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08/13/2015 Frédéric Chopin : Vingt-quatre Préludes, opus 28 Maxence Pilchen (piano)
Enregistré à la Ferme de Villefavard (juin 2014) – 35’
Paraty 115131(distribué par Harmonia mundi) – Notice de présentation en français et en anglais
Frédéric Chopin : Vingt-quatre Préludes, opus 28
Antonio Soler : Sonate n° 24 en ré mineur
Alain Lefèvre (piano)
Enregistré en l’église Saint-Benoît-de-Mirabel, Québec (juin et juillet 2014) – 58’
Analekta AN 2 9287 – Notice de présentation en français et en anglais
La discographie des Vingt-quatre Préludes (1839) de Frédéric Chopin (1810-1849) ne cesse de s’enrichir (lire ici). Ces deux nouveaux enregistrements ne bouleversent toutefois pas les standards établis par les Arrau, Argerich et autres Bolet.
Maxence Pilchen (né en 1978) offre un disque vraiment bref mais qui trouve un ton personnel et vite convaincant. On salue plus spécialement l’intelligence de l’architecture (Prélude en fa dièse mineur) et la subtilité de l’étagement des plans (la mineur), ainsi que la richesse du doigté (sol majeur, si bémol mineur) comme la vigueur de la frappe (ré majeur, mi majeur, sol mineur). Si certaines audaces stylistiques ne frappent pas d’évidence (les déhanchés des Préludes en do dièse mineur ou en si bémol majeur), on regrette surtout les résidus de timidité dans la conception, qu’on aimerait plus osée ou assumée (mi mineur, ré bémol majeur, do mineur). Et plus vécue également – notamment dans l’aspect torturé de la partition dont le pianiste décrit pourtant bien «l’immense souffrance qui, même à son paroxysme, demeure intime et sensible».
Alain Lefèvre (né en 1962) ose, quant à lui, une interprétation très lente et presque entièrement méditative. Dans une prise de son plutôt riche, le pianiste québécois prend son temps pour dépeindre des paysages souvent dépressifs (un la mineur automnal, un mi mineur à la lenteur assez fascinante), parfois joyeusement enfantins (fa majeur). Si l’approche a de temps à autre les vertus de l’éloquence (fa dièse mineur, do mineur, ré mineur), elle ne convainc pas. Les Préludes en si mineur ou en la majeur se perdent ainsi dans des chemins de traverse, dérivant vers la monotonie à l’image du la bémol majeur, dont l’architecture semble bien vague. Même le Prélude en ré bémol majeur, qui gagne beaucoup à ce tempo très mesuré, ne parvient pas à captiver. Au demeurant, une frappe un peu pesante nuit à la pulsation leste du sol majeur, à la sécheresse du ré majeur (qui passe inaperçu), à un si bémol mineur fort laborieux, à des Préludes en mi bémol mineur et en fa mineur qui ne décollent pas… On déplore enfin le manque d’unité d’ensemble, chaque pièce semblant pensée de façon indépendante. Le disque est complété par une Sonate en ré mineur de Soler à l’unisson, qui lasse par l’uniformité des climats et la mollesse des sentiments. Alors qu’un précédent album n’avait pas marqué, on continue d’émettre des réserves sur ce piano en demi-teintes.
Le site de Maxence Pilchen
Le site d’Alain Lefèvre
Gilles d’Heyres
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