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07/12/2015 Anton Bruckner : Symphonie n° 9 en ré mineur (édition Nowak) Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (direction), Enrique Sánchez Lansch (réalisation)
Enregistré en public à la Philharmonie de Berlin (27 juin 2010) – 65’59
Accentus Music Blu-ray ACC102179 (ou DVD ACC202179) – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Region Code 0 – Notice (en anglais, allemand et français) de Detlef Giese
Avec cette Neuvième, Daniel Barenboim et son Orchestre de la Staatskapelle de Berlin achèvent leur cycle des «symphonies de la maturité» d’Anton Bruckner (1824-1896). En effet, après les Quatrième, Cinquième, Sixième, Septième et Huitième, voici la dernière grande symphonie du compositeur autrichien, toujours captée dans la salle de la Philharmonie de Berlin, au cours du mois de juin 2010.
Autant certains concerts nous ont enthousiasmé (les Quatrième et Sixième notamment), autant cette Neuvième se révèle assez lisse même si le concert reste de très bonne tenue. Une fois encore, l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin s’avère excellent. On retrouve avec un plaisir non dissimulé les solistes dont on a déjà eu l’occasion d’égrener les noms au fil de nos précédents commentaires, qu’il s’agisse par exemple du cor solo Hans-Jürgen Krumstroh (étonnamment d’ailleurs, le nom de Patricia Gerstenberger, membre de l’orchestre de l’Académie de la Staatskapelle de Berlin, n’apparaît pas parmi les musiciens présents et dont la liste figure dans la notice du disque alors qu’elle est bel et bien présente) ou du timbalier Torsten Schönfeld. Les différents pupitres bénéficient d’une belle cohésion (mention spéciale aux violoncelles et aux cuivres, avec ce beau passage confié aux Wagner-Tuben à 40’12 dans le troisième mouvement) et répondent parfaitement à la direction de Barenboim.
En revanche, et là aussi on a déjà eu l’occasion de le souligner, la conception du chef argentin nous laisse sceptique. Tout d’abord, et c’est assez rare pour qu’on puisse le souligner ici, on a frôlé la catastrophe dans le Scherzo où, juste après les pizzicati des cordes, le tutti orchestral baigne dans une certaine confusion et imprécision, la précipitation des uns menaçant de chevaucher les autres en raison d’une trop grande précipitation imposée par le chef. De manière générale, Barenboim, même s’il laisse parfois l’orchestre jouer seul (à 18’ dans le premier mouvement), a tendance à forcer un peu le trait, passant de l’emphase (au début du premier mouvement) à une simple lenteur (la toute fin du premier mouvement) sans tension, ni vie, certains passages pouvant au contraire souffrir d’une rapidité qu’on estimera excessive (dans le troisième mouvement, vers 42’40, dans un passage où le relais entre bois et cordes est pourtant plutôt bien conduit).
Pour autant, le spectateur passe un très bon moment avec ce concert filmé de manière professionnelle (excellente qualité d’image mais plans conventionnels), où certains plans méritent sans aucun doute le détour (ce dégradé qui, à 52’20, part des derniers altos pour remonter sur le chef). On en restera donc aux concerts filmés dirigés par Leonard Bernstein (à Vienne) et Herbert von Karajan (à Berlin), respectivement publiés chez Deutsche Grammophon et Sony, qui, tant sur le plan musical que par leur aspect émotionnel, sont tous deux d’un niveau nettement supérieur.
Sébastien Gauthier
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