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11/15/2014
Wolfgang Amadeus Mozart : Requiem en ré mineur, K. 626
Sandrine Piau (soprano), Sara Mingardo (contralto), Werner Güra (tenor), Christopher Purves (basse), accentus, Insula Orchestra, Laurence Equilbey (direction)
Enregistré en la Chapelle royale du château de Versailles (février 2014) – 48’
Naïve V 5370 – Notice (en français et en anglais) de Florence Badol-Bertrand et traduction des textes chantés





Wolfgang Amadeus Mozart : Requiem en ré mineur, K. 626 (reconstruction de la création) – Misericordias Domini en ré mineur, K. 205a [222] – Reconstruction de la musique interprétée à l’occasion de la célébration de la messe de requiem pour Mozart, le 10 décembre 1791: «Requiem aeternam» & «Kyrie»
Joanne Lunn (soprano), Rowan Hellier (alto), Thomas Hobbs (ténor), Matthew Brook (basse)
Dunedin Consort, John Butt (direction)
Enregistré au Greyfriar’s Kirk, Edimbourg (15-19 septembre 2013) – 61’
SACD Linn Records CKD 449 – Notice en anglais de John Butt





Que peut-on ajouter à tant de versions du Requiem? C’est donc bien la circonspection qui nous gagne en mettant ces deux disques sur la platine pour écouter une œuvre où tous les plus grands chefs, orchestres et solistes se sont illustrés depuis des décennies avec des optiques et des réussites diverses.


Dans une atmosphère évidemment tout autre que celle dans laquelle nous a récemment plongé Mariss Jansons (voir ici), Laurence Equilbey nous donne à entendre ici une version tout à fait digne d’éloges. Même si l’acoustique n’est pas toujours optimale, ayant parfois tendance à fondre les pupitres ensemble là où l’on aurait aimé davantage de clarté, l’orchestre est excellent. Dès l’Introitus, les clarinettes et cors de basset instaurent un superbe climat tout en retenue sans pour autant traîner de manière excessive, Laurence Equilbey veillant au contraire à faire toujours avancer un discours extrêmement habité. Dans le Dies irae, les cordes frottent avec une frénésie communicative (à partir de 0’30) avant de briller de nouveau dans le Domine Jesu Christe. L’ensemble bénéficie également de chœurs splendides. On connaît bien sûr les réussites d’accentus, et ce dans des répertoires extrêmement divers: la cohésion et la clarté des timbres font de nouveau ici merveille. Dès le début du Requiem, accompagnés par des cordes qui rebondissent légèrement, il séduit l’oreille par sa justesse dans tous les sens du terme. La véhémence du Confutatis et la retenue de l’Agnus Dei sont de très grands atouts pour cette version où, là aussi, se sont frottés les plus grands chœurs à travers le monde. Dans le célébrissime Lacrymosa, la réussite est patente: sans alanguissement inutile, on ne peut rêver plus poignant. La déception (relative) vient du quatuor de solistes, qui s’avèrent d’ailleurs plus convaincants lorsqu’ils chantent ensemble (dans le Tuba mirum par exemple) que lorsqu’ils interviennent séparément. Tout en étant parfaitement à leur place, les voix féminines auraient peut-être mérité davantage de brillance, Sara Mingardo apparaissant notamment trop en retrait. Les voix masculines sont plutôt bonnes même si c’est surtout celle de la basse Christopher Purves que l’on retiendra.


Si les voix solistes avaient été mieux soignées, on aurait sans nul doute accordé une récompense à cette version qui n’en demeure pas moins tout à fait excellente, permettant au surplus au mélomane de découvrir au disque un orchestre qui mérite sans aucun doute d’être suivi avec attention.


Passons ensuite à la version dirigée par John Butt, sous-titrée «reconstruction of the first performance». En vérité, le principal intérêt de cette version est de recourir à une nouvelle édition établie par le musicologue David Black, qui se fonde à la fois sur la partition inachevée de Mozart, sur les travaux de Süssmayr et sur la première édition du Requiem parue chez Breitkopf & Härtel en 1800. À défaut de détailler ici les différences avec l’édition généralement entendue, on se concentrera sur l’interprétation en elle-même qui appelle à elle seule plusieurs commentaires. Tout d’abord, est-on chez Mozart ou chez Bach? Car, à écouter les voix du chœur dans le Requiem aeternam introductif, on a davantage l’impression de se trouver au cœur d’une cantate composée soixante ans plus tôt. Les seize voix du chœur (au sein duquel on trouve par ailleurs les quatre solistes) offrent une interprétation diaphane, très lisse, dont les couleurs (ou plutôt faudrait-il écrire l’absence de couleurs!) sont rehaussées par des cors de basset très secs. Cette sécheresse dérange bien évidemment une oreille habituée aux versions classiques (on pense bien sûr à des chefs comme Böhm) ou sur instruments d’époque (Herreweghe, Harnoncourt) mais qui n’ont pas totalement tourné le dos au passé comme on a l’impression de le percevoir ici. Certains passages sont plus réussis, l’âpreté des timbres s’accommodant davantage d’un rythme vif comme dans ce très beau Kyrie ou ce Domine Jesu sautillant du plus bel effet. Si certains mouvements sont ratés (le Tuba mirum aux trombones étrangement ouatés, le Confutatis, lourd, aux voix masculines presque chevrotantes), les chœurs et l’orchestre sont plutôt convaincants, y compris dans cet Agnus Dei pris assez rapidement, dégageant une théâtralité préférée à la sobriété à laquelle on est habitué dans ce passage. Les solistes ne sont guère enthousiasmants même s’ils tiennent honnêtement leur rang, notamment en ce qui concerne le ténor.


Complément de cette nouvelle version du Requiem, la version qui aurait été donnée le 10 décembre 1791, lors d’une messe dédiée à Mozart seulement cinq jours après la disparition du compositeur: seulement un Introit et un Kyrie aux effectifs considérablement allégés. Pourquoi pas... Quant au Misericordia Domini (1775), c’est une pièce brève (sept minutes à peine) dont la principale justification pour figurer sur ce disque tient vraisemblablement à sa tonalité de mineur. L’interprétation est très bien faite et bénéficie du même soin que celui apporté au plat de résistance de ce disque.


Sans nul doute, du strict point de vue musicologique, voilà donc une version intéressante du Requiem de Mozart mais qui, musicalement parlant, ne peut être mise entre toutes les mains. Entre Equilbey et Butt, notre préférence va donc à la française même si, dans l’absolu, Karl Böhm et quelques autres demeurent à nos yeux largement plus séduisants.


Le site de Christopher Purves
Le site d’accentus
Le site de l’Insula Orchestra
Le site de Thomas Hobbs
Le site de Matthew Brook
Le site du Dunedin Consort


Sébastien Gauthier

 

 

 

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