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01/31/2015
Johann Rosenmüller : Sonate Settima a 4, Ottava a 4 & Decima a 5 – Jubilate Deo – Misericordias Domini – Cœlestes Spiritus – Nisi Dominus – Salve mi Jesu
Raquel Andueza (soprano), Wolf Matthias Friedrich (basse), Gli Incogniti: Alba Roca (violon), Marta Paramo, Yoko Kawakubo (altos), Baldomero Barcieta (viole de gambe), Francesco Romano (théorbe), Anna Fontana (clavecin et orgue), Amandine Beyer (violon et direction)
Enregistré en l’Eglise évangélique allemande, Paris (7-12 septembre 2009) – 65’41
Zig-Zag Territoires ZZT100801 (distribuépar Outhere) – Notice (en français et en anglais) d’Amandine Beyer et Holger Eichhorn et traduction des textes chantés





«Vox dilecti Mei»
Johann Rosenmüller : O salvator dilectissime – Sonate III & XII – Christum ducem qui per crucem – In te Domine speravi – O dives omnium bonarum – Vox dilecti mei – Sonata a 2 violoni J.R.M. – O anima mea suspira ardenter

Alex Potter (contre-ténor), Chelycus
Enregistré en l’église Saint-Georges de Sengwarden (janvier 2010) – 66’05
Ramée RAM 1009 (distribué par Outhere) – Notice (en anglais, allemand et français) de Peter Wollny


 Sélectionné par la rédaction





«Venezia»
Johann Rosenmüller : Sonate Seconda, Settima, Nona, Decima, Undecima & Duodecima
Giovanni Legrenzi : Sonata Terza a 3 – Sonata Terza a 4 – Sonata Prima – Sonata sesta a 4
Alessandro Stradella : Sinfonie XI, XVIII & XXII

The Rare Fruits Council: Guadalupe del Moral (violon), José Manuel Navarro, Andoni Mercero (violon, alto), Marco Ceccato (violoncelle), Xavier Diaz (archiluth), Luca Guglielmi (clavecin, orgue), Manfredo Kraemer (violon et direction)
Enregistré en l’église Saint-André de Doucy (23-27 septembre 2010) – 81’53
Ambronay AMY028 (distribué par Harmonia mundi) – Notice multilingue (français, anglais, allemand et espagnol) de Peter Wollny et Manfredo Kraemer





La vie de Johann Rosenmüller (1619-1684) n’est pas vraiment banale. Musicien particulièrement doué, il commence ses études en Allemagne mais sa vie est bouleversée par la condamnation qui s’abat sur lui, vraisemblablement semble-t-il, pour homosexualité. Il parvient à s’échapper de prison et gagne alors Venise, où il reste de nombreuses années et effectue donc l’essentiel de sa carrière (de 1657 à 1683) avant, une fois réhabilité, de revenir en Allemagne, où il décède l’année suivante. Cela explique sans aucun doute les sonorités propres de ses œuvres, qui connaissent depuis plusieurs années une véritable redécouverte, puisqu’on a parfois davantage l’impression d’entendre du Corelli ou du Locatelli qu’un compositeur allemand au physique plutôt austère, comme en témoignent quelques gravures de l’époque. La clarté de bon nombre de ses compositions s’explique également par le contexte qui est celui du «Baroque médian» (de 1650 à 1700); après la terrible Guerre de Trente ans, les compositeurs chantent la paix retrouvée, «l’essor d’une sensibilité nouvelle, ardente, parfois frémissante, le temps des réconciliations» (Gilles Cantagrel, De Schütz à Bach, La musique du Baroque en Allemagne, Fayard, page 23).


C’est cette diversité de tons que nous fait partager Amandine Beyer dans un disque qui associe pièces strictement instrumentales et morceaux faisant intervenir les voix, soprano ou basse, le Salve mi Jesu recourant pour sa part aux deux chanteurs à la fois. Dans les sonates faisant intervenir les seuls instruments, les violons bénéficient d’un jeu extrêmement varié qui joue sur les contrastes et les effets de surprise. Le goût de Rosenmüller pour le violon le conduit d’ailleurs, comme on peut l’entendre dans le Nisi Dominus, à en faire l’égal et non pas seulement le faire-valoir de la voix, Raquel Andueza chantant les textes qui lui sont dévolus avec une sensibilité vraiment remarquable. La diversité se retrouve également dans le Jubilate Deo, Wolf Matthias Friedrich veillant à bien caractériser le moindre vers: si le premier est de tonalité joyeuse, le deuxième se veut plus martial (même si l’accompagnement revêt quelques couleurs espiègles), le troisième étant recueilli avant que la quatrième ne retrouve la tonalité joyeuse initiale. Si la prestation de la basse est très belle, on s’arrêtera néanmoins en priorité sur le magnifique Misericordias Domini, qui baigne dans une atmosphère calme et recueillie idéale, la pureté de la voix de Raquel Andueza étant à la hauteur de l’accompagnement des musiciens de l’ensemble Gli Incogniti.


Si Johann Rosenmüller a été un maître du violon, le disque que propose l’ensemble Chelycus fait appel à d’autres instruments que les seuls violon et basse continue. Ainsi, le dulcian (ancêtre du basson) participe-t-il pleinement au soutien de la voix dans le très beau O Salvator dilectissime, sans doute le sommet de ce disque, la voix très épurée d’Alex Potter chantant les louanges du Seigneur sur un ton empli de fraîcheur et d’amabilité doublé d’un rythme presque psalmodique. Car c’est bien la rythmique, le soin apporté au moindre silence (Sonata XII), qui en plusieurs occasions donnent toute leur valeur aux compositions de Rosenmüller. On se gardera d’oublier l’heureux mariage entre les instruments et les voix, comme cet étonnant dialogue entre le soliste et les violons dans Christum ducem qui per crucem où, en dépit de la dureté des paroles prononcées, le climat général se veut plutôt nimbé d’un certain optimisme qui éclaire également les détails d’une partition d’une indéniable richesse. On retrouve ce jeu d’ailleurs, traité d’une toute autre façon, dans le Vox dilecti mei, où l’hymne à l’amour remarquablement chanté par Alex Potter se dévoile pour finalement n’être qu’un amour spirituel. Un maître disque pour qui souhaite connaître Rosenmüller.


La diversité, on la ressent également – et de quelle manière! – dans le très beau disque où, sous la houlette de Manfredo Kraemer (que l’on connaît bien pour être le violon solo des ensembles Le Concert des Nations et Hespèrion XXI), l’on peut entendre des œuvres de Rosenmüller mais également de deux de ses contemporains, Giovanni Legrenzi (1626-1690) et Alessandro Stradella (1639-1682). Comme l’explique très bien Kraemer, l’idée de rapprocher ces trois compositeurs est tout à fait admissible, dans la mesure où ils sont tous trois allés à Venise (de 1671 à sa mort pour Legrenzi, vers 1677 pour Stradella) – d’où d’ailleurs le titre de ce disque – et ont tous composé pour le violon des pages aux fondamentaux assez proches. Pour autant, c’est bien là encore la diversité qui est au rendez-vous. On entend des accents italianisants dans chaque morceau, spécialement dans les mouvements rapides, les violons s’en donnant à cœur joie même si la musicalité prime toujours la dimension purement technique des pièces. Les passages vifs succèdent aux passages recueillis, les cordes vibrant avec une nouvelle intensité, les attaques débutant parfois dans le registre le plus grave avant de s’élever dans des volutes aux tonalités aiguës (la Sonata Terza a 4 de Legrenzi). La diversité existe également dans le rythme, à l’image de cette pulsation syncopée où les violons, épaulés par une basse bondissante, entament presque une sorte de mouvement perpétuel (la Sonata Prima de Legrenzi). On écoutera également en priorité le dernier morceau, une très belle Sonata Duodecima de Rosenmüller, avec sa conclusion à pas feutrés, nouvelle démonstration de toute la délicatesse de ce répertoire.


Le site de Raquel Andueza
Le site de Wolf Matthias Friedrich
Le site d’Amandine Beyer
Le site de l’ensemble Gli Incogniti
Le site d’Alex Potter


Sébastien Gauthier

 

 

 

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