Back
09/04/2015 Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 2 en ré majeur, opus 36, et n° 8 en fa majeur, opus 93 Orchestre Révolutionnaire et Romantique, John Eliot Gardiner (direction)
Enregistré en public au Cadogan Hall, Londres (30 novembre 2013) – 55’58
Soli Deo Gloria SDG 721 – Notice (en anglais, allemand et français) de Stephen Johnson et de Robin Michael
Sélectionné par la rédaction
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 9 en ré mineur, opus 125
Rebecca Nash (soprano), Wilke te Brummelstroete (mezzo-soprano), Marcel Beekman (ténor), Michael Tews (basse), Laurens Collegium & Laurens Cantori Rotterdam, Wiecher Mandemaker (chef de chœur), Orchestre du XVIIIe siècle, Frans Brüggen (direction)
Enregistré en public au Palais des concerts De Doelen, Rotterdam (octobre 2011) – 65’06
Glossa GCDC 81120
Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 1 en ut majeur, opus 21 [1], n° 2 en ré majeur, opus 36 [2], n° 3 «Héroïque» en mi bémol majeur, opus 55 [3], et n° 4 en si bémol majeur, opus 60 [4] – Les Créatures de Prométhée, opus 43: Ouverture [5] – Ouverture «Coriolan», opus 62 [6]
Tafelmusik Baroque Orchestra, Bruno Weil (direction)
Enregistré en public au Koerner Hall - TELUS Centre for Performance and Learning, Conservatoire royal de musique de Toronto (24-27 mai 2012 [3], 30 mai-2 juin [4, 6] et 19-22 septembre [1, 2, 5] 2013) – 150’54
Album de deux disques Tafelmusik TMK 1023CD2
Même si le fait d’entendre interprétées sur instruments d’époque les Symphonies de Ludwig van Beethoven (1770-1827) ne constitue plus vraiment une découverte – que d’enregistrements depuis, pour prendre deux références assez incontestables, les intégrales signées Harnoncourt et Gardiner! –, c’est toujours un plaisir que d’écouter de nouveaux disques qui, comme c’est le cas ici, peuvent susciter un enthousiasme extraordinaire.
Car, comment éprouver un autre sentiment à l’écoute de ce concert signé John Eliot Gardiner (né en 1943) à la tête de son Orchestre Révolutionnaire et Romantique? Captée dans une prise de son de premier ordre, les timbres de l’orchestre étant rendus dans une clarté extrêmement agréable à écouter, cette représentation se caractérise par une énergie de tous les instants (le premier mouvement de la Deuxième Symphonie, notamment la fin à partir de 10’10, ou la course poursuite entre pupitres dans le quatrième mouvement!) qui, servie par des solistes en état de grâce (les bois, les cors dans le premier mouvement à 7’04), emporte tout sur son passage. Même si certains accents auraient pu être moins secs (dans le premier mouvement à partir de 1’15 peut-être), la Huitième est également extraordinaire: quelle frénésie dans le premier mouvement! Quelle vie dans le deuxième (parfois abordé par certains chefs de façon si ennuyeuse), où brillent des vents (les cors et les clarinettes dans la section centrale), conduits d’une main de maître par Gardiner qui sait, lui, ce qu’est un crescendo et ce qu’il convient de faire lors des transitions! Si le dernier mouvement connaît quelques bizarreries sonores au début, la fougue qui en émane achève de nous convaincre: ce disque est superbe et, même au sein d’une discographie évidemment sans limite, celui-ci mérite l’acquisition.
Dans la Neuvième Symphonie, Frans Brüggen (1934-2014) pouvait réaliser un grand disque. Et c’est d’ailleurs ce que l’on se dit en entendant l’Allegro ma non troppo, un poco maestoso initial. L’orchestre, que l’on pourrait ne pas croire composé d’instruments anciens compte tenu de son ampleur, de ses timbres, du legato souhaité par le chef, est excellent. Conduit, cela se sent à chaque instant, par une main ferme et un esprit tout aussi déterminé, l’Orchestre du XVIIIe siècle impressionne et ce ne sont pas quelques options «baroquisantes» (les attaques saccadées de la clarinette à 2’08, le martellement très dur des timbales à 8’) qui feront pencher la balance de l’autre côté. Si le deuxième mouvement confirme cette bonne impression (les timbales à 3’39, la dynamique générale), cela commence à se gâter avec un Adagio molto e cantabile dénué de toute poésie, pris trop rapidement, le chef ne prenant pas son temps pour laisser l’orchestre (là encore, excellente petite harmonie et très bons cors) s’épanouir comme on le souhaiterait. Quant au dernier mouvement, la déception est aussi forte que l’attente était grande au début de la symphonie. Les options sont parfois à la limite de la caricature (dès la partie orchestrale du Presto), les tempi étant là aussi trop rapides. De leur côté, les voix ne rattrapent pas grand-chose: même si les solistes féminines sont correctes, le quatuor est handicapé par une basse qui ânonne sa partie et surtout par un ténor à la voix nasillarde et à la péroraison totalement hors de propos. Ce dernier mouvement constitue sans nul doute la partie la plus décevante de ce disque qui, même si l’on admire Brüggen, ne mérite guère de retenir l’attention.
A la tête de l’Orchestre baroque Tafelmusik, dont le violon solo n’est autre que celui de Jeanne Lamon, Bruno Weil (né en 1949) s’avère globalement convaincant. Même si – et les plus grands ont amplement démontré que les symphonies mineures peuvent être magnifiquement interprétées par des orchestres aux effectifs imposants (voir ici) –, force est de constater qu’elles réussissent particulièrement bien aux ensembles baroques. Et ce ne sont pas ces Première et Deuxième Symphonies (dans une moindre mesure la Quatrième) qui diront le contraire. Même si certains passages ne bénéficient pas toujours de belles couleurs (le hautbois dans le premier mouvement de la Première), si d’autres sont un tantinet trop précipités (l’Andante de cette même symphonie, le dernier mouvement de la Deuxième) ou si certains passages souffrent d’une légère raideur (le Menuetto de la Première), l’interprétation de Tafelmusik se caractérise par une fraîcheur réjouissante. Weil ne sacrifie pas trop aux détails et conduit chaque symphonie avec une maîtrise incontestable. Légère déception en revanche pour l’«Héroïque», qui ne respire pas assez, l’allure étant généralement assez rapide pour chacun des quatre mouvements. Pour autant, quels cors dans le troisième mouvement (à 2’43) et quel élan dans certains tutti, comme celui qui suit le solo de flûte dans le Finale! Si l’Ouverture des Créatures de Prométhée est belle, bénéficiant de très beaux contrastes de nuances, celle de Coriolan s’avère beaucoup trop légère et ne recèle pas assez de noirceur: pour cette dernière œuvre, on en restera sans hésiter aux versions classiques avec grand orchestre.
Le site du Chœur Monteverdi, de l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique, et de John Eliot Gardiner
Le site de Wilke te Brummelstroete
Le site de Marcel Beekman
Le site de Michael Tews
Le site de l’Orchestre du XVIIIe siècle
Le site du Chœur Laurens Collegium & Laurens Cantori Rotterdam
Le site de Bruno Weil
Le site de l’Orchestre baroque Tafelmusik
Sébastien Gauthier
|