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07/14/2015
«Brahms. Works for Solo Piano. Vol. 3 & 4»
Johannes Brahms : Sonates pour piano n° 1, opus 1 [Vol. 4], et n° 2, opus 2 [Vol. 3] – Intermezzos, opus 76 n° 6 [Vol. 4], opus 116 n° 5 [Vol. 3], opus 117 n° 3 [Vol. 4], et opus 119 n° 1 [Vol. 3], n° 2 [Vol. 4] et n° 3 – Valses, opus 39 – Thème avec variations, d’après le deuxième mouvement du Sextuor à cordes n° 1, opus 18 [Vol. 3] – Variations sur un thème de Robert Schumann, opus 9 – Variations sur un thème de Niccolò Paganini, opus 35, livre I – Capriccios, opus 76 n° 1 et n° 2 – Ballade, opus 10 n° 1 [Vol. 4]

Barry Douglas (piano)
Enregistré au West Road Concert Hall, Cambridge (31 mars et 1er avril [Vol. 3], 15 et 16 décembre [Vol. 4] 2014) – 67’26 [Vol. 3] et 82’57 [Vol. 4]
Deux disques séparés Chandos CHAN 10833 [Vol. 3] et 10857 [Vol. 4] – Notices en français, allemand et anglais


        


«Brahms. The Progressive»
Johannes Brahms : Variations sur un thème de Robert Schumann, opus 9 – Rhapsodies, opus 79 – Fantaisies, opus 116 – Klavierstücke, opus 119

Matteo Fossi (piano)
Enregistré au Concert Hall Faziolo, Sacile (11 et 12 septembre 2013) – 71’47
Editions Hortus HORTUS 108 – Notice de présentation en français et anglais





Johannes Brahms : Variations sur un thème de Haendel, opus 24 – Rhapsodies, opus 79 – Fantaisies, opus 116
Sofya Gulyak (piano)
Enregistré à la Westvest Chruch, Schiedam (9 et 10 septembre 2014) – 67’45
Piano Classics PCL0085 – Notice de présentation en français, allemand et anglais





«Brahms. The Late Piano Works»
Johannes Brahms : Fantaisies, opus 116 – Intermezzos, opus 117 – Klavierstücke, opus 118 – Klavierstücke, opus 119

Pawel Kamasa (piano)
Enregistré au Studio Witold Lutoslawski, Varsovie (13 et 14 septembre 2012) – 86’29
Double album Dux 1130/1131 – Notice de présentation en allemand, anglais et polonais





«Johannes Brahms. Wiegenlieder der Schmerzen»
Johannes Brahms : Ballades, opus 10 – Intermezzos, opus 117 n° 1 et n° 2, opus 118, n° 1, n° 2 et n° 6, et opus 119, n° 1 – Capriccio, opus 76 n° 1 – Rhapsodie, opus 79 n° 2

Vardo Rumessen (piano)
Enregistré au Salvestatud Estonia, Tallin (2 et 3 novembre 2013) – 76’17
Estonian Classics ERP 7513 – Notice de présentation en allemand et estonien





Johannes Brahms : Intermezzos, opus 117 – Klavierstücke, opus 118 – Klavierstücke, opus 119 – Sarabande n° 1, WoO 5 – Gavottes n° 1 et n° 2, WoO 3 – Canon en fa mineur – Klavierstück en si majeur – Albumblatt en la mineur
Sophie-Mayuko Vetter (piano)
Enregistré à la Theodor-Egel-Saal, Freiburg (23-25 octobre 2012) – 76’32
Hänssler Classic 98.048 – Notice de présentation en allemand et anglais



De cette abondante livraison d’enregistrements de la musique pour piano de Johannes Brahms (1833-1897), on retient surtout la qualité générale – assez satisfaisante mais rarement renversante – de l’interprétation de ces partitions qui illustrent si bien l’apport décisif de ce «grand innovateur dans le domaine du langage musical» (A. Schönberg) à l’enrichissement du répertoire pianistique.


Après Beethoven et Schubert, Barry Douglas (né en 1960) s’engage dans une intégrale des œuvres pour piano seul de Brahms. Face à ce qui constitue les «Volumes 3 et 4», on avoue son scepticisme quant à l’intérêt discographique de cette entreprise, de la part d’un interprète de premier choix mais dont les affinités brahmsiennes ne ressortent pas spécialement à l’écoute de ces deux disques. La touffue Sonate en fa dièse mineur est certes dominée avec talent et une certaine variété dans le jeu, mais les couleurs paraissent trop monochromes. La faute en revient probablement à un toucher excessivement clair pour cette œuvre à qui le granit convient mieux que le marbre. Tout aussi techniquement remarquable, la Sonate en do majeur convainc davantage par la logique de la construction, mais ne laisse pas d’empreinte plus durable.


C’est le Brahms tardif qui perd le plus à cette approche baignée de lumière. Avec ses angles polis et sa sonorité compacte, la sélection d’Intermezzos baigne dans trop de lumière pour intéresser au-delà de sa réussite technique. Barry Douglas trouve, en revanche, le ton juste dans les extraits de l’Opus 76 – avec une fluidité du propos et une évidence stylistique assez réjouissante. A l’image des populaires Valses, les virtuoses Variations sur un thème de Paganini n’intéressent guère, en raison d’une prosodie trop attendue – trop «tout-terrain» –, alors que celles sur un thème de Schumann recèlent de beaux moments et une certaine émotion – une émotion qu’on rencontre également dans l’adaptation du célèbre deuxième mouvement du Premier Sextuor. Bref, une intégrale Brahms peu concluante, qui donne le sentiment d’un interprète plus à son aise avec les productions de jeunesse qu’avec celles de la maturité.


Le pianiste italien Matteo Fossi (né en 1978) offre lui aussi sa vision des Variations sur un thème de Schumann. Avec des moyens moins accomplis que Barry Douglas, il déploie une pulsation plus personnelle et plus intéressante à suivre, réussissant à faire vivre les seize morceaux de cette fascinante partition d’un compositeur d’à peine vingt ans, profondément marqué par son attachement à Robert (lequel vient de tenter de suicider, le soir du 27 février 1854) et à Clara Schumann. Le Florentin convainc presque autant dans des Rhapsodies, opus 79 qui trouvent un ton singulier (celui de l’intime et de la confidence) mais auxquelles on peut reprocher un tempo plus pesant. Il dessine même un Brahms franchement atypique dans les dernières pièces. Les Opus 116 et 119 pâtissent néanmoins de l’économie de la pédale – une pédale subtilement dosée mais qui retient la bride à l’excès. Le sentiment semble, du coup, comme atrophié – telles des étoiles trop lointaines pour rayonner encore.


Eclairée par moins de lumière encore dans les mêmes Opus 79 et 116, la pianiste russe Sofya Gulyak (née en 1979) semble parfois se perdre dans la forêt obscure de la partition brahmsienne – plus spécialement le long des chemins de traverse de la Rhapsodie en si mineur (celle en sol mineur a meilleure mine) et des Intermezzos. Elle s’égare même par instants dans un sentimentalisme peu probant, flirtant avec la mièvrerie. Le toucher est assuré, le doigté subtil, l’exécution soignée et les intentions très certainement honnêtes. L’équation n’est cependant pas résolue. La native de Kazan complète son disque avec des Variations sur un thème de Händel de fort bonne tenue.


Pawel Kamasa (né en 1963) livre, quant à lui, l’intégrale de la production tardive – ces «monologues» (E. Hanslick) qui promènent «l’interprète et l’auditeur à travers tous les sentiments humains» (F. Ferrati). Ce double album dresse un portrait flatteur du pianiste polonais, dont les affinités brahmsiennes sautent aux oreilles. Un Brahms intègre, à la fois philosophe et juvénile, méditatif et fougueux, qui réussit aussi bien dans les atmosphères agitées que dans la déambulation nocturne, la contemplation des horizons et l’enfouissement des sentiments. Tout ce qui manquait tant à Barry Douglas, en somme. Tout au plus pourrait-on espérer de celui qui reçut l’enseignement de Rudolf Buchbinder et de Jorge Bolet un toucher un rien plus granitique encore – non que celui-ci manque de profondeur, mais afin de pousser, davantage encore (à l’image d’un Claudio Arrau, par exemple), le voyage vers l’essence comme vers l’obscurité de l’âme humaine.


Parvenu dans sa soixante-dixième année, Vardo Rumessen (né en 1942) propose un disque étonnant. Celui d’un Brahms puissant, vigoureux comme un vieux chêne, qui ose des tempos proches de l’immobilité conjugués à des basses profondes et des fortissimos pleinement assumés – à la limite de la brutalité parfois et au détriment des voix intermédiaires souvent. Au jeu de la critique, on mentionnera le fait que la technique pourrait être plus soignée et l’articulation plus distincte par moments – la Rhapsodie en sol mineur est à, ce titre, plutôt laborieuse – et, surtout, que les Ballades mettent du temps à trouver leur voix. Il faut dire que le pianiste estonien ne paraît regarder que vers le dernier Brahms, celui des «berceuses de sa souffrance». En témoigne, dès le Capriccio en fa dièse mineur, une gestion du temps – la clé de la réussite dans ces partitions – qui permet à l’interprète de retenir les tempos jusqu’au surplace sans faire s’effondrer l’édifice. Un album inclassable mais émouvant.


Par contraste, la pianiste germano-nippone Sophie-Mayuko Vetter (née en 1978) présente un toucher plus ordinaire – de surcroît flanqué d’une pédale envahissante et d’une prise de son clinquante. Les résonnances des Opus 117, 118, 119 en deviennent envahissantes, d’une indéniable plasticité mais sans grande humanité. Les Intermezzos sont assez méconnaissables à force d’être étirés – presque difformes de lenteur. L’album est toutefois sauvé par l’originalité de son contenu, incluant de brèves partitions méconnues: la Première Sarabande de 1854, les deux Gavottes de 1855, la Pièce pour piano en si majeur de 1862, le Canon en fa mineur de 1864. La native de Sapporo met beaucoup de conviction voire de ferveur à faire vivre ces œuvres rarement jouées, notamment le Feuillet d’album en la mineur de 1853 (dont il doit s’agit du tout premier enregistrement) qui luit d’un éclat attendrissant.


Le site de Barry Douglas
Le site de Matteo Fossi
Le site de Sofya Gulyak
Le site de Vardo Rumessen
Le site de Sophie-Mayuko Vetter


Gilles d’Heyres

 

 

 

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