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05/06/2015 Georg Philipp Telemann : Autobiographies Préface et textes traduits par Gabrielle Marcq
Symétrie, 2013, 85 pages (9,50 euros)
«On n’est jamais si bien servi que par soi-même»... A ce titre, Georg Philipp Telemann (1681-1767) mérite de bénéficier de cette maxime puisqu’il est l’auteur de trois autobiographies datant respectivement de 1718, 1729 et 1739. L’intérêt premier de ce petit livre est de les rassembler en un seul volume, les ouvrages en langue française sur Telemann n’étant pas si nombreux si l’on excepte notamment la biographie signée par Gilles Cantagrel aux éditions Papillon dans la collection «Mélophiles».
Ces trois différentes biographies s’avèrent extrêmement instructives tant sur les motivations professionnelles de Telemann que sur ses inclinations musicales («mon estime est toujours allée à la musique d’église» écrit-il dans sa lettre à Mattheson d’avril 1718, page 27). Elles nous permettent ainsi de jeter un autre regard sur ses compositions ainsi que sur le compositeur lui-même. Ainsi, on tremblerait presque à l’idée que Telemann aurait pu être un excellent juriste puisque, après avoir été contraint par son père à faire des études de droit auxquelles il finit d’ailleurs par goûter, il évoque la tentation qu’il a eue de vouer ses premières compositions à un «éternel oubli» (page 22)!
Ecrites dans un style alerte et souvent ponctué de traits d’humour et de formules heureuses (son évocation du vin page 25, la métaphore du cuisinier en page 51, sa découverte des instruments en divers endroits), ces pages démontrent avant tout l’enthousiasme que Telemann a toujours manifesté envers la musique et les musiciens, qu’il s’agisse de ses maîtres et collègues ou de simples instrumentistes (les joueurs de cornemuse évoqués page 50).
Sur le plan strictement biographique (en particulier dans la troisième autobiographie que Mattheson a demandée à Telemann et qui fut publiée en 1740 dans sa Grundlage einer Ehrenpforte), on découvre de nombreux détails sur la vie de Telemann (sur sa famille, ses diverses affectations, les gages qu’il a pu recevoir en page 55...) et sur son œuvre (notamment pages 61 et suivantes), et sur la vie artistique de l’époque même si c’est loin d’être l’aspect essentiel de cet ouvrage au sujet duquel on soulignera par ailleurs la précision des nombreuses notes de bas de page.
C’est donc un petit ouvrage essentiel pour tous les admirateurs de ce compositeur et, plus largement, pour tous les amateurs de musique baroque.
Sébastien Gauthier
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