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10/27/2014
Europakonzert 1997
Maurice Ravel : Le Tombeau de Couperin
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 13 en ut majeur, K. 387b [415]
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 3 en mi bémol majeur «Héroïque», opus 55
Berliner Philharmoniker, Daniel Barenboim (piano et direction), Bob Coles (réalisation)
Enregistré en public à l’Opéra royal du Château de Versailles le 1er mai 1997 – 97’ (et documentaire 19’)
Blu-ray EuroArts 2012794 – Son PCM Stereo - Format NTSC 16:9 - Region Code 0 - Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Janina Rinck
Europakonzert 1999
Wolfgang Amadeus Mozart : Exsultate, jubilate, K. 158a [165] – Grande messe en ut mineur, K. 417a [427]: «Et incarnatus est»
Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 2, opus 21
Robert Schumann : Symphonie n° 1 «Frühlingssinfonie», opus 38
Christine Schäfer (soprano), Emanuel Ax (piano), Berliner Philharmoniker, Bernard Haitink (direction), Bob Coles (réalisation)
Enregistré en public en l’église Sainte-Marie de Cracovie le 1er mai 1999 – 95’ (et documentaire 19’)
Blu-ray EuroArts 2013194 – Son PCM Stereo - Format NTSC 16:9 - Region Code 0 - Notice trilingue (anglais, allemand et français) de Janina Rinck
EuroArts poursuit méthodiquement l’édition des Europakonzerte que l’Orchestre philharmonique de Berlin donne chaque année, le 1er mai, pour célébrer dans une grande ville européenne l’anniversaire de sa création, le 1er mai 1882. On a déjà eu l’occasion de parler dans ces colonnes des éditions qui se sont déroulées à Prague à trois reprises en voir 1991, 2006 et 2013, au Palais de l’Escurial en 1992, à Meiningen en 1994, à Florence en 1995, à Stockholm en 1998, à la Philharmonie de Berlin en 2000, à Istanbul en 2001, à Palerme en 2002, à Moscou en 2008 et à Naples en 2009.
On passera rapidement sur le second concert présenté ici: consacré à l’édition 1999, qui s’est déroulée à Cracovie, sa parution en DVD déjà été chroniquée dans nos colonnes (voir ici). Le seul intérêt de cette nouvelle parution est de la voir arriver sous forme de Blu-ray. Car, comme cela avait déjà été écrit, on s’ennuie ferme avec un concert dont le programme est assez déroutant: pourquoi Mozart à Cracovie? Pourquoi un extrait de 5 minutes de la Grande messe en ut mineur? Les caméras prennent plaisir à nous montrer quelques détails de la très belle église Sainte-Marie (les sculptures faméliques du retable à 10’, une vue globale du lieu à 31’50 par exemple ou ses plafonds ajourés à 70’20) qui, parfois, renvoient à ce que l’on entend comme cette intervention du cor dans le mouvement conclusif du concerto de Chopin à 55’10... Hors ces clins d’œil, l’oreille est flattée par un beau son mais Christine Schäfer déroule son Exsultate, jubilate sans grande émotion alors qu’elle en avait donné un très bel enregistrement avec ce même orchestre, sous la direction de Claudio Abbado en septembre 1997 (disque Deutsche Grammophon). Dans le concerto de Chopin, le «régional de l’étape», Emanuel Ax, développe un très beau jeu, sans excès, assez sobre somme toute, qui rend parfaitement justice à l’œuvre. D’une direction un peu raide, Haitink fait doucement ronronner l’orchestre qui ne brille qu’au travers des quelques interventions solistes (Albrecht Meyer au hautbois, Andreas Blau à la flûte...). Dans la Première Symphonie de Schumann, on écoute l’ensemble avec plus de distraction qu’autre chose puisque l’interprétation, parfaitement léchée, ne distille guère de passion. On oubliera donc bien vite ce concert assez froid après avoir signalé quelques erreurs de traduction: ainsi, Emanuel Ax est bien soliste du concerto de Chopin mais pas de l’œuvre de Schumann (contrairement à ce qu’indique la quatrième de couverture du Blu-ray) et Mozart n’a pas beaucoup composé de musique «pour cette église [de Cracovie]», contrairement à ce que dit la traduction française en page 9 du livret.
Deux ans plus tôt, l’édition 1997 de l’Europakonzert avait lieu en France, plus précisément sous les ors de l’Opéra royal du château de Versailles, Daniel Barenboim étant alors à la baguette. Et voilà une assez bonne surprise, ma foi! Il est vrai que les prestations du chef d’origine argentine sont sujettes à caution, pouvant aller de la plus grande inspiration au plus grand désastre: en l’espèce, on est plutôt dans un bon cru. Dès le Tombeau de Couperin, la direction est fine, les solistes répondant tous avec une dextérité et une finesse exceptionnelles: mention spéciale à Hansjörg Schellenberger au hautbois – on n’en dira pas autant, en revanche, du choix de sa cravate qui, comme toujours dans ce type de concerts, nous permet de juger du plus ou moins bon goût vestimentaire des musiciens... – dans le Prélude et le Menuet, sans oublier la harpe délicieuse de Marie-Pierre Langlamet ou, plus largement, l’ensemble des bois. Dans le rarement joué Treizième Concerto de Mozart, Barenboim nous rappelle une nouvelle fois quel pianiste il peut être dans ses bons jours. Qu’il s’agisse de sa dextérité (à 20’) ou du jeu extrêmement contrasté dans le troisième mouvement, il nous livre une excellente prestation à laquelle répond un orchestre tout aussi convaincant sous la houlette du Konzertmeister Rainer Kussmaul. Le jeu des caméras bénéficie d’une assez belle variété de plans qui, outre les détails du lieu (à 27’26, la vue est tout particulièrement impressionnante), nous permet de bénéficier de gros plans très expressifs du chef-soliste (à 29’20 ou 41’25 par exemple). L’appréciation sera plus mitigée en ce qui concerne l’Héroïque. Non pas que l’interprétation ne fût pas à la hauteur mais Barenboim distille de temps en temps quelques lourdeurs inutiles ou une précipitation dans le dernier mouvement qui ne se justifiait en aucune façon. L’orchestre, évidemment rompu à ce répertoire (Hans-Joachim Westphal en chef d’attaque des seconds violons, Klaus Stoll à la tête des huit contrebasses...), se montre sous un excellent jour: à ce titre, comment ne pas être impressionné par la vigueur des contrebasses à 86’40 dans le mouvement conclusif? Sans être aussi beau que certains autres Europakonzerte (on pense évidemment aux crus 1994, 2002 et 2009), l’édition 1997 s’affirme comme étant sans nul doute dans la bonne moyenne.
La page de l’Orchestre philharmonique de Berlin consacrée aux Europakonzerte
Sébastien Gauthier
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