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03/13/2015
«Il maestro. Porpora Arias»
Nicola Porpora: Ezio: «Se tu la reggi al volo» – Semiramide riconosciuta: «Vorrei spiegar l’affanno» & «Il pastor se torna aprile» – Didone abbandonata: «Già si desta la tempesta» – Meride e Selinunte: «Torbido intorno al core» & «Con alma intrepida» – Il verbo in carne: «Distillatevi o cieli» – Il ritiro: «A voi ritorno campagne amene» – Polifemo: «Nell’attendere il mio bene» & «Alto Giove» – Carlo il Calvo: «Spesso di nubi cinto» – Vulcano: «Non lasciar chi t’ama tanto»
Franco Fagioli (contre-ténor), Academia Montis Regalis, Alessandro de Marchi (direction)
Enregistré à Mondovi (juin) 2013 – 80’
Naïve V 5369 – Notice (en français, anglais et allemand) de Stefano Aresi
 Must de ConcertoNet
Quelque peu méconnu aujourd’hui, le napolitain Nicola Antonio Porpora (1686-1768) a pourtant été l’une des figures majeures de la musique baroque au XVIIIe siècle. Ayant occupé diverses fonctions auprès de plusieurs notabilités à Naples, Venise puis Dresde, il fut également professeur de chant tant à Naples (où il eut comme élèves Carlo Broschi et Gaetano Majorana, plus connus sous les noms respectifs de Farinelli et de Caffarelli) qu’à Venise. Compositeur prolifique, il écrit son premier opéra Agrippina en 1708, laissant de nombreux ouvrages lyriques derrière lui.
Après avoir consacré un magnifique récital à divers airs destinés au castrat Caffarelli, le contre-ténor Franco Fagioli chante ici divers extraits d’œuvres de Porpora: que dire d’autre sinon qu’on est subjugué de la première à la dernière note?
On n’insistera pas de nouveau sur les facilité techniques de Fagioli, déconcertantes tant elles semblent innées, n’avoir nécessité aucun travail et ne solliciter aucun effort physique de sa part. Et pourtant, quels aigus dans l’air «Nell’attendere il mio bene» (Polifemo)! De même, quel élan et quelle vivacité dans l’air tiré d’Ezio, les volutes vocales étant rehaussées par des cuivres triomphants et de superbes cordes grattées... En vérité, à notre sens, les plus beaux airs ne sont pas ceux où se déploie de la façon la plus criante la technique vocale de Fagioli mais, au contraire, ceux où tout n’est que finesse et sens de la déclamation. A cet égard, l’air «Il pastor se torna aprile» est un véritable moment de grâce. Accompagnée par le son filé de deux cors et de deux flûtes à bec d’une saisissante beauté pastorale, la voix de Fagioli nous envoûte et nous transporte dans un monde qui se situe sans conteste aux confins du divin. Même si le sens du drame, de la plainte et du soupir est également très présent dans les deux airs «Distillatevi o cieli» et «A voi ritorno campagne amene», ceux-ci souffrent incontestablement de la confrontation avec l’air précité tiré de Semiramide riconosciuta.
On le sait bien: le chant n’est rien ou, en tout cas, n’est pas tout à fait ce qu’il pourrait être s’il ne bénéficiait d’un accompagnement au diapason de la beauté qu’il est censé transmettre. Ici, aucune déception à avoir puisque, sous la direction de l’excellent Alessandro de Marchi, l’Academia Montis Regalis recèle une palette de couleurs et de timbres tout à fait admirable qui, à chaque instant, trouve le ton juste et brosse un tableau idéal dans lequel Fagioli puise sans difficulté son inspiration. Passant de l’intimisme du célèbre «Alto Giove» (que l’on avait eu par ailleurs le plaisir d’entendre chanté par Philippe Jaroussky) aux tornades de la machine à vent dans l’air «Già si desta la tempesta» (un thème décidément en vogue dans le monde baroque!), des cordes bondissantes de Meride e Selinunte aux cuivres éclatants de Carlo il Calvo, l’orchestre est irréprochable et contribue, si besoin était, à faire de ce disque une totale réussite qui impose une nouvelle fois Franco Fagioli au firmament des contre-ténors d’aujourd’hui.
Le site de Franco Fagioli
Le site de l’Academia Montis Regalis
Sébastien Gauthier
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