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01/20/2016
Franz Liszt : Vater unser – Pater noster en fa – Qui seminant in lacrimis – Ave Maria en la – Ave maris stella – Salve Regina – Mariengarten «Quadri cedrus» – Ave verum corpus – Die Seligpreisungen – Der 137 Psalm «An den Wassern zu Babylon»
Katja Pieweck (soprano), Felix Heuser (baryton), Florin Paul (violon), Birgit Bachhuber (harpe), Sebastian Borleis, Nikolaj Budzyn (orgue), Kammerchor I vocalisti, Hans-Joachim Lustig (direction)
Enregistré en l’église St. Gorgonius, Niedernstöcken (janvier 2015) – 56’38
Carus 83.465 – Livret en anglais/allemand


 Sélectionné par la rédaction





Après un premier album consacré à Gounod en 2005, un deuxième dédié en 2011 à des pièces chorales rares du XXe et du XXIe siècle, le troisième enregistrement du chœur de chambre I vocalisti, basé à Lübeck, est consacré à la musique chorale religieuse de Franz Liszt. Publié par Carus, il réunit l’essentiel de la musique chorale sacrée de Liszt, un compositeur plus connu pour ses œuvres pour piano et ses poèmes symphoniques.


Cet album est un petit bijou pour ceux qui s’intéressent à l’art choral. Ce répertoire rarement enregistré est ici servi par des interprètes de haut niveau. Même si quelques tutti sonnent parfois écrasés et quelques aigus un peu raides, l’ensemble de la prestation chorale fait honneur à la tradition chorale allemande. Pureté de l’intonation, nuances, homogénéité du son, clarté polyphonique et évidente écoute mutuelle témoignent d’un travail de haut niveau. Les deux et très différents Notre Père qui débutent cet enregistrement ravissent par leur réalisation à la fois précise et habitée. Les nuances très travaillées témoignent d’un vrai travail de fond et les quelques surprises harmoniques que contiennent ces pièces rappellent le novateur que fut Liszt dans ce domaine comme dans d’autres. Le Qui seminant in lacrimis, une œuvre de la maturité, est une étonnante musique qui fait penser au Wagner du troisième acte de Parsifal. Les deux hymnes à Marie sont les pièces plus célèbres, notamment le premier de cet enregistrement, Ave maris stella. Le court Salve Regina, seule pièce a cappella de ce programme, fut composé un an avant la mort de Liszt et fait preuve d’une belle originalité avec ses descentes et montées réservées aux voix graves. Elle utilise d’étonnantes harmonies très en avance sur son temps qui font même parfois penser à Francis Poulenc. Le Mariengarten, sans voix de basses, est magnifiquement conduit dans une savante progression harmonique et chorale. Le superbe Ave verum corpus, tout de désolation et de plainte et qui n’est pas sans rappeler celui de Mozart, est lui aussi parfaitement maîtrisé avec de belles nuances. Les deux dernières pièces, plus longues, sont en allemand. Les Béatitudes comprend un solo de baryton et le Psaume 137 est écrit pour violon, voix de femmes, harpe et orgue. Ce dernier, sans doute plus intéressant, permet d’entendre la belle et riche voix de Katja Pieweck, dont le timbre cuivré séduit. La toute fin de la pièce est particulièrement réussie avec ses «Amen» répétés, presque écho prémonitoire de ceux de Britten.


La seule réserve concernant cet enregistrement tient au choix de l’orgue, à la puissance souvent exagérée par rapport au volume du chœur, et dont la sonorité ne se fond pas avec les voix. Ce point, somme toute mineur, ne doit pas faire perdre de vue que cet enregistrement permet de découvrir dans une belle réalisation musicale une face mal connue et passionnante de l’œuvre de Liszt. Elle rappelle aussi qu’un ensemble choral composé de chanteurs non professionnels peut se hisser au même niveau d’excellence que les ensembles professionnels. Un rappel pas inutile dans notre pays, où l’on a trop tendance à mettre ces différents ensembles en concurrence alors qu’ils sont complémentaires.


Gilles Lesur

 

 

 

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