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03/11/2016 Gabriel Fauré : Quatuor avec piano n° 1, opus 15
Mel Bonis : Quatuor avec piano n° 1, opus 69 Quatuor Giardini: David Violi (piano), Pascal Monlong (violon), Caroline Donin (alto), Pauline Buet (violoncelle)
Enregistré à l’Arsenal de Metz (16-17 et 21-22 décembre 2013) – 55’15
Evidence Classics EVCD 004 (distribué par Harmonia mundi) – Notice (en français, anglais et chinois) de Rodolphe Bruneau-Boulmier
Le quatuor avec piano tient une grande place dans le renouveau de la musique de chambre française qui s’opéra depuis le début de la Troisième République jusqu’à la Première Guerre mondiale. Saint-Saëns, d’Indy, Fauré – avec deux opus pour cette formation –, Widor, Chausson, Dubois, Alexis de Castillon, Boëllmann, enrichissent le genre avec d’émouvantes pages.
Si le Quatuor opus 15 de Fauré bénéficie d’une copieuse discographie, celui de Mel Bonis (1858-1937) reste encore à découvrir. C’est d’ailleurs l’intérêt de cet enregistrement. Œuvre subtile et parfois fragile, empreinte d’influences franckiste, debussyste, mais aussi fauréenne, notamment dans le Moderato initial et le Finale, cette partition força l’admiration d’un Saint-Saëns vipérin: «Je n’aurais jamais cru qu’une femme fût capable d’écrire cela. Elle connaît toutes les roueries du métier.» L’interprétation raisonnable et délicate du Quatuor Giardini, convient bien à cette page même si l’on reste souvent au seuil d’un véritable investissement interprétatif. C’est joli, certes, mais il ne reste qu’une sensation un tantinet superficielle.
L’impression se ressent plus cruellement dans le Quatuor de Fauré, qui demande passion, engagement, et incandescence. Esthétiquement réussie, la cohésion, la justesse, les sonorités sont belles, cette version, cependant, ne va pas au-delà du «prêt à être écouté»; la musique passe à travers les interprètes sans leur laisser de stigmates et l’auditeur, charmé au départ, se retrouve frustré.
Christian Lorandin
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