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12/15/2015 Jean Sibelius : Symphonie n° 2 en ré majeur, opus 43 – Lemminkäinen palaa kotitienoille, opus 22 n° 4 Jean Sibelius : Symphonie n° 2 en ré majeur, opus 43 – Lemminkäinen palaa kotitienoille, opus 22 n° 4
Orchestre national de Bordeaux-Aquitaine, Paul Daniel (direction), Hans Hulscher (réalisation)
Enregistré en public à l’Auditorium de Bordeaux (16 et 17 avril 2015) – 51’54
Livre-disque ONBA Live-Musicales Actes Sud ISBN 314-9-02807-012-5 (distribué par Harmonia mundi) – Notice (en français) de Robert Pierron
Jean Sibelius : Symphonies n° 2 en ré majeur, opus 43, et n° 7 en ut majeur, opus 105
BBC National Orchestra of Wales, Thomas Søndergård (direction), Hans Hulscher (réalisation)
Enregistré au BBC Hoddinott Hall de Cardiff (26-28 mars 2014) – 62’
Linn CKD 462 – Notice (en anglais) d’Andrew Achenbach
«De toutes les grandes œuvres du répertoire, aucune n’est mieux calculée pour enflammer un auditoire» écrivit Walter Legge – cité par Marc Vignal dans sa somme consacrée au compositeur (Fayard, page 335) – au lendemain d’une audition de la Deuxième Symphonie (1902) de Jean Sibelius (1865-1957). Et c’est peut-être pour cette raison que la discographie de cette symphonie au style presque romantique est riche de multiples références, de l’historique Kajanus à la tête du de l’Orchestre philharmonique royal (enregistrement réalisé au Central Hall à la fin du mois de mai 1930) à Sir Simon Rattle dans le cadre d’une toute récente intégrale gravée à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin sous le propre label de l’orchestre.
La première version donnée ici est jouée par un orchestre français: sauf erreur et au fil de recherches pourtant nombreuses, il semblerait que ce soit le premier enregistrement par une phalange hexagonale de ce chef-d’œuvre! A l’issue de cette écoute, force est de constater que l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine s’en sort plus qu’avec les honneurs, témoignant à la fois de sa bonne forme et de l’alchimie qui semble exister entre lui et son actuel directeur musical, l’excellent Paul Daniel (né en 1958). Même s’il manque légèrement de tension et que les notes sont un peu trop piquées, le premier mouvement Allegretto est de très belle facture, permettant aux bois – très bons comme toujours au sein de cette phalange – de conférer aux phrases de magnifiques couleurs automnales. Ce sont ces mêmes couleurs que l’on retrouve avec plaisir dans le deuxième mouvement (en particulier à partir de 12’), les cordes de l’orchestre étant cette fois-ci pleinement à l’honneur grâce à un sens du legato extrêmement bien conduit. C’est donc d’autant plus dommage que ce deuxième mouvement ne soit pas aussi torturé, aussi contrasté qu’on pourrait le souhaiter. Après un troisième mouvement doté d’une belle énergie, Daniel engage l’orchestre dans ce vaste quatrième mouvement qui finit en apothéose, dans cette «atmosphère rédemptrice» (Vignal, op. cit., page 334) si grisante pour l’auditeur. Même si certains chefs ont davantage su magnifier cette onde qui semble s’amplifier sans cesse (on pense à Karajan, Bernstein ou Barbirolli, pour n’en citer que trois parmi les plus convaincants), Daniel conduit l’ensemble avec une belle maîtrise qui force le respect et se voit logiquement salué par les applaudissements d’un public enthousiaste. Le complément, Le Retour de Lemminkäinen (1896-1900), également capté en concert dans l’acoustique idéale de l’Auditorium de Bordeaux, est superbe de bout en bout. Faisant parfaitement ressortir les couleurs mordorées de l’œuvre, le chef anglais nous fait entendre une douce rêverie aux timbres subtils, servis par un orchestre délicat de bout en bout: une bien belle réussite. Saluons par ailleurs la réalisation soignée de ce livre-disque qui, succédant à un premier volume consacré à la Cinquième Symphonie de Mahler, témoigne de la bonne forme d’un de nos meilleurs orchestres nationaux.
Dans sa version à la tête de l’Orchestre national gallois de la BBC, Thomas Søndergård (né en 1969) adopte pour sa part un discours beaucoup plus habité mais aussi plus artificiel. Les effets sont nombreux, notamment dans le premier mouvement (ralentis puis soudaines accélérations, variations de nuances...) qui nuisent à la progression «naturelle» de cet Allegretto initial. Le deuxième mouvement est sans aucun doute le mieux réussi, bénéficiant d’un orchestre aux cordes voluptueuses et aux vents étincelants. En revanche, le discours devient beaucoup plus banal par la suite et culmine dans un Finale. Allegro moderato trop volontairement spectaculaire, où l’on aurait au contraire aimé davantage de réserve dans un premier temps avant que, à partir du moment où débute la coda conclusive, le caractère inexorable de la fin ne l’emporte. Cette impression d’interprétation assez lisse est encore plus prégnante dans la Septième Symphonie (1924) qui, bien que conduite avec soin par le chef danois, ne se révèle pas suffisamment emportée, les accents résolument modernistes de cette œuvre étant presque gommés par une ligne générale certes claire mais trop étale (la transition entre le tutti de cuivres et l’entrée des bois vers 5’20). Là encore, on en restera aux nombreuses versions qui existent de cette œuvre et qui, contrairement au présent enregistrement, nous touchent et nous émeuvent.
Le site de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine
Le site de l’Orchestre national gallois de la BBC
Sébastien Gauthier
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