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08/13/2015
Gustav Mahler : Symphonie n° 5 – Kindertotenlieder
Brigitte Fassbaender (mezzo-soprano), NDR Sinfonieorchester, Klaus Tennstedt (direction)
Enregistré en public à la Laeiszhalle, Hambourg (19 mai 1980) et à la Kieler Schloss (11 novembre 1980) – 99’44
Double album Profil Hänssler PH13058 – Notice de présentation en allemand et anglais





Gustav Mahler : Symphonie n° 5
WDR Sinfonieorchester Köln, Jukka-Pekka Saraste (direction)
Enregistré à Cologne (2013) – 70’12
Profil Hänssler PH14045 – Notice de présentation en allemand et anglais





Gustav Mahler : Symphonie n° 5
Orchestre national Bordeaux Aquitaine, Paul Daniel (direction)
Enregistré à l’Auditorium de Bordeaux (9-10 octobre 2014) – 68’38
ONBA Live Musicales Actes Sud – Livre en français






Mieux vaut ne pas compter les enregistrements de la Cinquième Symphonie (1902) de Gustav Mahler (1860-1911) avant d’aborder ces trois disques qui en livrent trois visions différentes.


Dans les archives de la radio allemande, Hänssler a été dénicher une Cinquième brûlante et libre, dirigée par Klaus Tennstedt (1926-1998) à Hambourg en 1980. Certes, ce live ne va pas sans approximations et écarts de justesse (parfois grossiers). Mais l’on retrouve avec émotion le geste tranchant et juste de l’éminent mahlérien, dont on a désormais aisément accès aux enregistrements officiels chez EMI (lire ici). La première partie de la symphonie crache du feu et du soufre, mais dégage aussi une légèreté très appréciable dans la «Marche funèbre». Le deuxième mouvement se pare plus nettement de noir et de morbidité, même si les tempos un peu traînants et quelques incidents créent de menues chutes de tension.


Sommet de cette interprétation, le troisième mouvement ne ressemble à aucun autre, la gestion personnelle des tempos parvenant à se conjuguer toujours avec le respect de l’esprit de la partition. Ainsi, sans se presser mais sans temps morts non plus, le voyage dans lequel Tennstedt emmène le Scherzo fait parcourir mille et un paysages au travers de rebondissements rythmiques qui prennent souvent à la gorge. L’Adagietto respire la liberté et l’indécision amoureuse, osant des longueurs renversantes. Et le Rondo-Finale déverse par moments des torrents de lave (avec – là encore – quelques déchets instrumentaux). Si le volcan ne délivre peut-être pas le cataclysme espéré, il n’en reste pas moins que cette Cinquième emporte pleinement l’adhésion.


L’album est complété par de fascinants Kindertotenlieder (1904), au cours desquels Brigitte Fassbaender (née en 1939) chante à l’ombre de la mort et de la désespérance, dans une veine expressionniste qui donne le frisson. Les mots de Rückert transpirent le dégoût et la souffrance. Le vibrato est comme un poison. Les fortissimos foudroient. Une vision fantomatique, presque malsaine mais à coup sûr indispensable de ces lieder mahlériens. L’accompagnement de Klaus Tennstedt est sans concession – assumé et ravageur –, accentuant le contraste avec le désespoir du chant.


De la NDR à la WDR, on fait – chez le même éditeur – un saut dans l’espace comme dans le temps, avec la Cinquième Symphonie gravée en 2013 par Jukka-Pekka Saraste (né en 1956) à la tête de l’Orchestre de la Radio de Cologne. Le chef finlandais avait donné, avec la même formation, une Neuvième Symphonie placée sous le signe de la puissance et du feu (lire ici). Cette Symphonie en ut dièse mineur se situe dans la même veine mais pas tout à fait sur les mêmes hauteurs. Le contrôle du discours et la domination du propos instrumental restent placés sous le signe de la netteté et de l’autorité, permettant d’offrir une très bonne Cinquième, remplie de morbidezza mais jamais prise en défaut de rigueur.


On apprécie surtout la souplesse remarquable des cordes, alors que les cuivres ne sont pas constamment au même niveau de précision. Malgré quelques ralentis contrôlés, cette exécution ne traîne pas et repose sur une conception saine et beaucoup de finesse (dans les rythmes du Scherzo comme dans les traits du Finale). Trop de finesse, peut-être, pour marquer d’une empreinte durable l’Adagietto. C’est d’ailleurs le seul reproche substantiel que l’on peut adresser à cette version qui manque dans l’ensemble d’un brin supplémentaire de puissance et de personnalité, mais qui parvient à s’achever dans l’enthousiasme des détails du Rondo-Finale.


Petit poucet de la présente écoute comparée, le chef britannique Paul Daniel (né en 1958) parvient à galvaniser les musiciens de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine pour une Cinquième brillante et sobre, où les cuivres font preuve de panache et les cordes de vivacité. On regrette toutefois que les deux premiers mouvements connaissent autant de temps morts, que le Scherzo et le Rondo-Finale se perdent un peu dans le décoratif – quel contraste avec Tennstedt! – et que l’Adagietto s’égare franchement dans le sentimentalisme. Une conception décousue. Signalons que le disque prend place au sein d’un bref mais élégant «livre-disque» édité par Actes Sud qui permet, grâce au texte de Robert Pierron, de donner les clefs d’initiation à cette partition charnière de la production mahlérienne.


Le site de Jukka-Pekka Saraste


Gilles d’Heyres

 

 

 

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