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08/15/2015
Antonín Dvorák : Requiem, opus 89, B. 165
Ilse Eerens (soprano), Bernarda Fink (alto), Maximilian Schmitt (ténor), Nathan Berg (basse)
Collegium Vocale Gent, deFilharmonie, Philippe Herreweghe (direction)
Enregistré au Campus des arts international deSingel d’Anvers (28-30 avril 2014) – 93’22
Coffret de deux disques PHI LPH 016 (distribué par Outhere) – Notice (en anglais, français, allemand et hollandais) de Tom Janssens et traduction des textes chantés


Must de ConcertoNet




A la fin du mois d’avril 2012, Philippe Herreweghe enregistrait une version superlative du Stabat Mater de Dvořak, auquel ConcertoNet avait attribué avec enthousiasme un Must. Deux ans presque jour pour jour, le chef flamand revient au compositeur tchèque en enregistrant cette fois-ci le Requiem; et à l’issue de cette écoute, on n’hésitera pas une seconde à couronner de nouveau ce disque qui, dans une optique quelque peu différente par rapport à d’autres gravures existantes, confirme les affinités de Herreweghe avec l’œuvre sacrée du célèbre compositeur tchèque.


«Optique quelque peu différente» écrivons-nous, car le discours de Herreweghe est intensément religieux et, de fait, ne revêt aucun caractère spectaculaire comme le sont par exemple Karel Ancerl (son immense version du Requiem enregistrée début février 1959 étant disponible aussi bien chez Deutsche Grammophon que chez Supraphon dans la collection «Karel Ancerl Gold Edition») ou, plus récemment, Mariss Jansons (dans une très opulente captation en concert avec les forces du Concertgebouw d’Amsterdam publiée chez RCO Live). A l’image de ce qu’on l’a entendu faire dans le Stabat Mater de Dvorák ou chez d’autres compositeurs (Brahms notamment), Herreweghe cultive avant tout l’intériorité. Ainsi, dans le Requiem aeternam, les cordes sont presque «parsifaliennes» par leurs nuances et leur finesse, après une lente et sublime émergence des bois à 1’34. Même si elle n’a pas la notoriété de la Philharmonie tchèque ou de l’Orchestre symphonique de Londres (ce dernier brillant dans une version enthousiasmante dirigée chez Decca par István Kertész), la Philharmonie royale de Flandre est excellente de bout en bout: que ce soit dans les ensembles (les dernières minutes du Tuba mirum, où l’auditeur est emporté dans un véritable tourbillon sonore agrémenté même de cloches, la réjouissance de l’orchestre à la fin du Hostias) ou dans les interventions solistes (la clarinette basse au début du Quid sum miser ou le léger martellement des timbales à la fin de cette même séquence, le violon solo et le cor anglais dans le Recordare), c’est un orchestre de tout premier ordre qui joue, servi au surplus par une très grande clarté dans les timbres, que restitue parfaitement une prise de son exemplaire. Même si l’on pourrait parfois souhaiter davantage d’emportement (le Dies irae est ici relativement sage alors qu’il explose au contraire chez Ancerl grâce notamment à des trompettes, certes parfois à la limite de la justesse, qui annoncent avec fracas le Jugement dernier), le résultat est on ne peut plus convaincant.


Côté voix, on salue une fois encore, mais comment ne pas le faire peut-être encore plus ici que dans d’autres disques, le Collegium vocale de Gand: irréprochable, le chœur sert toujours la partition de façon idéale – quelle intervention dans le Lacrimosa! –, rappelant même dans certaines couleurs le Requiem de Verdi (le Recordare). Pour ce qui est des quatre solistes, ceux-ci ont un rôle difficile à assumer dans cette œuvre puisque leur chant relève tantôt de la pièce religieuse au sens strict, tantôt presque de l’opéra. Ainsi, comment là aussi ne pas penser à Verdi (le Requiem, voire Don Carlos) lorsque soprano et alto mêlent leurs voix dans le Quid sum miser ou lorsque le quatuor de solistes intervient dans le Recordare? La soprano Ilse Eerens nous convainc davantage que la pourtant angélique Maria Stader chez Ancerl dont l’entrée, dans le Graduale est à notre sens un peu trop abrupte alors que, chez Herreweghe, elle se fond beaucoup mieux dans le climat précédemment instillé. Dans l’Agnus Dei, elle est même bouleversante, dominant cette dernière séquence d’une large tête par rapport à ses partenaires. La très professionnelle Bernarda Fink est également ici à son meilleur, notamment dans le Tuba mirum. En ce qui concerne les voix masculines, avouons-le, Ernst Haefliger garde notre préférence chez Ancerl – n’oublions pas non plus la performance de Klaus Florian Vogt chez Jansons (le meilleur des quatre chanteurs alors réunis dans cette version brillante réalisée en concert mais parfois hors de propos tant elle s’avère riche et parfois compacte). Si Maximilian Schmitt est très bon, il s’avère donc moins théâtral que Haefliger, certes plus conforme en cela à la vision souhaitée par Philippe Herreweghe, la basse Nathan Berg intervenant pour sa part avec une présence qui force le respect.


Qui souhaite davantage de chair et de sang en restera sans doute à la version Ancerl (s’il fallait ne prendre qu’une alternative à la présente gravure); en revanche, ceux qui préfèrent une version plus intimiste du Requiem n’hésiteront pas un seul instant à acquérir ce coffret qui mérite d’être largement couronné.


Le site d’Ilse Eerens
Le site de Maximilian Schmitt
Le site de Nathan Berg
Le site du Collegium vocale de Gand
Le site de la Philharmonie royale de Flandre


Sébastien Gauthier

 

 

 

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