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03/11/2016
Johann Sebastian Bach: Concerto pour violon et hautbois, BWV 1060R – Cantate «Ich steh’ mit einem Fuss im Grabe», BWV 156: Sinfonia – Concerto pour violon n° 2, BWV 1042 – Sonate pour violon seul n° 2, BWV 1003 – Matthäus-Passion, BWV 244: «Ebarme dich, mein Gott»
Carl Philipp Emmanuel Bach : Sonate en trio, Wq. 143, H. 567
Lisa Batiashvili (violon), Emmanuel Pahud (flûte), François Leleux (hautbois), Sébastian Klinger (violoncelle), Peter Kofler (clavecin), Kammerorchester des Symphonieorchesters des Bayerischen Rundfunks, Radoslaw Szulc (direction)
Enregistré à Munich (décembre 2013 et janvier 2014) – 69’19
Deutsche Grammophon 00289 479 2479 (distribué par Universal) – Notice (en français, anglais et allemand) de Philipp Eckart (avec de très jolies photos de Lisa Batiashvili)
 Must de ConcertoNet
A l’occasion d’un article publié dans la revue The Strad en juillet 2015, Lisa Batiashvili confie que, non seulement il n’y a pas qu’une seule manière de bien interpréter Bach, mais qu’également la fréquentation de ce musicien implique de constantes recherches et remises en questions sur les plans acoustiques et techniques. Et de conclure par une jolie formule: «Bach est un chemin éternel.» Pour ce premier enregistrement consacré au Cantor de Leipzig, Lisa Batiashvili place la barre très haut.
Ici, tout est pur, la sonorité est ronde, les phrasés amples et expressifs, on est emporté par une logique du discours qui est l’évidence même, un style impeccable et d’une grande élégance, bien éloignés des surcharges ornementales, de l’hystérie agressive ou des non-sens musicaux de phrasés ou de tempi parfois justifiés sous couvert de «baroque attitude».
Pièce maîtresse de cet enregistrement, la Deuxième Sonate (en la mineur) est très représentative de l’art de Lisa Batiashvili. Dans un respect scrupuleux du texte d’origine, tout en l’imprimant d’une interprétation très personnelle, la violoniste fait le choix de chanter. Le Grave initial se déploie dans tout sa noblesse triste, sans la moindre dureté dans les accords, enveloppés, avec une légère anticipation, fruit d’une grande réflexion sur la technique d’archet. Avec une grande clarté dans les plans et les nuances, extrêmement lisible, la Fugue se déroule avec une magnifique assise rythmique et dans la continuité harmonique. Peut-être un peu lent, l’Andante, très recueilli, prend des allures de douce confession, impression très réussie d’un duo instrumental parfaitement équilibré et l’Allegro final, aux effets d’écho si bien soulignés et dans lequel on perçoit une grande maîtrise de la répartition et de la vitesse d’archet, brille avec énergie, en toute pureté.
On goûtera avec bonheur la version pour hautbois et violon du Double Concerto BWV 1060. Longtemps connue sous la forme d’un concerto pour deux clavecins, puis deux violons, jusqu’à l’hypothèse du physicien allemand Woldemar Voigt, auteur d’études sur Bach, montrant que la partition pourrait avoir été écrite pour hautbois et violon, cette œuvre rayonne ici de tout son charme. Le couple François Leleux/Lisa Batiashvili et leurs compères impriment à cette page une gaité contagieuse, légère, contrastée par l’émotion pudique de l’Adagio si réussi. De même, on adhère totalement à l’approche élégante et souple, ondoyante et dansante du Concerto pour violon BWV 1042.
Cet enregistrement propose également quelques petites raretés; occasion pour la violoniste de nous émouvoir dans la fervente Sinfonia extraite de la Cantate BWV 156, transposée du hautbois au violon et pour François Leleux, déclamant avec toute l’intensité dramatique de la voix de contralto une magnifique transcription pour hautbois de l’aria «Erbarme dich, mein Gott» extraite de la Passion selon saint Matthieu.
Avec le même talent, Lisa Batiashvili montre ses qualités concertantes dans la Sonate en trio Wq 143 de Carl Philipp Emmanuel Bach, entourée de musiciens aussi éminents et complices que le flûtiste Emmanuel Pahud et le violoncelliste Sebastian Klinger.
Christian Lorandin
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