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02/04/2016
«Great Britain»
Peter Maxwell Davies : Corpus Christi with Cat and Mouse [1]
James MacMillan : Alleluia [2]
Jonathan Harvey : How could the soul not take flight [1]
John Tavener : Schuon Hymnen [2]
Benjamin Britten : Sacred and Profane, opus 91 [1]

SWR Vokalensemble Stuttgart, Marcus Creed (direction)
Enregistré au SWR Funkstudio [1] et à la Christuskirche Gänsheide [2], Stuttgart (mai 2014) – 76’40
SWRmusic 93.342 – Notice et textes en anglais et en allemand


Must de ConcertoNet





Marcus Creed, grand chef de chœur britannique habitué aux chœurs allemands – il fut longtemps directeur du Chœur de chambre de la RIAS – offre ici un enregistrement de musique britannique réalisé avec l’Ensemble vocal de la SWR de Stuttgart, un ensemble professionnel allemand qu’il dirige depuis 2003. Il s’agit du quatrième opus de cette série d’enregistrements dédiés par ces interprètes à un pays, après l’Amérique, la Russie et l’Italie avant ceux consacrés à Alfred Schnittke, Heitor Villa-Lobos, Paul Hindemith, Charles Ives et Olivier Messiaen. Même si le thème unificateur de cet enregistrement est la Grande-Bretagne, il est composé de pièces très différentes.


La première, à l’étonnant titre Corpus Christi with Cat and Mouse, est une pièce créée en 1993, durant presque 20 minutes et utilisant plusieurs langues (vieil anglais, latin, français) comme le principe du leitmotiv (sur les mots «Lully», «lulley»). La réalisation chorale est exceptionnelle en termes de justesse bien entendu mais aussi de richesse harmonique de la polyphonie et de passage de relais entre les différents pupitres. Les courtes et rares interventions solistes sont parfaitement conduites. Changeante et non dénuée d’humour, cette pièce se termine de manière très séduisante et surprenante...


L’Alleluia de MacMillan est une pièce à treize voix composée pour les 80 ans du chef d’orchestre et de chœur Helmut Rilling. D’abord sans paroles, elle évoque par moment l’Adagio de Barber, cite ensuite Bach, utilise surtout les voix graves puis d’étonnantes ondulations. Ici aussi la toute fin de l’œuvre, après un impressionnant maelström vocal, s’évapore dans un apaisement qui vient sonner comme en écho du début de la pièce. La réalisation vocale et musicale est tout aussi magistrale.


La troisième pièce, How could the soul not take flight de Jonathan Harvey, qui date de 1996, est fondée sur un poème persan de Dschala ad-Din ar-Rumi. Débutant par d’étonnants bruits de bouche et diverses onomatopées, utilisant ensuite le parlando et à la toute fin les percussions (gong et cloches), elle se développe en une sorte de chaos vocal dont la précision de la réalisation impressionne.


Les Schuon Hymnen de John Taverner datent de 2004. Composés par un croyant passé du catholicisme à la religion orthodoxe, ils apparaissent comme presque classiques avec leur entêtant refrain «Mit der Sonne nur bekleidet» et leur début permettant d’entendre des harmonies traditionnelles. Il n’empêche, la suite de la pièce contient de belles surprises harmoniques et déborde d’une inventivité chorale parfaitement soulignée par la réalisation vocale.


Malgré ces pièces modernes et puissantes, l’œuvre de Britten Sacred and Profane, composée un an avant sa disparition, qui termine ce magnifique disque, semble elle aussi d’une belle modernité et d’une constante richesse d’inspiration. Utilisant des poèmes médiévaux, pas toujours à thématique religieuse (d’où le nom du recueil), ces pièces brèves et toniques permettent d’entendre l’essence de l’œuvre choral a cappella de Britten. On y trouve notamment quelques glissandi, des syncopes tant reconnaissables et quelques thèmes folkloriques si chers au compositeur. Ici encore la réalisation chorale est tout simplement exceptionnelle d’intonation, de précision et de polyphonie.


On l’aura compris ce disque est un petit bijou d’art choral. Non seulement son programme est intelligent, l’interprétation chorale se situe au plus haut niveau mais il permet aussi de découvrir des œuvres récentes de toute beauté qui renouvellent le répertoire pour chœur a cappella et le mettent en résonnance avec le grand Benjamin Britten. Que demander de plus?


Gilles Lesur

 

 

 

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