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07/12/2015 Marc-Antoine Charpentier : Te Deum, H.146
Jean-Baptiste Lully : Te Deum, LWV.55 Amel Brahim-Djelloul, Aurore Bucher (dessus), Reinoud Van Mechelen (haute-contre), Jeffrey Thompson (taille), Benoît Arnould (basse), Capella Cracoviensis, Jan Tomasz Adamus (chef de chœur), Le Poème Harmonique, Vincent Dumestre (direction)
Enregistré en la chapelle royale du château de Versailles (25 mars 2013) – 55’34
Alpha 952 (distribué par Outhere) – Notice exemplaire (en français et en anglais) d’Alexandre Maral, de Vincent Dumestre et de Catherine Cessac
Louis-Nicolas Clérambault : Miserere
François Couperin : Première, Deuxième et Troisième Leçons pour le Mercredy
Hasnaa Bennani (dessus), Isabelle Druet, Claire Lefilliâtre (bas-dessus), Sylvia Abramowicz (viole de gambe), Frédéric Rivoal (clavecin et orgue), Le Poème Harmonique, Vincent Dumestre (théorbe et direction)
Enregistré en la chapelle royale du château de Versailles (10-17 novembre 2010 et 17-20 novembre 2013) – 65’05
Alpha 957 (distribué par Outhere) – Notice bilingue (en français et en anglais) d’Alexandre Maral, de Vincent Dumestre et de Julien Dubruque
«La Musique de la Chambre du Roy, volume 2»
Robert de Visée : Pièces de théorbe et de luth mises en partition, dessus et basse: Suites en ut mineur, en ré, en sol mineur, en si bémol et en fa mineur – Entrée d’Apollon – Chaconne
Manuel Staropoli (flûte à bec, flûte baroque), Massimo Marchese (théorbe), Rosita Ippolito (viole de gambe), Manuel Tomadin (clavecin)
Enregistré à Ancelle della Carità, Rome (juin 2012) – 54’29
Brilliant Classics 94437 – Notice en anglais de Manuel Staropoli et de Massimo Marchese
«Les Grandes Eaux musicales de Versailles»
Marc-Antoine Charpentier : Te Deum, H.146: Prélude, «Te aeternum Patrem» & «In te, Domine, speravi» [1]
Jean-Baptiste Lully : Phaëton: Chaconne [2] – Armide: Passacaille [2] – Versailles, L’Ile enchantée: Ouverture de Psychée, «Marche pour la cérémonie des Turcs», «Reprise de la Marche pour la cérémonie des Turcs», «Quels spectacles charmants» & Chaconne d’Amadis [3]
Nicolas-Pancrace Royer : Pyrrhus: «Portons partout l’Horreur» [4]
Jean-Marie Leclair : Scylla et Glaucus: Ouverture & Scènes 2 et 3 de l’acte V [5]
André Campra : Tancrède: scène 1 de l’acte IV & scène 1 de l’acte V [6]
Jean-Philippe Rameau : Dardanus: Ouverture, Chaconne, Tambourins & «Chantons tous» [7]
Emöke Barath (Scylla), Anders J. Dahlin (Glaucus) [5], Benoît Arnould (Tancrède), Isabelle Druet (Clorinde), Chantal Santon (Herminie), Eric Martin-Bonnet (Isménor)Alain Buet (Argant), Erwin Aros (Un sage enchanteur, Un sylvain, Un guerrier, La Vengeance), Anne-Marie Beaudette (La Paix, Une guerrière, Une dryade), Marie Favier (Une guerrière, Une dryade) [6], Gaëlle Arquez, Sabine Devieilhe, Emmanuelle de Negri (sopranos), Romain Champion, Bernard Richter (ténors), Alain Buet (baryton), Benoît Arnould, Konstantin Wolff (barytons-basses), Le Poème Harmonique, Vincent Dumestre (direction) [1], Café Zimmermann [2], Capriccio Stravagante Orchestra, Skip Sempé (direction) [3], Les Enfants d’Apollon, Michael Greenberg [4], Les Nouveaux Caractères, Sébastien d’Hérin [5], Les Temps Présents et Les Chantres du Centre de musique baroque de Versailles, Olivier Schneebeli (direction) [6], Pygmalion, Raphaël Pichon (direction) [7]
Dates et lieux d’enregistrements divers – 66’27
Alpha 959 (distribué par Outhere) – Notice (en français et en anglais) de Catherine Pégard
La vie à la Cour sous le règne de Louis XIV était rythmée par un grand nombre de cérémonies diverses et variées, des plus anodines aux plus solennelles. En ces diverses occasions, des pièces de musique étaient jouées, de nature profane ou religieuse, les chansons à boire (jouées par exemple lors de la Fête des Rois ou du Carnaval) côtoyant ainsi les messes et les motets les plus austères et les plus sombres. Voici donc là quatre disques qui, à l’approche du tricentenaire de la mort de Louis XIV, nous offrent une plongée extrêmement diversifiée dans la musique du Grand Siècle.
Commençons tout d’abord par ces deux disques dirigés par Vincent Dumestre à la tête de son Poème Harmonique, qui nous permettent d’aborder dans les meilleures conditions possibles ce répertoire religieux même si les motivations de ces deux ouvrages ont été fort différentes. Quoi de commun en effet entre le Te Deum de Jean-Baptiste Lully (1632-1687), composé pour célébrer la guérison du Roi de sa fameuse fistule anale qui mit en émoi tout le pays en l’année 1686, et le célèbre Te Deum de Marc-Antoine Charpentier (1643-1704), vraisemblablement destiné à fêter la victoire de Steinkerque remportée par la France sur la Ligue d’Augsbourg en août 1692? On connaît bien sûr la composition de Charpentier, dominée à notre sens par la version haute en couleur dirigée par Marc Minkowski (Archiv Produktion). Vincent Dumestre en livre à son tour une très belle version grâce, tout d’abord, à un excellent orchestre où s’illustrent évidemment les trompettes mais aussi de superbes flûtes (dans le «Dignare Domine/Fiat misericordia»), et à un très beau chœur, vif et enlevé. En revanche, les solistes nous convainquent un peu moins, notamment la voix de dessus dans le «Te ergo quaesumus». La réussite est en revanche totale dans le Te Deum de Lully, moins connu que le précédent mais qui frappe d’emblée par la souplesse de son orchestration et la luminosité de sa partition (notamment dans le «Te Deum laudamus» initial). Bénéficiant d’une excellente prise de son, les voix tant des solistes que du chœur sont superbes (le «Te ergo quaesumus») et, après un passage que l’on peut trouver certes un peu raide («Salvum fac populum tuum, Domine»), c’est sur une note magnifique que l’œuvre vient à se conclure, l’interprétation bénéficiant à la fois d’une ampleur remarquable et d’un sens de la respiration qui donne à chaque mot son sens.
Dans le second disque présenté ici, Vincent Dumestre quitte le registre brillant pour passer à celui de l’intime avec, tout d’abord, le très beau Miserere de Louis-Nicolas Clérambault (1676-1749), surtout connu pour ses cantates et ses œuvres pour orgue. La version qu’il en donne ici est magnifique, la variété des climats (même s’ils sont de tonalité globalement sombre et recueillie, la lumière éclate dans le «Quoniam si voluisses sacrificium» conclusif) étant parfaitement rendue par les trois voix solistes de Hasnaa Bennani, Isabelle Druet et Claire Lefilliâtre. Notons que l’alliance entre ces trois voix de dessus est particulièrement remarquable dans l’«Asperges me hyssopo» aux sonorités réjouissantes. Plus connues, les Première, Deuxième et Troisième Leçons pour le Mercredy de François Couperin (1668-1733) nous font entendre des œuvres dédiées à une seule voix ou à plusieurs où, comme l’indique la notice du disque, les accents italiens sont assez présents (le «Jerusalem, convertere» concluant la Troisième Leçon faisant par exemple penser à des cantates d’Alessandro Scarlatti, exact contemporain de Couperin). Les différents passages sont assez contrastés et, même si parfois la voix a tendance à quelque peu s’égarer (le «Jerusalem, convertere» concluant la Deuxième Leçon), le mariage des différents timbres est plutôt réussi (très beau « od» dans la Troisième Leçon), les solistes étant accompagnées avec toute l’attention requise par des instrumentistes aux petits soins.
Bien oublié aujourd’hui, Robert de Visée (1655-1733) fut pourtant un musicien de premier ordre à la Cour du Roi-Soleil, ce-dernier n’hésitant pas à le quérir «pour jouer de la guitare sur les coups de neuf heures» avant le dîner (comme le rapporte le marquis de Dangeau), Visée ayant été musicien ordinaire de la Chambre du Roi et maître de guitare du Roi. C’est d’ailleurs pour ses compositions destinées à la guitare que Visée garde aujourd’hui quelque valeur – le disque de Rafael Andia publié chez Harmonia Mundi peut d’ailleurs servir de très belle introduction à ce répertoire beaucoup plus varié qu’on pourrait le penser au premier abord. Les pièces présentées dans ce deuxième volume consacré à «La Musique de la Chambre du Roy» font certes intervenir les cordes grattées (théorbe et viole de gambe) mais également la flûte qui, tantôt nous charme (très belle Sarabande-Rondeau tirée de la Suite en ut mineur), tantôt nous gêne vraiment, Manuel Staropoli ayant tendance à trop forcer le son (l’Allemande ouvrant la Suite en ré). Si, par ailleurs, la très belle Chaconne, que l’on a récemment entendue sous les doigts experts de Thomas Dunford, est ici également assez bien jouée, on regrette un manque général de caractérisation, l’Allemande inaugurant la Suite en si bémol n’étant ni gaie, ni mutine, celle ouvrant la Suite en fa mineur ne s’avérant de son côté guère plaintive.
Enfin, sur le modèle de ce qui a déjà été fait pour «La Musique sacrée et la musique de cour et d’opéra sous Louis XIV», Alpha et Château de Versailles spectacles puisent dans les fonds d’Alpha pour nous offrir un pot-pourri de musique baroque française jouée à la Cour du Roi-Soleil sous le titre des «Grandes Eaux musicales de Versailles 2015». Rappelons en effet que plusieurs volumes ont paru, le premier datant de 2007, où Hervé Niquet dirigeait alors divers extraits d’œuvres signées Bodin de Boismortier, Destouches et même Händel. On ne s’étendra guère sur son contenu, qui débute d’ailleurs par trois extraits du Te Deum de Charpentier dans la version dirigée par Vincent Dumestre et commentée au début de cet article. Pour le reste, on écoute avec un réel plaisir ces extraits d’œuvres enregistrées voilà quelques années (Lully) ou il y a seulement quelques semaines (Campra), l’ensemble nous offrant même un avant-goût prometteur de Scylla et Glaucus, opéra dont ConcertoNet avait rendu compte lors d’une représentation donnée en novembre 2014 à l’Opéra royal de Versailles et dont la traduction discographique est prévue pour le mois de novembre prochain. Ici, avec des ensembles et des chefs possédant autant d’affinités avec ce répertoire, on ressort pleinement ragaillardi de ce voyage musical – quelle «Chaconne» tirée d’Amadis dirigée par Skip Sempé! – et avide de découvrir encore davantage un répertoire dont on ne peut que saluer la progressive résurrection!
Le site du Poème harmonique et de Vincent Dumestre
Le site de Hasnaa Bennani
Le site d’Amel Brahim-Djelloul
Le site de Reinoud Van Meechelen
Le site de Benoît Arnould
Le site de Massimo Marchese
Le site de Manuel Tomadin
Le site du Centre de musique baroque de Versailles
Sébastien Gauthier
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