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01/03/2016
Béla Bartók : Contrastes, sz. 111 (*) – Sonate pour deux pianos et percussions, sz. 110 (#)
György Ligeti : Concerto pour piano et orchestre – Concerto pour violoncelle et orchestre – Concerto pour violon et orchestre

Jérôme Comte (clarinette), Jeanne-Marie Conquer, Diego Tosi (*) (violon), Pierre Strauch (violoncelle), Hidéki Nagano, Dimitri Vassilakis (#), Sébastien Vichard (* #) (piano), Gilles Durot, Samuel Favre (percussion), Ensemble intercontemporain, Matthias Pintscher (direction)
Enregistré à la Cité de la Musique, Philharmonie de Paris (juin et novembre 2014) – 108’42
Album de deux disques Alpha 217 (distribué par Outhere)– Excellente notice trilingue


 Sélectionné par la rédaction





Vingt ans après l’enregistrement pionner dirigé par Pierre Boulez (DG), l’Ensemble intercontemporain remet les Concertos de Ligeti sur le métier. Un jalon discographique significatif à l’heure où ces trois chefs-d’œuvre font figure de «classiques» de la musique contemporaine et où Matthias Pintscher fête ses deux ans en qualité de directeur musical.


Il n’est pas aisé de succéder à Pierre-Laurent Aimard: pianiste attitré du compositeur et dédicataire de plusieurs Etudes, l’ex-membre de l’Ensemble grava le Concerto pour piano par deux fois (la seconde chez Teldec dans le cadre du «Ligeti Project»). Hidéki Nagano apparaît prima facie plus appliqué, mais c’est pour mieux faire ressortir ici les différentes couches rythmiques (I), ailleurs la mélodie enchâssée dans un buisson de notes (III). Sa vision ne tarde pas à s’imposer par sa technique sûre alliant précision et cantabile quand il le faut. Pintscher offre bien plus qu’un simple accompagnement grâce à la cohésion des différents pupitres que sa battue chaloupée prémunit contre toute raideur. On est sensible à l’apogée expressionniste du Lento deserto, au côté danse de saint Guy du final où Ligeti se plaît à dérégler le mécanisme d’horlogerie minutieusement élaboré.


Pierre Strauch prend quant à lui le relais des mains de Jean-Guihen Queyras: au violoncelle racé du second répond le jeu volontairement abrasif du premier, replaçant l’œuvre dans la période «radicale» (milieu des années 1960) qui l’a vu naître, même si l’inventive cadence témoigne du commerce soutenu qu’il entretient avec elle.


Jeanne-Marie Conquer offre une superbe interprétation de l’ultime Concerto pour violon. Cette artiste au tempérament plutôt flegmatique lorsqu’elle joue en groupe se jette ici à corps perdu dans les cinq mouvements qui sollicitent une incroyable variété de registres, des relents nostalgiques de l’Aria où chantent les harmonies graves du souvenir aux polyrythmies complexes de l’Appassionato en passant par le vertigineux Intermezzo central. Là aussi, la dimension «concerto de chambre» prévaut tant l’entente avec ses partenaires favorise la clarté du lacis polyphonique comme la fluidité des dialogues.


Trois remarquables versions à marquer d’une pierre blanche.


On n’en dira pas autant du disque consacré à Bartók: l’approche ludique et décomplexée de la musique de Ligeti fait place à une lecture inhibée, voire franchement scolaire. Va encore pour les Contrastes, où la clarinette volubile de Jérôme Comte compense le manque de tempérament tour à tour jazzy et tzigane que le trio Argerich-Collins-Juillet (EMI, en public) excelle à faire ressortir. Mais la Sonate pour deux pianos et percussion déçoit franchement malgré une mise en place (trop?) impeccable et une prise de son dont l’acuité donne à entendre l’extraordinaire alchimie des timbres réalisée par les percussions. Côté pianos, on cherche encore le caractère percussif, la variété des accents, l’éventail des sonorités, l’énergie brute prête à surgir... autant dire l’essentiel.


A classer à «Ligeti».


Jérémie Bigorie

 

 

 

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