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02/25/2016 Igor Stravinsky : Le Roi des étoiles – Le Sacre du Printemps Men’s chorus of the New England Conservatory, Lorna Cooke deVaron (chef de chœur), Boston Symphony Orchestra, Michael Tilson Thomas (direction)
Enregistré au Symphony Hall de Boston ( janvier 1972), remasterisé à Baarn, Pays-Bas (juin 2015) – 39’41
SACD Hybrid Multichannel Pentatone Music PTC 5186 225 – Notice en allemand et anglais
Cette série de disques Pentatone a pour but de mettre à disposition des enregistrements réalisés en quadriphonie dans les années 1970-1980 (voir par ailleurs ici, ici et ici). On trouve d’ailleurs dans le livret de ce disque la couverture originale de l’enregistrement publié à l’époque par Deutsche Grammophon.
Le Roi des étoiles est une œuvre dédiée à Claude Debussy, composée en 1911 et 1912, mais qui ne fut créée qu’en 1939 à Bruxelles. Ecrite pour quatre voix d’hommes, même si le très court passage choral introductif en requiert six, et un très grand orchestre, avec notamment huit cors, Debussy disait à son propos: «C’est probablement l’harmonie des sphères éternelles dont parlait Platon». Igor Stravinsky se souviendra de cette pièce lors de l’écriture de la Symphonie de Psaumes et des Requiem Canticles.
Musique brève et contrastée, utilisant des harmonies et des rythmes juxtaposés, elle est ici magnifiquement rendue par la direction précise et flamboyante de Michael Tilson Thomas, qui rapproche cette œuvre de ses origines, à savoir la musique religieuse orthodoxe. Le chœur, manifestement plus nombreux que demandé par le compositeur, qui tablait sur vingt-quatre chanteurs, se tire plus que bien d’un exercice difficile dans des tessitures souvent tendues. La prise de son très réverbérée sert bien cette lecture intense et émouvante, ce qui donne au total un très beau moment de musique. Tout amateur de Stravinsky voudra comparer cette lecture avec la hiératique version enregistrée en 2002 par Pierre Boulez à Cleveland (Deutsche Grammophon) et avec celle enregistrée à Berlin en 1985 par Riccardo Chailly (Decca), plus proche d’esprit de la version de Michael Tilson Thomas, mais handicapée par un chœur insuffisamment fourni.
Le Sacre du printemps qui figure ici est magistralement interprété par des musiciens de haut niveau. Les tempi sont raisonnables, tout, ou presque, y est audible, la transparence des textures et la lisibilité générale comme intrinsèque étant parfaites. Tous les solistes, notamment les instruments à vent, livrent une interprétation spectaculaire. Toutefois, il manque probablement à cette lecture le feu et la passion. La grande réverbération, qui était un avantage dans Le Roi des étoiles, devient ici presque gênante. Mais c’est tout de même un Sacre du printemps plus que parfait d’un point de vue orchestral, ce qui est déjà beaucoup.
Si le minutage très chiche de cet enregistrement et la prise de son très réverbérée ne vous effraient pas, n’hésitez donc pas... surtout pour ce fascinant et très réussi Roi des étoiles.
Gilles Lesur
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