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09/15/2000
Igor Strawinsky : « Shadow Dances » (Tango, Suite n°1, Suite n°2, Concerto en ré, Concertino, Octet, Trois pièces, Prélude, Ragtime, Duet, Fanfare pour un nouveau théâtre, Scherzo à la russe)
Orpheus Chamber Orchestra
Deutsche Grammophon 453 458-2
A côté de ses grands ballets et de ses symphonies, Strawinsky a laissé nombre de miniatures pour orchestre ou petit ensemble (de vents notamment), moins célèbres mais tout aussi brillantes que ses grandes fresques. On y retrouve le goût du jazz du compositeur, mais surtout son goût de la parodie, des juxtapositions aussi insolites qu’iconoclastes : se côtoient ainsi des influences venant du côté du baroque (et de Bach en particulier), du jazz et de danses populaires occidentales. Toutes les pièces sont animées par des tensions harmoniques qui tardent à se résoudre ainsi que par une bizarrerie rythmique (malgré le recours fréquent aux ostinatos), et retrouvent l’énergie (sinon la forme habituelle) de la danse. Le jeu de l’Orpheus Chamber Orchestra possède une magnifique plastique (homogénéité et douceur des timbres) et une vitalité sans faille. On se demande parfois si la légèreté de ses cordes ne fait pas perdre un peu d’expressivité aux pièces, mais, après tout, Strawinsky joue ici à l’anti-romantique. Et de toute façon, l’orchestre joue avec intensité et engagement, faisant ce qu’il faut pour que la musique soit enlevée et dansante, dans un sens évidemment quelque peu macabre et grinçant (Strawinsky oblige !). Saluons au passage la prouesse technique de l’orchestre : qui aurait cru que l’on pouvait s’en sortir sans chef dans cette musique d’une certaine complexité rythmique ? Un beau disque.
Stéphan Vincent-Lancrin
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