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11/01/2015
Georg Friedrich Händel : La Resurrezione, HWV 47: «Disserratevi, o porte d’Averno» – Rodrigo, HWV 5: «Per dar pregio all’amor mio» – Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, HWV 46a: «Lascia la spina», «Un pensiero», «Come nembo che fugge col vento», Récit «Pure del cielo intelligenze eterne...» & «Tu del Ciel ministro eletto» – Dixit Dominus, HWV 232: «Tecum principium» – Agrippina, HWV 6: Ouverture & «Pensieri, voi mi tormentate» – Apollo e Dafne, HWV 122: «Felicissima quest’alma» – Salve Regina HWV 241
Julia Lezhneva (soprano), Dmitry Sinkovsky (violon solo), Il Giardino Armonico, Giovanni Antonini (direction)
Enregistré au musée du violon Antonio Stradivarius de Crémone (2-4 et 6-10 janvier 2015) – 69’50
Decca 478 6766 (distribué par Universal) – Notice trilingue (anglais, français et allemand) de George Loomis


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Avouons-le d’emblée: l’écoute de ce récital consacré à Georg Friedrich Händel (1685-1759) ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices... Une couverture de disque assez neutre voire un peu ridicule avec ce fond de roses diaphanes, un programme manquant a priori de cohérence puisqu’alliant extraits d’opéras ou d’oratorios et pièces sacrées, un récital (un de plus, pourrait-on dire) consacré à l’un des compositeurs les plus fêtés au disque qui soient: bref, qu’allait-on entendre là? Et puis, dès les premières notes tant de l’orchestre que de la jeune chanteuse, tous nos doutes s’évanouirent car voilà un disque qu’il faut bien qualifier de remarquable de bout en bout.


On avait déjà eu l’occasion de souligner sa technique et sa musicalité dans le répertoire baroque à l’occasion de la parution, sous la direction de Fabio Biondi, de l’opéra pasticcio de Vivaldi L’oracolo in Messenia: force est de constater que Julia Lezhneva est bien une technicienne hors pair! Comment ne pas être soufflé par l’agilité et la facilité de sa voix dans les deux extraits de Il Trionfo del Tempo e del Disinganno (1707) que sont «Un pensiero» et «Come nembo»? Tout n’est que fluidité sans que jamais l’aridité technique ne transparaisse: du grand art. Mais Julia Lezhneva sait également chanter dans la mesure où elle est capable d’instiller toutes les nuances voulues à tel ou tel extrait, de la plus grande douceur (le «Ad te clamamus» du Salve Regina où l’intimité éclate aux oreilles de l’auditeur, le discours bénéficiant au surplus d’un remarquable sens de la respiration) et du chant le plus bouleversant qui soit. A ce titre, on ne peut que conseiller d’aller écouter directement l’air «Tu del Ciel ministro eletto» (encore un extrait de Il Trionfo del Tempo e del Disinganno): là aussi, difficile de résister... On écoutera également l’air poignant «Lascia la spina» qui sera peu ou prou repris dans le célébrissime «Lascia ch’io pianga mia cruda sorte» chanté au deuxième acte de Rinaldo (1711) par Almirène, nouvel exemple de toute la suavité dont la jeune chanteuse est ici capable.


Mais il faut dire que ses mérites sont également dus à un accompagnement idéal sous la baguette, la double baguette pourrait-on même écrire, de Giovanni Antonini et Dmitry Sinkovsky, toujours virtuose lorsqu’il intervient comme violon solo. Dès le premier extrait, Il Giardino Armonico multiplie les couleurs et les dynamiques, trouvant parfois dans les partitions haendéliennes des arêtes tranchantes comme seul Vivaldi en était alors capable (l’Ouverture ou l’air «Pensieri» tirés d’Agrippine). Outre les interventions solistes de premier ordre (Sinkovsky dans l’air «Per dar pregio» tiré de Rodrigo ou Antonini à la flûte dans l’air extrait d’Apollo e Dafne), c’est tout l’orchestre qui doit ici être acclamé, également capable dans «Un pensiero» d’une finesse digne de quelque espuma musical.


La symbiose qui existe à chaque instant entre la chanteuse et l’orchestre tient enfin au fait que, pour diverses qu’elles soient, toutes ces musiques trouvent une même source d’inspiration: le séjour que Händel fit en Italie entre 1706 et 1709. Qu’il s’agisse en effet du Dixit Dominus, d’Il Trionfo del Tempo e del Disinganno, d’Apollo e Dafne ou de Rodrigo, toutes ces œuvres datent de 1707, époque où il travaillait autant pour les cardinaux Ottoboni ou Pamphili que pour le lettré marquis Ruspoli. Quant à La Resurrezione ou Agrippina qui datent respectivement de 1708 et 1709, ce sont deux chefs-d’œuvre qui trouvent leurs racines dans cette musique italienne que Händel apprécia autant, en ayant notamment travaillé avec Corelli, un géant musical en Europe. Nos préventions initiales sur la composition de ce récital, bâti avec intelligence, peuvent donc tomber sans aucune réticence.


Après avoir écouté ce disque, on a le sentiment d’éprouver la même sensation que lorsqu’on avait entendu pour la première fois – voilà presque vingt ans... – l’«Album Vivaldi» de Cecilia Bartoli (déjà accompagnée par Il Giardino Armonico): la découverte d’une chanteuse dans un répertoire où elle est en passe de devenir l’une des plus grandes. Nul doute que Julia Lezhneva peut relever ce défi, si tant est que ce ne soit déjà fait. Un très grand disque.


Le site de Julia Lezhneva
Le site d’Il Giardino Armonico


Sébastien Gauthier

 

 

 

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