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11/28/2015 Gioachino Rossini : Il signor Bruschino Carlo Lepore (Gaudenzio), Maria Aleida (Sofia), Roberto de Candia (Bruschino père), Francisco Brito (Bruschino fils, un policier), David Alegret (Florville), Andrea Vincenzo Bonsignore (Filiberto), Chiara Amarù (Marianna), Carmen Santoro (piano), Orchestra Sinfonica Gioachino Rossini, Daniele Rustioni (direction musicale), Teatro Sotterraneo (mise en scène), Accademia di Belle Arti di Urbino (scénographie et costumes), Roberto Cafaggini (lumières), Tiziano Mancini (réalisation)
Enregistré au Festival Rossini de Pesaro (août 2012) – 95’ (+ 19’ bonus making off)
Opus Arte Blu-ray OA BD7124D (ou DVD OA 1109D) – Sous-titres en allemand, anglais, coréen, français et japonais – Notice en allemand, anglais et français
Alors qu’on pensait partir à l’assaut d’un continent entièrement vierge, la surprise ne manque jamais son effet dès lors que l’on découvre une œuvre familière à l’oreille. Ainsi du neuvième opéra de Rossini, Il signor Bruschino, dont l’Ouverture fait partie de ces pépites orchestrales régulièrement présente parmi les compilations gravées par les plus grands chefs, de Toscanini à Reiner – pour ne parler que des plus anciens. D’emblée, cette œuvre de jeunesse en un acte embrase l’orchestre savoureux de Rossini, résonnant de ces coups d’archet sur les pupitres. Une nouveauté qui aura fait scandale à la création en 1813, avant de contribuer à la notoriété de cette œuvre délicieuse, l’un des joyaux aussi bref – une heure et demie de musique – qu’irrésistible du cygne de Pesaro.
Il faut dire que cette production élaborée par le festival de Pesaro bénéficie de la présence de Daniele Rustioni, jeune chef italien parmi les plus prometteurs. Découvert par le public de l’Opéra de Lyon avec Simon Boccanegra de Verdi en 2014, c’est dans cette même capitale des Gaules que Rustioni succèdera à Kazushi Ono dès 2017. On comprend pourquoi à l’écoute de ce DVD: sa direction aux attaques sèches allie geste sûr et allant en électrisant la rythmique rossinienne comme jamais, tout en privilégiant un admirable sens de la vie théâtrale.
Le plateau vocal réuni à ses côtés frise la perfection, se révélant d’une étonnante homogénéité à ce niveau. Très applaudi, Carlo Lepore impose un Gaudenzio incarné, à la voix bien projetée. Parmi les temps fort de cette production, on notera le superbe trio qu’il partage avec Francisco Brito (Bruschino fils) et David Alegret (Florville) – tous deux magnifiques de timbre et de musicalité. Egalement très à son aise, Maria Aleida donne à sa Sofia des nuances irrésistibles dans les pianissimi, mais également au niveau des périlleuses vocalises. Assurément une chanteuse à suivre.
On sera plus réservé en revanche concernant la mise en scène élaborée par le Teatro Sotterraneo, collectif d’artistes nouvellement à l’œuvre dans une mise en scène d’opéra. Plutôt amusante, leur idée de départ consiste à placer l’action de l’opéra en un parc à thème dédié à Rossini, permettant ainsi quelques blagues décalées, jouant notamment sur les anachronismes. Cette mise en abyme permet d’animer quelque peu le plateau, une initiative louable compte tenu de la minceur de l’argument, mais le résultat global peine à convaincre au-delà de quelques gags plus ou moins réussis. Il faudra donc se concentrer sur le chef et ses interprètes pour savourer cette production aux qualités essentiellement vocales et musicales.
Florent Coudeyrat
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