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02/27/2015 Anton Bruckner : Symphonie n° 1 en ut mineur (édition Nowak) Mozarteumorchester, Ivor Bolton (direction)
Enregistré en public au Grosses Festspielhaus de Salzbourg (11 et 13 octobre 2013) – 51’36
OEHMS Classics OC 436 – Notice (en allemand et en anglais) de Gottfried Franz Kasparek
Anton Bruckner : Symphonie n° 6 en la majeur (édition Nowak)
Philharmoniker Hamburg, Simone Young (direction)
Enregistré en public à la Laeiszhalle de Hambourg (14 et 16 décembre 2013) – 54’37
SACD hybride OEHMS Classics OC 687 – Notice (en allemand et en anglais) de Michael Lewin
Sélectionné par la rédaction
Anton Bruckner : Symphonie n° 6 en la majeur (édition Nowak)
Philharmonie Festiva, Gerd Schaller (direction)
Enregistré au studio Franken de la Radio bavaroise (août 2013) – 57’30
Profil Hänssler PH 14021 – Notice en allemand et en anglais
Anton Bruckner : Symphonie n° 7 en mi majeur (version 1885)
Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Paul Hindemith (direction)
Enregistré au Waldheim, Degerloch-Stuttgart (24 juin 1958) – 59’16
Hänssler Classic SCM 94.222 – Notice (en allemand et en anglais) de Christoph Schlüren
Anton Bruckner : Symphonie n° 8 en ut mineur (édition Nowak)
Oberösterreichisches Jugendsinfonieorchester, Rémy Ballot (direction)
Enregistré en public à la Stiftsbasilika de Saint-Florian (22 août 2014) – 103’44
Album de deux SACD Gramola 99054 – Notice (en allemand et en anglais) de Klaus Laczika et Regine Tittgen-Fuchs
Alors que les années 1990 avaient semblé marquer, tant au disque que dans les salles de concert, un engouement à nul autre pareil pour Gustav Mahler, les années 2000 offriraient-elles la même opportunité pour les Symphonies d’Anton Bruckner (1824-1896)? On peut se le demander tant elles font l’objet de rééditions ou d’enregistrements comme ces cinq disques nous en apportent une nouvelle fois la preuve.
La Première Symphonie (1865-1866) que Bruckner avait lui-même qualifiée de «keckes Beserl» («petite effrontée») bénéficie d’ores et déjà d’une abondante discographie que vient enrichir aujourd’hui Ivor Bolton, poursuivant ainsi une intégrale en cours chez Oehms Classics. Cette version bénéficie de plusieurs atouts: une belle respiration, un orchestre de très bonne qualité (on remarquera notamment les très belles couleurs du premier mouvement à partir de 11’) et un discours qui avance dans chaque mouvement. Pour autant, Bolton manque en plus d’une occasion de naturel. Outre certaines lourdeurs (dans le premier mouvement là encore à partir de 3’20), on sent que le chef anglais prépare trop ses effets, ralentissant par exemple de manière excessive à 12’04 avant de conduire l’orchestre dans la conclusion de l’Allegro initial; il en va d’ailleurs de même dans le quatrième mouvement. Même si quelques détails peuvent sembler rédhibitoires dans l’Adagio (des cordes pas toujours très justes, quelques problèmes d’articulation), ce deuxième mouvement est assez beau, préparant ainsi à la totale réussite cette fois-ci du Scherzo.
Après justement une assez bonne Première et surtout une excellente Symphonie «00», voici un nouveau volume signé Simone Young à la tête de son Orchestre philharmonique de Hambourg. On n’hésitera guère en qualifiant cette Sixième, décidément bien servie après la récente parution de l’excellent enregistrement dirigé par Jaap van Zweden, de totale réussite. Dès le premier mouvement, l’attaque des basses et la pulsation imposée par la cheffe australienne sont idéales et baignent le Majestoso dans un climat d’une souveraine beauté où le grandiose ne néglige pas pour autant la délicatesse de la partition, notamment chez les bois, aux traits d’une finesse absolue (le hautbois à partir de 13’!). Dans le deuxième mouvement aux timbres presque mahlériens, la petite harmonie joue de nouveau sur du velours, Young conférant à l’ensemble des couleurs où la noirceur le dispute avec art au désespoir. Le Scherzo est lui aussi très bien mené mais c’est sans doute le Finale, qui impressionne le plus grâce à un sens admirable de la progression, servi au surplus par un magnifique orchestre. A n’en pas douter, une version superbe de la Sixième, qui confirme la fibre brucknérienne de Simone Young!
On sera plus mitigé en revanche à l’écoute de la version gravée par Gerd Schaller à la tête de sa Philharmonie Festiva. Non pas que l’orchestre ne soit pas bon, même si les cordes sont moins soyeuses et les cors moins rutilants qu’à Hambourg, mais le discours délivré par Schaller est trop souvent lisse et sans grande inspiration. Dans le Majestoso inaugural, les cordes sont assez pesantes à 13’ et la coda finale manque singulièrement de grandeur, là où, entre autres, Young et van Zweden savent avancer avec une force tranquille qui suscite l’admiration. Le pourtant très bel Adagio. Sehr feierlich n’emporte pas davantage l’adhésion car Schaller a tendance à se complaire dans les longues phrases brucknériennes, quitte à ce que son discours s’avère quelque peu statique et ennuyeux. Après un troisième mouvement moins percussif que dans d’autres versions, le chef allemand conclut plutôt bien cette symphonie avec, en dépit de quelques sonorités malvenues (les attaques des clarinettes à 1’18), un dernier mouvement aux couleurs triomphales; ce disque demeure néanmoins un deuxième choix face à la concurrence existante.
Au sein du paysage symphonique brucknérien, la Septième demeure sans aucun doute, avec la Quatrième, son œuvre la plus facile d’accès et, de fait, la plus populaire. Le présent disque revêt comme principale originalité de voir cette œuvre dirigée par Paul Hindemith, que l’on connaît bien sûr comme compositeur mais moins comme chef d’orchestre. Pourtant, si l’on se reporte à la discographie exhaustive de l’œuvre de Bruckner, on découvre que Hindemith a interprété cette même œuvre tant à la tête du Symphonique de Chicago que du Philharmonique de New York, ayant également conduit l’Orchestre du Théâtre de Mannheim dans la Troisième. Avouons-le tout de suite: il s’agit là davantage d’un témoignage du chef qu’a été Hindemith que d’une version de référence de la Septième. L’orchestre n’est pas exempt de reproches d’ordre purement technique (les fausses notes des cors dans le premier mouvement à 5’40, la justesse du pupitre de violoncelles dans le premier mouvement ou des cordes au début du deuxième par exemple) mais certains défauts peuvent peut-être être attribués aux conditions de l’enregistrement, les sonorités paraissant globalement très sèches, sans la moindre réverbération. Si le rubato quelque peu excessif dans le premier mouvement ne s’avère guère problématique, on n’en dira pas autant en revanche dans le sublime Adagio qui, ici, manque de naturel et de profondeur à cause, notamment, d’un tempo trop allant. Par contraste, le Scherzo paraît beaucoup plus pesant, l’orchestre ne décollant jamais vraiment. Quant au dernier mouvement, Hindemith le dirige avec une certaine sagesse, l’orchestre s’y montrant plutôt à son aise même si l’on regrettera une nouvelle fois le caractère saccadé de certaines phrases (à partir de 3’10) et une précipitation qui font de ce témoignage plus une découverte qu’une version à retenir.
Objet du plus grand triomphe que Bruckner ait vécu de son vivant, la Huitième connaît aujourd’hui nombre de références incontestables. La tâche était donc difficile pour le jeune Orchestre symphonique des jeunes de Haute-Autriche, créé dans les années 1990 – on regrettera d’ailleurs que la notice de ce coffret privilégie davantage les propos ou critiques dithyrambiques à l’égard tant de l’orchestre que du chef que l’histoire de cette phalange – et composé de jeunes musiciens prometteurs recrutés à travers toute l’Autriche. Dirigé ici par le Rémy Ballot, il donne à entendre une version certes honorable de la Huitième mais qui manque de grandeur, de mystère, de profondeur, en un mot qui manque de tout ce qui fait que Bruckner est Bruckner. Le premier mouvement est conduit avec soin mais sans tension, les cordes n’ayant pas le volume requis par la partition. Le Scherzo est assez bien réussi même s’il manque de cette noire violence que Böhm (avec Zurich) ou Karajan (avec Vienne), pour ne citer que deux références parmi les plus incontestables, savaient y instiller, le Trio étant pour sa part beaucoup trop alangui et s’étirant presqu’à la limite du supportable. L’Adagio laisse une impression mitigée car, si les cuivres et les cordes s’avèrent très séduisants (ces dernières se caractérisant par une belle ampleur, une justesse généralement irréprochable et des legato bien menés), la conception du chef français pèche par un manque d’implication: on reste trop souvent à la surface du discours, pris très solennellement mais bien peu habité. Le dernier mouvement met en évidence les qualités de ce jeune orchestre mais aussi les travers d’un chef aux options qui flirtent avec la caricature (le tempo adopté à partir de 23’45): pour toutes ces raisons, cet enregistrement, dont il ne reste pas grand-chose à l’oreille une fois le dernier accord retombé, n’apportera rien de neuf à une discographie où les références, encore une fois, abondent.
Le site de l’Orchestre du Mozarteum de Salzbourg
Le site de Ivor Bolton
Le site de l’Orchestre philharmonique de Hambourg
Le site de Simone Young
Le site du Philharmonie Festiva
Le site de Gerd Schaller
Le site de l’Orchestre de la SWR de Stuttgart
Le site de l’Orchestre symphonique des jeunes de Haute-Autriche
Sébastien Gauthier
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