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11/08/2014
Europakonzert 2014
Otto Nicolai : Die lustigen Weiber von Windsor: Ouverture
Sir Edward Elgar : Falstaff, opus 68
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 5 en mi mineur, opus 64

Berliner Philharmoniker, Daniel Barenboim (direction), Henning Kasten (réalisation)
Enregistré en public à la Philharmonie de Berlin, (1er mai 2014) – 90’ (+ 10’ entretien avec D. Barenboim)
Blu-ray EuroArts 2059854 (ou DVD 2059858) – Son PCM Stereo – Format NTSC 16:9 – Region Code 0 – Notice (en anglais, allemand et français) de Janina Rinck





Et voici donc la dernière édition en date des Europakonzerte, ces concerts donnés chaque année le 1er mai par l’Orchestre philharmonique de Berlin pour célébrer sa fondation (le 1er mai 1882). Il y a quelques mois, c’était donc Daniel Barenboim qui officiait après avoir déjà dirigé les concerts donnés en 1992 au Palais de l’Escurial, en 1997 à Versailles et en 2006 à Prague sans compter celui, que nous n’avons pas vu, qui s’est tenu à Oxford en 2010. Si l’on ajoute à tout cela ses deux participations comme soliste sous la direction de Claudio Abbado lors de l’Europakonzert qui s’est tenu à Meiningen en 1994 et sous celle de Sir Simon Rattle dans le théâtre d’Hérode Atticus à Athènes en 2004, nul doute que le chef argentin est un habitué de ces grand-messes berlinoises à la fois musicales et festives, lui dont le premier contact avec le Philharmonique remonte à 1964 (il jouait alors le Premier Concerto de Bartók sous la direction d’un certain Pierre Boulez).


On a déjà eu l’occasion de l’écrire: un concert dirigé par Daniel Barenboim peut être excellent mais peut aussi s’apparenter à un véritable naufrage, qu’il soit d’ailleurs présent comme chef ou comme pianiste. En l’espèce, excellente surprise avec ce concert qui s’avère être d’une très grande qualité et pas seulement au niveau de l’image, parfaite, certains plans revêtant en outre une vraie originalité comme cette lente plongée des plafonds de la Philharmonie vers l’orchestre à 1’25. Apparemment assez fatigué (n’oublions pas qu’il est né en 1942), le chef commençait ce programme par une rutilante ouverture des Joyeuses Commères de Windsor (1849), le fameux opéra d’Otto Nicolai (1810-1849), qui ne possède néanmoins ici ni la légèreté, ni la spontanéité de Vienne sous la direction de Carlos Kleiber lors du génial Neujahrskonzert de 1992. Pour autant, les cordes sont à se pâmer et le hautbois solo est superbe. Usant comme c’est parfois le cas d’une gestique inutilement grandiloquente ou étrangement agitée (à 5’10), Daniel Barenboim conduit l’ensemble avec nervosité qui, au final, n’en demeure pas moins convaincante.


Mais c’est surtout la deuxième œuvre au programme qui fait tout le prix de ce concert puisque, avouons-le, on a rarement l’occasion d’entendre Falstaff (1913) d’Edward Elgar (1857-1934). Œuvre assez ambitieuse (près de quarante minutes), cette fresque nécessite un orchestre du plus haut niveau compte tenu des acrobaties techniques et de la musicalité requise: force est de constater que le résultat obtenu ici est admirable. Précisons d’ailleurs que Daniel Barenboim n’a jamais perdu de vue l’œuvre du compositeur anglais, lui qui a notamment enregistré le Concerto pour violon (avec son complice Itzhak Perlman), celui pour violoncelle (dont un enregistrement célèbre capté en concert avec Jacqueline Du Pré), la Deuxième Symphonie et, notamment, les cinq marches de Pomp and Circumstance. Il avait d’ailleurs également enregistré Falstaff du 8 au 10 novembre 1973 à la tête du Philharmonique de Londres dans un disque où figuraient également les Sea Pictures (Sony Classical). Daniel Barenboim est donc ici en terrain connu et cela se voit, qu’il s’agisse de faire frémir l’orchestre dans des accents dignes de ballets de Tchaïkovski (à 13’45), de lancer les cordes dans des accents véhéments (à 21’) qui n’excluent parfois pas un certain côté «Grand Guignol» ou dans des moments de très grande finesse (le passage lyrique où s’illustre le Konzertmeister Daniel Stabrawa à 27’). Les Berliner Philharmoniker jouent avec une fougue et une dextérité incroyables cette pièce qui, visiblement, les ravit compte tenu des sourires et regards en coin que les caméras nous montrent au fil des plans extrêmement variés du concert. Ce sera là d’ailleurs notre principale critique de ce Blu-ray que de voir cette succession souvent trop rapide des plans qui nous impose un flot d’images dont il faut fréquemment se départir pour que notre attention se porte autant sur la musique que sur l’écran. Prendre son temps n’est pas forcément critiquable! Le résultat musical est assez impressionnant et le public ne s’y trompe pas, réservant une véritable ovation à l’orchestre sitôt les derniers accords terminés.


En seconde partie, on abordait un pilier du répertoire avec la Cinquième Symphonie de Tchaïkovski, que le Philharmonique a bien entendu jouée à de multiples reprises, notamment lors d’un concert fabuleux donné en 1994, au Japon, sous la direction de Claudio Abbado. Et là, même si la présente interprétation n’a pas à rougir, la comparaison est difficile car Daniel Barenboim retrouve certains travers auxquels on pensait avoir échappé jusqu’ici lors de ce concert. Une direction parfois lourde (à 63’), des changements de tempo parfois intempestifs (la fin du quatrième mouvement est empressée à la limite d’être bâclée) qui, pour autant, n’empêchent pas les Berliner Philharmoniker de jouer cette symphonie avec une vraie réussite. Les solistes sont tous excellents (Wenzel Fuchs à la clarinette, le pupitre de cors) et les cordes offrent une puissance de feu comme on en entend rarement: on remarquera à ce titre la présence d’un nouveau venu au sein de l’orchestre au poste de violoncelliste solo, notre Bruno Delepelaire national, ainsi que la fougue dont Matthew McDonald fait preuve à la tête d’un pupitre de contrebasses toujours aussi impressionnant.


Le public berlinois (où l’on remarque la présence de Rolando Villazón) applaudit à tout rompre un de ses orchestres maison dès que les derniers accents ont retenti dans la grande salle de la Philharmonie. Visiblement, ils en sont fiers: ils ont raison!


La page de l’Orchestre philharmonique de Berlin consacrée aux Europakonzerte


Sébastien Gauthier

 

 

 

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