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09/20/2000 Bohuslav Martinu: Les Fresques de Piero della Francesca (création) Piotr Ilyich Tchaïkovski: Symphonie Nr.6 "Pathétique"
Orchestre philharmonique de Vienne Rafael Kubelik (direction) Orfeo 521991
Jusqu'à l'arrivée de Karajan, Kubelik a régulièrement dirigé à Salzbourg, mais ces témoignages étaient jusqu'ici peu connus. En outre, la publication de cet enregistrement de la radio autrichienne ne peut qu'attirer le martinuphile ou le martinumane, puisqu'il ne s'agit rien moins que de la création des Fresques de Piero della Francesca.
Comme souvent, l'affiche est tellement alléchante que les attentes en deviennent peut-être excessives. Certes, cette version demeure de tout premier ordre, non loin, dans des registres très différents, d'Ancerl (1959, Supraphon) et d'Ansermet (1961, concert, Cascavelle). La prise de son y est sans doute pour quelque chose, privilégiant les cuivres au détriment de la texture si raffinée de l'orchestration. Ceci étant, l'orchestre réserve ici ou là des sonorités admirables, sans doute pas toujours idiomatiques, mais Les Fresques ne sont assurément pas l'oeuvre la plus immédiatement tchèque de Martinu.
Il est intéressant de comparer cette approche avec le concert donné par Kubelik en septembre 1960 avec l'Orchestre national de la RTF (Besançon?). Plus prudent et significativement plus lent (dans les deux premiers mouvements) lors de la création en 1956, il offre une version nettement plus dramatique et contrastée avec le National en 1960. Plus de sérénité ici, plus d'assurance là.
En réalité, l'excellente surprise de ce disque provient de la Sixième Symphonie de Tchaïkovski. Kubelik renonce à toute guimauve, mais ce n'est pas une inteprétation terne pour autant, loin s'en faut. Si chaque mesure est manifestement étudiée avec le plus grand soin, si de nombreux instants révèlent des choix fulgurants, ce n'est ni au détriment de la vision d'ensemble, ni surtout au détriment de l'expression. Intense, brûlante, parfois tranchante, cette interprétation bénéficie d'un orchestre virtuose que le chef pousse dans ses derniers retranchements.
Une grande Pathétique, à ranger parmi les "originales", comme celles de Fried (Berlin, 1933), Celibidache RAI, 1960) ou Böhm (DGG).
Simon Corley
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