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08/15/2015
Jacques Offenbach : Les Contes d’Hoffmann
Eric Cutler (Hoffmann), Anne Sofie von Otter (La Muse, Nicklausse), Vito Priante (Lindorf, Coppélius, Dr. Miracle, Dapertutto), Christoph Homberger (Andrès, Cochenille, Frantz, Pitichinaccio), Ana Durlovski (Olympia), Measha Brueggergosman (Antonia, Giulietta), Altea Garrido (Stella), Lani Poulson (La mère d’Antonia), Jean-Philippe Lafont (Maître Luther, Crespel), Gerardo López (Nathanaël), Graham Valentine (Spalanzani), Tomeu Bibiloni (Hermann), Isaac Galán (Schlemil), Coro titular del Teatro Real (Coro Intermezzo), Andrés Máspero (chef de chœur), Orquesta titular del Teatro Real (Orquesta sinfónica de Madrid), Sylvain Cambreling (direction musicale), Christoph Marthaler (mise en scène), Anna Viebrock (décors et costumes), Olaf Winter (lumières), Altea Garrido (chorégraphie)
Enregistré en public au Teatro Real, Madrid (mai 2014) – 193’
Bel Air Classiques DVD BAC 124 (ou Blu-ray BAC 424) (distribué par Harmonia mundi) – Format 16/9/NTSC – Son Dolby Digital 2.0/Dolby Digital 5.1/PCM 2.0/DTS HD Master Audio – Region Code: 0 – Livret en français, anglais et espagnol – Sous-titres en français, anglais, allemand et espagnol





Dernier projet pour le Teatro Real de Madrid de Gerard Mortier avant sa disparition, ces Contes d’Hoffmann confiés à Christoph Marthaler ne laisseront personne indifférent. Le projet est commun à Marthaler et Sylvain Cambreling, un familier de l’opéra d’Offenbach, qui ont élaboré leur version à partir de la version Oser et d’acquisitions récentes.


Concernant l’élaboration de cette version créée à Madrid en 2014, on note surtout que l’acte vénitien est très trafiqué et celui d’Antonia comporte tellement d’additions qu’il en devient interminable. L’ensemble du spectacle, qui ne dure pas loin de trois heures et quart, est beaucoup trop long. On n’a pas hésité à ajouter à l’épilogue la lecture d’un assez long poème extrait d’Ultimátum de Alvaro de Campos de Fernando Pessoa.


L’option de Marthaler, comme de Cambreling, est de s’éloigner à tout prix du fantastique pour une vision plus objective, plus froide, cruelle même et très théâtrale des Contes. L’action se déroule dans un décor unique, tour à tour atelier d’artiste, laboratoire, asile, espace à tout faire qui lasserait vite l’œil s’il n’était pas occupé par une mise en scène de chaque seconde avec la minutie et aussi la propension au délire que l’on connaît bien au metteur en scène suisse. Le décor très d’Anna Viebrock s’inspire d’un lieu de Madrid que Gerard Mortier aimait à fréquenter, le Cercle des Beaux-Arts Casa Europa d’Antonio Placios (1926). Nicklausse, interprété non sans excès par Anne Sofie von Otter, mais avec une parfaite diction en même temps qu’une voix qui a perdu pas mal de ses moyens, est le pivot très désabusé de ces cinq longs tableaux.


Si l’on entre dans cette vision radicale d’où est banni tout ce qui fait le charme des Contes d’Hoffmann, son romantisme échevelé et son fantastique, le spectacle est très prenant, les acteurs étant plutôt bien dirigés compte tenu de leurs handicaps de chanteurs lyriques et de leurs habitudes acquises. On retrouve dans des rôles secondaires certains habitués de Marthaler, notamment Christophe Homberger pour qui on a dû faire quelques petits aménagements dans la partition. L’Hoffmann du ténor américain Eric Cutler, un habitué du répertoire italien, est touchant, avec un timbre clair et des moyens limités mais qu’il ne force jamais. Vito Priante peine un peu à rendre crédible les quatre rôles «noirs» pour lesquels une voix plus sombre et plus de personnalité sont de mise. Dans les rôles silhouettes, on distingue Isaac Galán, fort bon Schlemil, et Lani Poulson, très touchante dans la mère d’Antonia. Des trois héroïnes, seule Ana Durlovski (Olympia) a les moyens du rôle et la prononciation convenable. Measha Brueggergosman cumule Antonia, dont elle n’a pas le lyrisme, et Giulietta, dont elle se tire mieux, mais de justesse.


Une belle soirée de théâtre par un Marthaler pour une fois pas iconoclaste, en phase avec la direction souvent un peu trop clinique de Sylvain Cambreling.


Olivier Brunel

 

 

 

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