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12/03/2014
«Carlos Kleiber: Complete orchestral recordings on Deutsche Grammophon»
Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 5 en ut mineur, opus 67 [1], et n° 7 en la majeur, opus 92 [2]
Franz Schubert : Symphonies n° 3 en ré majeur, D. 200, et n° 8 «Inachevée» en si mineur, D. 759 [3]
Johannes Brahms : Symphonie n° 4 en mi mineur, opus 98 [4]
Jon Tolansky : Carlos Kleiber – A memoir

Wiener Philharmoniker, Carlos Kleiber (direction)
Enregistré au Musikverein, Vienne (mars et avril 1974 [1], novembre 1975 et janvier 1976 [2], septembre 1978 [3] et mars 1980 [4] – 157’57 (+ 72’56 Blu-ray)
Coffret de trois disques et d’un Blu-ray Deutsche Grammophon 479 2687 – Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Jon Tolansky





Quand on y réfléchit, il est assez surprenant que Carlos Kleiber (1930-2004) bénéficie d’une telle aura alors que son catalogue de musique purement orchestrale chez Deutsche Grammophon se résume à ces seuls trois disques! Car, et on y reviendra dans un prochain hommage au grand chef allemand à l’occasion des dix ans de sa disparition, il ne faut pas oublier les quelques gravures lyriques que Kleiber a également enregistrées pour la firme à la petite étiquette jaune qui demeurent en tous points mémorables: le Freischütz, la Traviata et Tristan notamment.


Voici donc, dans un coffret très agréablement présenté, agrémenté de célèbres photographies du chef d’orchestre (notamment avec les Wiener Philharmoniker pendant les sessions d’enregistrement des mois de mars et avril 1974), trois disques qui rassemblent les gravures symphoniques qui, dès leur parution, ont été portées aux nues et qui n’ont cessé, depuis, de figurer parmi les références incontestables des œuvres ainsi enregistrées.


On est emporté par ces interprétations pleines de vie où les cordes viennoises se montrent sous leur meilleur jour. L’Allegro con brio de la Cinquième de Beethoven bénéficie d’une incroyable dynamique (à partir de 3’ notamment), le deuxième mouvement sa parant quant à lui de couleurs somptueuses, ornant un discours qui n’est jamais statique, ni contemplatif. Quant au dernier mouvement, même s’il est pris à une allure relativement mesurée, on en sort assez éreinté grâce en particulier à un pupitre de cors tout à fait somptueux. La Septième, même si elle nous semble peut-être moins vivante qu’avec l’Orchestre de la Radio bavaroise (Orfeo) – il faut dire qu’il s’agit là d’un concert –, bénéficie d’un orchestre exceptionnel – les cors là aussi – et d’un chef qui s’emporte dans le discours, n’hésitant pas à accélérer par endroits le tempo initialement adopté. La vivacité des tempi est surtout perceptible et appréciable dans les deux symphonies de Schubert, notamment dans cette Troisième tout à fait exceptionnelle où la finesse de la clarinette et des cordes dans le premier mouvement (plus spécifiquement dans l’Allegro con brio) offrent à l’auditeur un modèle d’exécution. Comment ne pas regretter que Carlos Kleiber n’ait pas également enregistré les Cinquième et Sixième? On aurait par exemple rêvé de l’entendre dans l’Allegro moderato concluant cette dernière symphonie... L’Inachevée bénéficie également d’une allure très allante qui, néanmoins, ne lui fait perdre en aucune façon son caractère mélancolique: une version de référence là encore. Dans la Quatrième de Brahms, saluée elle aussi dès sa parution, les Wiener Philharmoniker sont souverains, Kleiber conduisant l’ensemble avec une tenue qui se retrouve dans le concert testament du mois d’avril 1996 à la tête de l’Orchestre de la Radio bavaroise. L’Allegro non troppo est dirigé avec une très grande fluidité où prédominent des cordes au soyeux reconnaissable entre tous. Quant à la petite harmonie, elle s’en donne à cœur joie dans l’Allegro giocoso avant que, dans une approche implacable, le chef autrichien ne s’engage dans un superbe quatrième mouvement, concluant avec maestria une version qui n’a vraiment pas fini d’être consacrée par les mélomanes.


En complément des trois disques audio, on trouvera dans ce coffret un Blu-ray qui, outre l’ensemble des œuvres par ailleurs disponibles sur les disques, permet d’entendre divers témoignages (tous en anglais) sur la manière de diriger de Carlos Kleiber, témoignages agrémentés de divers extraits sonores. Si certains versent essentiellement dans le panégyrique, d’autres sont nettement plus intéressants et instructifs. Pour ce qui nous concerne, nous en retiendrons deux. Le premier, de Werner Resel, violoncelliste des Wiener Philharmoniker et ancien président de l’orchestre, estimant qu’un orchestre demande à un chef de le pousser dans ses limites et de ne pas seulement montrer qu’il est heureux de les diriger. Or, dit-il, Kleiber les poussait toujours dans leurs derniers retranchements et il ne paraissait jamais satisfait de ce qu’il venait de faire... Comment également ne pas réagir au témoignage de Costa Pilavachi (Universal), qui aurait souhaité pouvoir reporter sur disque le fabuleux concert filmé à Amsterdam où Kleiber dirige les Quatrième et Septième de Beethoven? Or, Kleiber trouvait que le dernier mouvement de la Septième était trop rapide et que si l’on pouvait l’accepter dans le cadre d’un concert filmé, il ne pouvait en revanche l’admettre au disque. Comment ne pas à la fois le regretter et admirer cette parfaite honnêteté intellectuelle? Encore un témoignage en tout cas sur un des chefs les plus mystérieux du XXe siècle et, sans aucun doute, sur une des plus fabuleuses baguettes de cette époque.


Sébastien Gauthier

 

 

 

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