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09/10/2015
«Dō. Pathways»
Bright Sheng : The Stream Flows, pour violon seul
Arvo Pärt : Fratres, pour violon et piano
Alfred Schnittke : A Paganini, pour violon seul
Lera Auerbach : Lonely Suite, pour violon seul, opus 70
Sofia Goubaïdoulina : Der Seiltänzer, pour violon et piano

Zhi-Jong Wang (violon), Yashuangzi Xie (piano)
Enregistré au Gewandhaus de Leipzig (19-20 juillet 2014) – 59’39
GENUIN Classics GEN 15339 – Notice -en allemand et en anglais) de Tilmann Böttcher





Frappée par les déplacements des musiciens professionnels, toujours en mouvement, et par l’interaction entre les cultures qui en résulte à des degrés très différents, Zhi-Jong Wang, ayant elle-même cultivé des liens forts avec l’Europe, s’en est inspirée pour le programme de son récital, «Pathways» («Chemins»), réunissant quatre compositeurs de l’ère soviétique qui se sont expatriés et son compatriote Bright Sheng, installé aux Etats-Unis depuis 1982. Zhi-Jong Wang et Yashuanzi Xie ont toutes deux entrepris leurs études au Conservatoire de Shanghai avant de les poursuivre en Allemagne et, ensemble ou en soliste (violon), elles interprètent avec soin et raffinement une pièce de chacun des cinq compositeurs élus, qui souligne la fusion des influences.


Le choix d’œuvres est assez original, la seule vraiment très connue étant la deuxième (1980) des nombreuses versions de Fratres créées pour diverses formations par Arvo Pärt (né en 1935) lui-même entre 1977 et 2003. Le violon, virtuose, assume la voix «tintinnabulante», le piano le centre mélodique dans une interprétation respectueuse du ton mystique, quasi exalté, de cette partition statique et pourtant constamment variée.


Alfred Schnittke (1934-1998) et Sofia Goubaïdoulina (née en 1931), profondément russes, ont quitté leur pays pour s’installer à Hambourg en 1990 et 1992 respectivement. Les pièces qui les représentent paraissent d’une exécution redoutable. Goubaïdoulina propose une exploration sonore de possibilités instrumentales encore inouïes pour son mimodrame sans visuel des tentatives d’un funambule dansant en situation précaire sur sa corde aux vibrations élastiques augmentées d’émoi. Le Funambule (1993-1995) exige de la violoniste des techniques avancées parfois ardues et de la pianiste une grande mobilité entre un clavier tenuto et les cordes de son instrument sur lesquelles elle intervient à l’aide d’un gobelet de verre pour produire des résonances aux grondements sismiques. Les deux instrumentistes en assurent avec adresse toute la cohérence. Composé en 1982 à l’occasion du bicentenaire du célèbre violoniste, A Paganini de Schnittke déroule une suite d’acrobaties diaboliques pour violon seul sans cesse entre consonance et dissonance et émaillée de bribes fragmentaires tirées de certains Caprices. Brillant, lyrique ou incisif, c’est un tour de force plein d’esprit, une belle œuvre expressive, tourmentée, anachronique, peut-être, mais non sans une urgence intime. Wang y est impressionnante.


The Stream Flows (1990) de Bright Sheng (né en 1955), fusionne subtilement les genres, les sensibilités, les modes et les rythmes principalement d’Orient, les techniques d’écriture plutôt d’enseignement occidental. C’est un air populaire chinois qui sous-tend le premier mouvement, mélodique, touchant et fragile, une danse rustique en demi-teinte le plus vif second, son énergie et son esprit aventureux permettant à Wang de la haute voltige avant la conclusion mélancolique qui fait appel à son affectivité. Un comparable sentiment d’éloignement nostalgique parcourt les six volets de la brève Suite solitaire (2002) de Lera Auerbach (née en 1973) qui semble exprimer les affres et les efforts d’une personne esseulée qui tente de surmonter une solitude qui l’interroge. Le titre de chaque volet et les effets instrumentaux mis en œuvre par la compositrice russo-américaine se prêtent à cette interprétation et l’expressivité de Wang en crée les climats, de la légèreté pizzicato de la danse décalée initiale à la résignation lyrique de l’interrogation finale. «No Escape», le troisième volet à la fois le plus développé et le plus incisif, évoque les modulations infinies d’un Pärt. Auerbach, toute jeune était parmi les derniers à passer à l’Ouest en 1991.


Les pièces ont en commun une esthétique évocatrice qui se situe aux confins du tonal, du modal jusqu’à l’atonal et qui invite une certaine audace instrumentale. Intéressant par l’originalité de son programme et par une interprétation éloquente, le récital mérite l’attention soutenue des mélomanes.


Le site de Zhi-Jong Wang


Christine Labroche

 

 

 

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