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12/16/2015 Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 2 en ré majeur, opus 36, et n° 7 en la majeur, opus 92 Wiener Philharmoniker, Karl Böhm (direction)
Enregistré en public au Grosses Festspielhaus, Salzbourg (17 août 1980) – 79’58
Orfeo C 910 151 B – Notice (en allemand et en anglais) de Gottfried Kraus
Richard Strauss : Don Quixotte, opus 35 – Also sprach Zarathustra, opus 30
Rudolf Streng (alto) et Pierre Fournier (violoncelle), Wiener Philharmoniker, Herbert von Karajan (direction)
Enregistré en public au Grosses Festspielhaus, Salzbourg (30 août 1964) – 79’58
Orfeo C 909 151 B – Notice (en allemand et en anglais) d’Oswald Panagl
Outre l’Ouverture de Coriolan et quelques rares concertos pour piano, Karl Böhm (1894-1981) a très régulièrement dirigé les Symphonies de Beethoven au festival de Salzbourg, dont il a été un des artistes tutélaires. Quatorze concerts ont ainsi permis au public d’entendre le grand chef autrichien diriger deux fois la Deuxième Symphonie (11 août 1968 et dans le cadre du présent disque), une fois la Troisième (22 août 1973), quatre fois la Quatrième (17 août 1954, 31 juillet 1955, 17 août 1969 et 22 août 1973), une fois la Cinquième (17 août 1975, lors d’un concert où fut également donnée la Sixième, qu’il ne dirigea par ailleurs qu’une autre fois, le 23 août 1970), cinq fois la Septième (25 août 1957, 2 août 1960, 20 août 1964, 30 août 1972 et 17 août 1980, seconde partie du présent concert) et, enfin, deux fois la Neuvième (17 août 1943 et 24 août 1965). Autre fidélité, en plus de celle qui liait Böhm à Beethoven, l’orchestre: hormis la Deuxième donnée en 1968 à la tête du Philharmonique de Berlin, toutes les autres symphonies ont été jouées par les Wiener Philharmoniker.
On connaît l’interprétation des Symphonies de Beethoven par Böhm, notamment des deux présentées lors de ce concert qui ont par ailleurs donné lieu à diverses parutions, qu’il s’agisse des concerts des 7 et 8 décembre 1978 pour la Deuxième et du 3 mai 1973 pour la Septième, deux magnifique gravures à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise (Audite 23.404), en studio dans le cadre de l’intégrale réalisée avec le Philharmonique de Vienne (Deutsche Grammophon) et de nouveau en concert avec les Wiener Philharmoniker le 6 octobre 1980 dans le cadre de la dernière venue du maestro au Japon avant sa disparition (Altus). En dépit de toute l’admiration que l’on peut éprouver à son égard, force est de constater que le présent concert ne restera pas dans les annales en raison d’une lenteur rédhibitoire, notamment dans la Deuxième Symphonie (les deuxième et troisième mouvements en particulier), et d’une prise de son moyenne, qui ne rend pas pleinement justice aux timbres de l’orchestre. Le premier mouvement est en revanche assez prenant grâce à un pupitre de basses exceptionnel (à partir de 8’): seule consolation au regard d’une interprétation poussive où même l’Allegro molto conclusif manque d’élan. La Septième laisse également une impression mitigée. On ne peut certes rester insensible aux pupitres d’altos et de violoncelles dans l’Allegretto (leur entrée à 1’05), ni à la majesté des cuivres dans le dernier mouvement mais là encore, quelle lenteur! Le premier mouvement en devient presque caricatural avec un Poco sostenuto trop retenu et un Vivace qui ne cesse de s’enliser. Un concert à réserver donc aux seuls admirateurs de Böhm qui, une fois encore, devraient largement lui préférer les concerts bavarois ou le studio viennois.
Autre concert, toujours à Salzbourg, mais dirigé cette fois-ci par Herbert von Karajan (1908-1989) et dédié entièrement à Richard Strauss lors d’un festival qui célébrait le centenaire de sa naissance. On connaît les affinités de Karajan avec la musique de Strauss. Dès l’édition 1948, le chef autrichien dirigeait les Métamorphoses, qu’il reprenait avec Berlin le 27 août 1981. Outre Une vie de héros (7 août 1960 et 27 août 1974, par deux fois avec le Philharmonique de Berlin), il dirigea également au festival de Salzbourg Ainsi parlait Zarathoustra (12 août 1970, dans un concert publié chez Testament, où était également jouée la Symphonie concertante K. 297 b de Mozart, et 27 août 1979) et la Symphonie alpestre lors d’un unique concert donné le 28 août 1982. Quant à Don Quichotte, Karajan le dirigea également le 27 août 1975, avec Mstislav Rostropovitch et Ulrich Koch comme solistes. Ici, outre Rudolf Streng (altiste solo des Wiener Philharmoniker), c’est Pierre Fournier qui officie au violoncelle, partenaire privilégié d’un des plus grands disques Strauss de Karajan enregistré à la fin de l’année 1965 pour les micros de Deutsche Grammophon. Or, on ne retrouve pas totalement ici la complicité, ni l’éloquence qui, avec une dose d’humour qui ne gommait en rien l’esprit chevaleresque, unissait le chef et le soliste. S’il arrive que Fournier et Streng fassent parfois preuve d’espièglerie, le discours demeure trop sérieux (la Variation III). En revanche, la luxuriance orchestrale est impressionnante, notamment dans les Variations VII et X, cette dernière instaurant un climat idéal pour la transition avec la dernière partie du poème symphonique, le violoncelle de Fournier se teintant pour l’occasion de douces couleurs crépusculaires. Dans Ainsi parlait Zarathoustra, le Philharmonique de Vienne est incandescent de bout en bout, faisant preuve de toute la virtuosité requise en même temps qu’il joue l’œuvre avec une grande clarté. Les basses ronflent dans «De la science», les bois et les cordes étincellent dans «Le Convalescent» mais c’est sans doute dans «Le Chant de la danse» (excellent violon solo vraisemblablement tenu pour l’occasion par Willi Boskovsky) que l’orchestre s’avère le plus séduisant. Sans rejoindre les versions gravées en studio tant avec Vienne qu’avec Berlin, voici donc un très bon cru qui ravira les amateurs d’archives.
Sébastien Gauthier
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