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08/16/2015
«Suonata à Solo facto per Monsieur Pisendel del Vivaldi»
Antonio Vivaldi : Sonates en sol majeur, RV 25 [1], en ut mineur RV 6 [2], en fa majeur, RV 19 [3], en ut majeur, RV 2 [3], et en la majeur, RV 29 [4]

Baltic Baroque: Maria Krestinskaya [1], Nazar Kozhukhar [2], Andrei Reshetin [3], Evgeny Sviridov [4] (violon), Sofia Maltizova (violoncelle), Imbi Tarum (clavecin)
Enregistré en l’église Saint Michael de Tallinn (2011 [2]) et en l’église Saint Jacob de Viimsi (2012) – 62’52
Estonian Record Productions ERP 6312 – Notice (en estonien, anglais et russe) de Anna Bulõtseva





«Sonate a violino ed altri strumenti...»
Giovanni Battista Fontana : Sonate settima, ottava & undecima a due violini col basso – Sonate 2, 4, 5 & 6 a violino solo e basso – Sonate 1 & 3 a flauto solo col basso

Ensemble Stradivaria
Enregistré en la chapelle de l’Immaculée, Nantes (29 novembre-2 décembre 2011) – 51’
Mirare MIR 214 – Notice (en français et en anglais) de Daniel Cuiller





Giovanni Battista Reali : Capriccio Primo – Folia, opus 1
Arcangelo Corelli : Sonates opus 2 n° 4, opus 3 n° 2, n° 5 et n° 8 & opus 4 n° 2, n° 3 et n° 10

Ensemble Stravaganza
Enregistré en l’Eglise haute de Saint-Michel de l’Observatoire (avril 2012) – 61’12
Aparté AP 073 – Notice (en français et anglais) de Domitille Gilon et Thomas Soltani


Must de ConcertoNet





Arcangelo Corelli : Sonate en ré majeur pour violon et basse continue, opus 5 n° 1
Georg Philipp Telemann : Tafelmusik: Sonate en la majeur pour violon et basse continue, TWV 41:A4
Jean-Marie Leclair : Sonate en mi mineur pour violon et basse continue, opus 9 n° 6
Georg Friedrich Händel : Sonate en ré majeur pour violon et basse continue HWV 371
Giovanni Henrico Albicastro : Sonate «La Follia» en sol mineur, opus 5 n° 6

Johannes Pramsohler (violon), Philippe Grisvard (clavecin)
Enregistré au studio Stolberger de Cologne (15-17 février 2013) – 65’22
Audax Records ADX 13700 (distribué par Socadisc) – Notice (en allemand, anglais, français et italien) de Reinhard Goebel





«A violino solo»
Johann Joseph Vilsmayr : Artificiosus Concentus pro Camera: Partita n° 5
Georg Philipp Telemann : Fantaisies, TWV 40:23, TWV 40:25, TWV 40:15 et TWV 40:17
Johann Paul von Westhoff : Suite n° 5
Thomas Baltzar Praeludium en do mineur – Allemande en sol mineur
Johann Sebastian Bach : Partita n° 2, BWV 1004
Heinrich Ignaz Franz Biber : Rosenkrantz Sonaten: Passacaille

Thibault Noally (violon)
Enregistré en l’église Saint-Rémi de Franc-Warêt, Belgique (juin 2013) – 79’19
Aparté AP 068 – Notice bilingue (français et anglais) de Gilles Cantagrel


Must de ConcertoNet





A travers ces cinq disques, on effectue un très beau voyage au cœur de la musique instrumentale baroque dédiée à l’instrument roi de l’époque, le violon. Qu’il s’agisse des facteurs d’instruments (Andrea Amati, Gasparo da Salò en attendant les célèbres Guarnerius et surtout Stradivarius) ou des compositeurs (Corelli, Locatelli, Tartini, Leclair, Vivaldi...), le violon aura sans conteste été au centre de la vie musicale des XVIIe et XVIIIe siècles. C’est également à cette époque qu’apparaissent les grands virtuoses du violon comme Biaggio Marini, Paolo Quagliati, Tarquinio Merula ou Domenico Brasolin, autant de maîtres dont on a aujourd’hui bien souvent oublié les noms. C’est en hommage à tous ces artistes passés que l’on peut donc écouter ces disques, fort différents tant dans leur approche de l’art violonistique que dans leur réussite musicale.


Commençons peut-être par le plus connu en la personne de Vivaldi, dont les affinités avec le violon ne sont plus à démontrer... Outre des centaines de concertos, le Prêtre roux a également composé plusieurs sonates pour le violon dont un certain nombre, comme certains de ses concertos d’ailleurs, ont été dédiées à son compatriote allemand Johann Georg Pisendel (1687-1755) qu’il a connu à Venise en 1716. Les cinq sonates présentées ici sont interprétées avec conviction par l’ensemble estonien Baltic Baroque, chacune d’entre elles permettant d’entendre un soliste différent, à l’exception d’Andrei Reshetin qui en joue deux. Globalement, le résultat est convaincant, chaque violoniste alliant à la fois technicité (le Mouvement VI de la Sonate RV 19) et musicalité (le Mouvement VII de la Sonate RV 25), dans une prise de son correcte bien que privilégiant parfois de façon quelque peu étrange la basse continue. Pour autant, on ne suivra pas les musiciens lorsqu’ils adoptent un jeu qui, en trop d’occasions, apparaît surfait et, de fait, proche de l’affectation (le Mouvement IV de la Sonate RV 6). De même, si les intentions sont bonnes, la justesse et les glissandi de mauvais goût ne peuvent être approuvés dans la pourtant si belle Sonate RV 19 (Mouvement V). L’amateur continuera donc de se tourner vers la splendide version signée Annette Unger (Genuin), où l’esprit vivaldien sonne comme jamais.


Dans sa somme Les violonistes et la musique de violon du XVIe au XVIIIe siècle, où l’amateur trouve quantité d’informations, le critique musical Arthur Pougin (1834-1921) cite la note de l’éditeur qui préfaça en 1641 un recueil de sonates de Giambattista Fontana et qui qualifia alors ce dernier d’«un des plus singuliers virtuoses dans l’art de jouer du violon qu’on ait connu à son âge» (page 51). Avec ce disque dédié à Giambattista (ou Giovanni Battista) Fontana (1571-1630), Daniel Cuiller et ses amis de l’ensemble Stradivaria rendent un juste hommage à un compositeur qui, l’écoute de ce disque le prouve amplement, ne manquait pas de talent. Ayant choisi avec soin leurs options interprétatives (Daniel Cuiller les détaillant dans la très bonne notice accompagnant le disque), les musiciens de l’ensemble Stradivaria débutent par une excellente sonate où les deux violons discourent avec beaucoup d’entrain, précédant une autre sonate (la Sonata 4 a violino solo e basso) où, tout à coup, le clavecin devient soliste, le violon attendant sagement de reprendre la main. Si le violon est évidemment l’instrument le mieux servi par ce disque, on y entend également deux sonates destinées à la flûte à bec – excellente Marie-Noëlle Visse Schwertz – qui, en fin de compte, suscitent un intérêt supérieur.


Parmi les compositeurs ayant choisi le violon comme instrument de prédilection, Arcangelo Corelli (1653-1713) ne peut être passé sous silence. Auteur de concertos fort célèbres, il laisse également derrière lui une production non négligeable de sonates au sein de laquelle l’ensemble Stravaganza a choisi le matériau de ce disque: l’interprétation est enthousiasmante et révèle pleinement à l’auditeur les traits caractéristiques des œuvres de Corelli, cette fraîcheur dans les mouvements rapides, ces accents toujours légèrement teintés de mélancolie dans la basse continue, des mouvements lents où domine une impression de repos et de douce quiétude... Les mouvements rapides, où brillent les deux violonistes Domitille Gilon (cofondatrice de l’ensemble Stravaganza avec le claveciniste Thomas Soltani) et Rie Kimura, sont un enchantement constant grâce non seulement aux échanges et à la complicité palpable entre les solistes – l’Allegro conclusif de la Sonate opus 3 n° 8 ou l’Andante inaugural de la Sonate opus 3 n° 5! – mais aussi à la participation d’une basse continue qui ne s’en laisse pas compter et qui ne joue guère le rôle de faire-valoir. On est immédiatement entraîné dans ces mouvements aux tonalités et aux tempi si contrastés, quand par exemple la fin de l’Allemanda de la Sonate opus 2 n° 4 tout en brièveté précède un Grave qui, lui, cherche bien au contraire à prendre son temps: le contraste est saisissant. Pour compléter ce disque, deux œuvres d’un certain Giovanni Battista Reali (1681-1751): si le Capriccio Primo ne manque pas d’intérêt (notamment son premier mouvement aux accents proprement vivaldiens), c’est surtout vers ses variations sur le fameux thème de la Folia qu’il faut se précipiter. On en ressort totalement ébouriffé, à l’image de ce disque exemplaire!


Johannes Pramsohler est aujourd’hui une figure importante du violon baroque; accompagné ici par le jeune claveciniste français Philippe Grisvard (tous deux sont d’ailleurs nés en 1980), il brosse une très belle anthologie de la musique que le «baroque tardif» (1700-1750) a pu offrir au violon. Même si ce disque ne commence pas forcément sous les meilleurs auspices – pourquoi accentuer ainsi, avec des sonorités assez laides d’ailleurs, le début du deuxième mouvement de la sonate de Corelli alors que la suite est aussi dansante et chantante? –, le reste est excellent. La sonate de Telemann coule comme de l’eau claire (le Vivace notamment) tandis que la sonate de Jean-Marie Leclair rappelle à qui l’aurait oublié le grand maître du violon qu’il fut durant la première moitié du XVIIIe siècle. Si l’on est pleinement séduit par l’Allegro conclusif de la sonate de Händel, ce sont là aussi les variations sur le thème de La Follia (avec deux l cette fois-ci), composées par un certain Giovanni Henrico Albicastro (ca. 1660-après 1730), qui nous emportent, couronnant le très beau duo formé par ces jeunes musiciens, qui signent là un disque sans conteste de très belle tenue.


Profitons vite du violoniste Thibault Noally (né en 1982)! Car celui qui est depuis 2006 le violon solo de l’Orchestre des Musiciens du Louvre – Grenoble ne cesse aujourd’hui de développer une carrière de chef d’orchestre qui l’a notamment conduit à diriger, le 24 juillet dernier, au festival de Beaune et en première mondiale qui plus est, l’oratorio Il Trionfo della Divina Giustizia de Porpora avec notamment Delphine Galou et Emmanuelle de Negri. Ce disque, qui rend hommage aussi bien à des compositeurs du baroque médian (1650-1700) que tardif (1700-1750), est une splendeur de bout en bout. Comment peut-on être passé si longtemps à côté de Johann Joseph Vilsmayr, se dit-on après avoir écouté sa Partita n° 5, huit mouvements d’une incroyable beauté et d’une diversité sans limite qui, dès la première note, évoquent irrésistiblement Bach mais avec une dimension «moderne» – les à-coups de la dernière partie (Retirada. Allegro) – qu’on ne trouve pas chez le grand Johann Sebastian (très belle version d’ailleurs de la Deuxième Partita conclue par la célébrissime Chaconne)? Les différentes fantaisies de Telemann trouvent en Noally un interprète hors pair, capable par exemple dans la Fantaisie TWV 40:23 de suspendre les notes avec une finesse admirable avant de reprendre avec encore plus de volontarisme le phrasé de la mélodie. Westhoff et Baltzar voient leurs œuvres magnifiées par un violon (un Gennaro Vinaccia de 1719) capable de passer toutes les audaces en même temps que de transmettre toutes les émotions. Et ce n’est pas cette Passacaille conclusive, tirée des Sonates du Rosaire de Biber, qui démentira l’impression générale de ce disque servi au surplus par une prise de son exemplaire: un bijou à écouter sans attendre.


Le site de l’ensemble Stravaganza
Le site de l’ensemble Stradivaria
Le site de Johannes Pramsohler
Le site de Philippe Grisvard


Sébastien Gauthier

 

 

 

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