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12/30/2014
Joseph Haydn : Symphonies n° 98 en si bémol majeur et n° 103 «Roulement de timbales» en mi bémol majeur
Heidelberger Sinfoniker, Thomas Fey (direction)
Enregistré à la Martin-Luther-Haus, Dossenheim (5-6 septembre et 21-22 octobre 2013) – 58’45
Hänssler Classics 98.031 – Notice (en allemand et en anglais) d’Eckhardt van den Hoogen


 Sélectionné par la rédaction





«Haydn 2032. N°1 - La Passione»
Joseph Haydn : Symphonies n° 39 en sol mineur, n° 49 «La Passione» en fa mineur et n° 1 en ré majeur
Christoph Willibald Gluck : Don Juan ou le Festin de pierre (version originale de 1761)

Il Giardino Armonico, Giovanni Antonini (direction)
Enregistré aux studios Teldex, Berlin (20-24 octobre 2013) – 70’52
Alpha 670 (distribué par Outhere) – Notice (en anglais et en français) de Bernhard Lassahn





Passionnante confrontation non entre des œuvres identiques mais entre l’approche que peuvent avoir deux chefs qui se ressemblent assez, chez un même compositeur, en l’occurrence Joseph Haydn (1732-1809). Car, alors que Thomas Fey nous livre là son vingt-deuxième opus consacré au grand compositeur allemand, poursuivant ainsi une intégrale globalement irréprochable, voici que Giovanni Antonini se lance à son tour dans l’aventure de l’intégrale symphonique, prévoyant de parvenir à son terme en 2032!


Commençons par le plus connu, à savoir Thomas Fey et ses géniaux Heidelberger Sinfoniker. Vingt-deuxième volume donc, après plusieurs disques où nous avons à chaque fois souligné la justesse des tempi ainsi que le caractère jubilatoire d’un orchestre d’une fraîcheur et d’une spontanéité toutes remarquables (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici). Le présent disque nous donne à entendre deux des douze Symphonies londoniennes au sein desquelles, sauf erreur, ne manque désormais que la célèbre Cent-unième symphonie «L’Horloge». La Quatre-vingt dix-huitième (1792) n’est certainement pas la plus connue mais quelle symphonie là encore! Les Heidelberger Sinfoniker s’en donnent à cœur joie, à commencer par un Adagio-Allegro débordant de vie, où timbales et cors explosent à chaque note, les cordes faisant preuve pour leur part d’une virtuosité étourdissante. Après un deuxième mouvement au contraire tout en finesse (quels hautbois!), se terminant par une petite touche humoristique comme Haydn en a le secret, on retrouve un Menuet (chaque Londonienne en ayant un en guise de troisième mouvement) où le contrepoint joue à plein, Thomas Fey alliant savamment accents rustiques (la flûte et le basson) et discours musical ciselé, conférant ainsi à cette page toute sa beauté. Dans une sorte de perpetuum mobile, le Presto (qui n’est pas sans rappeler ceux des Soixantième et Quatre-vingt-seizième Symphonies) conclut cette œuvre de la plus belle des manières où, là encore, tout n’est que joie de vivre et truculence des sonorités.


Evidemment plus connue, la Symphonie «Roulement de timbales» bénéficie elle aussi de sonorités d’une richesse et d’un élan que seuls, dans une autre optique, Jochum ou Karajan semblaient avoir atteints. La fin du premier mouvement est néanmoins un peu trop précipitée alors qu’on aurait pu souhaiter un simple retour au tempo initial. Le deuxième est quant à lui extrêmement bien fait (mention spéciale au violon solo Wojciech Garbowski, d’une finesse admirable), un brin d’humour (les trilles des hautbois, les notes piquées des bassons) éclairant d’un jour nouveau un passage qui est trop souvent pris de manière pesante et sérieuse. Les deux derniers mouvements sont superbes, le Finale bénéficiant d’accents schubertiens témoignant des évidentes filiations viennoises qui peuvent exister dans le domaine de la symphonie.


On connaissait bien sûr Giovanni Antonini pour être l’un des interprètes les plus avisés de la musique baroque et classique italienne, lui et son ensemble Il Giardino Armonico ayant notamment révélé au grand public Les Quatre Saisons (enregistrement de septembre 1993) comme seuls, auparavant en 1991, Fabio Biondi et l’Europa Galante l’avaient fait. Et voici que le chef italien se lance dans l’aventure «Haydn 2032», espérant donc mener à son terme d’ici presque vingt ans l’intégrale symphonique du compositeur. Si la suite des enregistrements est du niveau du présent disque, on aura droit sans nul doute à une somme de très haut vol car ce premier volume s’avère plus que prometteur.


La Trente-neuvième Symphonie, un des joyaux de l’œuvre symphonique de Haydn, est ici jouée avec une énergie débordante qui vous prend aux tripes de la première à la dernière note (les attaques des cordes dans le Finale!). Ensuite, mais c’est là strictement affaire de goût personnel, on préfère tout de même la version Hogwood publiée chez L’Oiseau-lyre qui, bien que rudement concurrencée par Fey ou Pinnock par exemple, demeure difficilement surpassable à nos yeux, prise un peu plus lentement, bénéficiant ainsi d’une plus grande ampleur. Il peut ensuite sembler étonnant de voir au sein de ce disque le ballet Don Juan de Gluck qui, même s’il parle la même langue que Haydn (Antonini s’en explique assez longuement dans l’excellente notice du disque), est surtout de nature à retarder l’achèvement du projet Haydn si de telles incursions se multiplient au fil des parutions... Il n’en demeure pas moins que l’interprétation de ce ballet est excellente, n’atteignant peut-être pas tout à fait le niveau de la version Gardiner qui, en outre, est vraiment complète alors que certains numéros manquent ici à l’appel (disque Erato réédité chez Warner). Il Giardino Armonico fait preuve d’une très grande théâtralité (le sublime Moderato accompagné de castagnettes ou l’inquiétant Allegro non troppo conclusif), d’une vitalité communicative et, comme à l’accoutumée, d’une dextérité à toute épreuve. La Quarante-neuvième Symphonie «La Passion» trouve également là une interprétation de très haute tenue avec, en particulier, un deuxième mouvement où tout n’est que vie et contrastes: derrière l’exubérance, le drame n’est jamais bien loin. Enfin, et Giovanni Antonini en donne également les raisons dans l’entretien publié dans la notice du disque, le présent opus se conclut par la très rarement jouée Première Symphonie de Haydn, en majeur, tonalité qui sera également celle de la Cent-quatrième «Londres», parenté étrange comme celle qui unit, chez Mozart, sa Première Symphonie à la Jupiter. Pour beaucoup, cette œuvre sera une découverte: et quel résultat! Les trois mouvements s’écoutent avec un grand plaisir et n’ont rien à envier à bien des symphonies composées par des musiciens issus de l’Ecole de Mannheim. Une bien belle première pierre donc qui laisse augurer une suite tout aussi passionnante.


Le site des Heidelberger Sinfoniker
Le site de l’ensemble Il Giardino Armonico


Sébastien Gauthier

 

 

 

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