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01/20/2015 Luther-Kantaten
Georg Philipp Telemann : Cantates «Herr, wir liegen für dir mit unserm Gebet», TVWV 1 :781, «Es wollt uns Gottgenädig sein», TVWV 1 :544, «Es spricht der Unweisen Mund wohl», TVWV 1 :533a, «So ziehet nun an als die Auserwählten Gottes», TVWV 1 :1390, et «Wertes Zion, sei getrost», TVWV 1 :1606 Siri Karoline Thornhill (soprano), Stefan Kahle (alto), Susanne Krumbiegel (alto), Tobias Hunger (ténor), Bach Consort Leipzig, Sächsisches Barockensemble, Gotthold Schwarz (basse et direction)
Enregistré à la Schlosskirche de Torgau (12-14 mars et 24 avril 2012) – 70’38
cpo 777 753-2 – Notice exhaustive (en allemand et en anglais) d’Ute Poetzsch et traduction des textes chantés
Les figures écrasantes et célèbres de Bach, Händel ou Vivaldi ne doivent pas occulter un autre géant parmi les compositeurs baroques, en la personne de Georg Philipp Telemann (1681-1767). Prolifique entre tous, il nous a laissé des pièces somptueuses, concertantes ou chorales, de toute beauté qu’il nous faut découvrir pour un bon nombre d’entre elles, tant elles sont rares, aussi bien au disque qu’au concert.
Sa production chorale, comptant notamment près de 1400 cantates, est de tout premier plan. Comme l’explique très bien Gilles Cantagrel dans sa biographie du compositeur allemand (Georg Philipp Telemann, éditions Mélophiles, pages 84 sq.), Telemann «devait fournir, pour chacun des dimanches et fêtes de l’année, à l’exception des jours sans musique, une grande pièce de musique en deux parties, ou deux pièces différentes», sans compter qu’il a également répondu aux demandes de nombreuses petites églises en les fournissant en œuvres religieuses de plus petite ambition mais qui n’en demeurent pas moins intéressantes à écouter. Cela ne posait d’ailleurs guère de souci au compositeur qui, dans une lettre autobiographique envoyée à Mattheson le 14 septembre 1718, écrivait de façon enthousiaste: «Mais il y a une chose que je sais, c’est que mon estime est toujours allée à la musique d’église.»
Ici, Gotthold Schwarz nous donne à entendre cinq cantates, composées à des époques et provenant de cycles différents mais qui se fondent toutes sur des textes de Luther, voire sur certaines mélodies du célèbre moine dont on sait qu’il était un musicien averti. De dimensions modestes (moins de neuf minutes pour la plus brève, près de vingt pour la plus longue), ces cantates, enregistrées dans le cadre du festival Telemann qui se déroule chaque année à Magdebourg, bénéficient là d’une excellente interprétation.
Tout d’abord, et comme de juste pour ce type d’ouvrages, les voix sont très bien caractérisées qu’il s’agisse de Gotthold Schwarz (très belle voix de basse dans l’air «Weg, ihr Sünden, kränkt mich nicht» de la Cantate «Herr, wir liegen für dir mit unserm Gebet»), de l’alto Stefan Kahle dans le récitatif «Das ist die allgemeine Klage» (Cantate «Es spricht der Unweisen Mund wohl») ou de la soprano Siri Karoline Thornhill dans l’air qui lui est dévolu au sein de la Cantate «So ziehet nun an als die Auserwählten Gottes». Aucune d’entre elles ne pèche par rapport aux autres, rendant aux chœurs tout leur lustre ou, comme c’est le cas dans la première cantate du disque, leur atmosphère de véritable contrition lorsqu’il s’agit de demander pardon au Seigneur.
Côté orchestre, on connaît le style de Telemann et son goût pour faire appel aux instruments les plus divers, toujours à bon escient. Ici, c’est encore le cas. La brillance des trompettes au début de la Cantate «Wertes Zion, sei getrost», la plus ambitieuse du point de vue orchestral, est une des facettes de Telemann mais l’autre se retrouve avec autant de charme dans l’introduction des flûtes, tout en douceur, dans la Cantate «Herr, wir liegen für dir mit unserm Gebet».
Si ce disque intéressera en priorité les admirateurs du grand Georg Philipp, il nous permet surtout de sortir des sentiers battus de la musique baroque: ce n’est pas le moindre de ses attraits. Saluons également le geste de l’éditeur cpo qui a, outre le présent disque, édité nombre de concerts donnés lors de diverses éditions du festival Telemann: on ne peut que saluer l’entreprise et l’encourager à la poursuivre.
Le site du Consort Bach de Leipzig et de Gotthold Schwarz
Le site de l’Ensemble baroque saxon
Le site de Siri Karoline Thornhill
Le site de Susanne Krumbiegel
Le site de Tobias Hunger
Le site du festival Telemann de Magdebourg
Sébastien Gauthier
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