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01/08/2016 Mieczyslaw Weinberg : Die Passagierin, opus 97 Michelle Breedt (Lisa), Roberto Saccà (Walter), Elena Kelessidi (Martha), Artur Rucinski (Tadeusz), Svetlana Doneva (Katja), Angelica Voje (Krzystina), Liuba Sokolova (Bronka), Prazský Filharmonický Sbor, Lukas Vasilek (chef des chœurs), Wiener Symphoniker, Theodor Currentzis (direction musicale), David Pountney (mise en scène), Johan Engels (décors), Marie-Jeanne Lecca (costumes), Fabrice Kebour (lumières)
Enregistré en public au Festival de Bregenz (août 2010) – 161’ (+ bonus 21’)
Arthaus Musik DVD 109079 (ou Blu-ray 109080) – Son PCM Stereo, DD 5.0 – Format 16:9 – Region Code 0
Must de ConcertoNet
Quinze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Lisa, une bourgeoise chic, embarque pour le Brésil à bord d’un paquebot avec son mari, Walter, diplomate allemand. Elle croit reconnaître, parmi les passagers, une ancienne détenue d’Auschwitz, Martha, qu’elle pensait morte au camp. Bouleversée, submergée par le doute – s’agit-il vraiment de Martha ? – et le remords, elle replonge dans son passé, le mari découvrant que sa femme, durant la guerre, fut une surveillante machiavélique de ce camp. Sur un livret d’Alexander Medvedev inspiré d’une nouvelle de Zofia Posmysz, rescapée du génocide, Mieczyslaw Weinberg (1919-1996), qui a perdu presque toute sa famille à Auschwitz, a achevé en 1968 une œuvre d’un impact immédiat. La création scénique n’a seulement eu lieu qu’en 2010 au Festival de Bregenz, l’opéra ayant toutefois été exécuté en version de concert à Moscou en 1996 – Chostakovitch, très enthousiaste, avait parlé à son sujet de chef-d’œuvre.
Arthaus Musik réédite ce beau et grand spectacle publié il y a quelques années par Neos et remonté récemment à Houston et New York. L’originalité de cette histoire prenante réside dans le traitement particulier de ce sujet sensible, l’histoire se déroulant, dans un continuel va-et-vient, sur deux niveaux et à deux époques, le splendide dispositif étant parfaitement conçu comme tel : le pont du navire dans la partie supérieure, au début des années soixante, le camp dans la partie inférieure, durant l’Holocauste. La mise en scène magistrale de David Pountney plonge le spectateur dans l’enfer concentrationnaire avec réalisme.
De toute beauté, la musique de Weinberg repose sur un langage âpre, sobre mais d’une grande force de persuasion, qui emprunte aux chansons folkloriques et au jazz et évoque même, sans chercher à les imiter, Britten et Chostakovitch. L’excellence de l’exécution musicale place ce DVD parmi les références indispensables de la discographie, déjà riche, du compositeur : distribution formidable d’engagement et de crédibilité, dominée par la Lisa de Michelle Breedt et la Martha d’Elena Kelessidi, direction rigoureuse et évocatrice du très engagé et talentueux Theodor Currentzis à la tête d’un Orchestre symphonique de Vienne impeccable. Preuve de son succès, le premier opéra de Weinberg a bénéficié tout récemment de nouvelles mises en scène à Karlsruhe (Holger Müller-Brandes) et Francfort (Anselm Weber).
Sébastien Foucart
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