, comprend des «clap sticks», idiophones aborigènes très anciens apparentés aux claves. Le traitement instrumental porte le sceau du compositeur à commencer par les rythmes saccadés ou lancinants et les étranges sonorités des percussions qui semblent relever de rituels de temps reculés. Les cordes, à l’unisson, en harmonie ou en contrepoint, progressent par intervalles et accords nés de modalités océaniennes ajoutant à l’originalité et au caractère exotique de cette pièce agréable. Vers la fin du deuxième volet, d’entrée plus calme et plus nostalgique, les cordes se brisent soudain en criaillements d’oiseaux extraordinaires, trait typique de Sculthorpe, jamais tout à fait le même ni tout à fait autre. Trois airs aborigènes des îles du nord – dont Djilile qui l’inspira à plusieurs reprises – traversent l’œuvre, fournissant à la fois une inspiration liée à la terre australienne, le matériau, les couleurs harmoniques et la ligne perlée du saxophone soprano du premier volet («Songs of home») puis les sinuosités de celle du saxophone alto du second («Lament and Yearning»).


Le saxophone soprano perd son moelleux caractéristique pour gagner en expressivité sous les doigts experts et le souffle travaillé d’Amy Dickson, adresse qui frappent encore davantage lors de la pièce plus dissonante de Brett Dean (né en 1961), toujours dirigée avec aplomb par Benjamin Northey à la tête des cordes athlétiques de l’Orchestre symphonique de Sydney. Ecrite à l’origine pour flûte seule puis pour flûte et orchestre à cordes, Dean l’arrangea en 2013 pour saxophone alto, avec des techniques tout autant classiques qu’avancées et toujours virtuoses. Acrobatiques, énergiques et souvent véloces, The Siduri Dances s’inspirent de la déesse de l’épopée de Gilgamesh, non sans danger pour qui l’approchait, mais le résultat est une pièce abstraite et aventureuse dont l’audace est nettement du temps présent.


Miguel Harth-Bedoya dirige l’Orchestre symphonique de Sydney au complet, quoique léger en cuivres, pour Full Moon Dances (2011), concerto pour saxophone alto de Ross Edwards (né en 1943). Edwards mêle plusieurs teintes au cours des cinq volets, se fondant sur des gammes aborigènes ou du Sud-Est asiatique ou encore sur des modes grégoriens. Il tient à évoquer l’incantation et la danse rituelle d’époques immémoriales mais une inspiration nocturne relevant aussi d’écologie, de mystique et de magie les assagit quelque peu. Le saxophone alto, lyrique et lunaire, retrouve ses accents plus suaves dans les premier, troisième et quatrième volets: «Mantra with Night Birds and Dark Moon Blossoms», «Water -Moon» et «Sanctus», mais les deux consacrés à la danse rituelle («First Ritual Dance» et «Second Ritual Dance» qui vient en conclusion) se rythment et s’animent permettant l’envol d’un instrument solo plus hardi. Le traitement de la percussion et des bois révèle une certaine influence de Peter Sculthorpe dont Edwards fut autrefois l’élève.


Malgré les prouesses orchestrales bien menées, la prise de son et sans doute le programme mettent nettement en valeur celles de l’instrument solo. La souplesse timbrale, les couleurs et les possibilités expressives du saxophone s’épanouissent au cours des trois œuvres, bien soutenues par la maîtrise et la musicalité de la prestation d’Amy Dickson, son interprétation des Siduri Dances tout particulièrement éblouissante.


Le site d’Amy Dickson


Christine Labroche

 

 

 

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