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08/15/2014
Jean Sibelius : Lemminkäis-sarjaan, opus 22 – Skogsrået, opus 15
Sinfonia Lahti, Osmo Vänskä (direction)
Enregistré à la salle Sibelius, Lahti (novembre 2006 [Skogsrået]) et octobre 2007) – 69’37
SACD BIS 1745 – Notice (en anglais, finnois, allemand et français) d’Andrew Barnett


 Sélectionné par la rédaction





Osmo Vänskä fut chef principal de l’Orchestre symphonique de Lahti de 1988 à 2008 et c’est avec cet orchestre qu’il entreprit pour BIS dès 1996 l’immense travail que représente une intégrale des œuvres de Jean Sibelius (1865-1957), qu’il acheva en 2006. Par rapport aux différentes parutions jusqu’à aujourd’hui, les versions des deux magnifiques œuvres qu’il présente ici ont un double avantage. Les enregistrements sont relativement récents, datant de ses dernières années comme chef principal d’un orchestre avec lequel il était alors en parfaite symbiose. L’enregistrement de La Nymphe des bois remplace l’original de 1996 et celui de Lemminkäinen, encore inédit, l’enregistrement de 1999, dont Vänskä n’était pas entièrement satisfait. Pour cette récente édition (avril 2014), comme pour l’album d’initiation à la musique de Sibelius, «The Sound of Sibelius» (BIS SACD 1645) qui ne programme que deux des quatre «légendes» de la Suite de Lemminkäinen, les deux œuvres bénéficient pour la première fois de la fine technologie «Super Audio».


C’est un très beau programme tout à fait réussi, qui présente un intérêt certain bien au-delà de ses aspects nouveaux. Moins connu que Lemminkäinen, La Nymphe des bois, est un poème symphonique créé par Sibelius lui-même en 1895. Il se fonde sur un poème d’A.V. Rydberg qui lui avait déjà inspiré une vaste mélodie (JS 171) en 1889, et, peu avant le poème symphonique mais sur le même matériau et avec le même numéro d’opus, une brève pièce pour piano et un mélodrame pour récitant, piano, deux cors et cordes. Du traitement plus richement étendu du matériau résulte une partition en un seul mouvement d’une durée comparable à celle de la Septième Symphonie. La nymphe de Sibelius n’est pas une tendre sylphide mais un être envoûtant du domaine de Tapio, divinité terrible de la forêt sombre et menaçante de la mythologie finlandaise. L’homme qu’elle ensorcèle et abandonne vivra éternellement dans le souvenir de son idylle évanouie, vidé de sa force vitale et de sa raison d’être.


Le fort pouvoir de suggestion de la partition, l’orchestration raffinée et la modalité fluctuante tracent les climats des quatre strophes du poème de la marche vigoureuse et ensoleillée du volet initial au chant éperdu final sous-tendu des rythmes marqués des accords de cuivres et posé sur les longs roulements graves des percussions. Les strates mobiles, les scintillements et les bruissements fantasques du deuxième volet suggèrent la forêt maléfique alors que le troisième, aux sinuosités russo-orientales traversées de la ligne mordorée d’un violoncelle seul, appartient à la nymphe. La tension est permanente, sa puissance intensément soutenue par la direction dynamique et efficace du chef finlandais.


Composée un an à peine plus tard près de Lahti, la Suite de Lemminkäinen en quatre parties revient a l’épopée du Kalevala, son inspiration les quatre légendes qui content les aventures du héros éponyme. En 1999, Vänskä grava les deux versions de l’œuvre: l’originale de 1896 et la version définitive achevée en 1939 qui inverse les deux épisodes à Tuonela, les deux derniers volets, mis au point en 1900 et souvent entendus séparément, maintenant en deuxième et quatrième position: «Lemminkäinen et les Jeunes Filles de l’Ile», «Le Cygne de Tuonela», «Lemminkäinen à Tuonela» et «Le Retour de Lemminkäinen». La composition livre un portrait tout en essence vive de Lemminkäinen, guerrier violent, séducteur irrépressible et cavalier intrépide qui après ses aventures dans l’Ile et son échec désastreux aux enfers entreprend la chevauchée fantastique de son retour.


Cette nouvelle interprétation de la version définitive améliore la première par la qualité technique de la prise de son mais aussi par le souffle, la tension, le dynamisme et la beauté timbrale de la prestation de Vänskä et des musiciens inspirés de l’Orchestre symphonique de Lahti, les cuivres rutilants ou redoutables, la percussion en ostinato implacable, les cordes divisées fortes ou frémissantes. Momentanément privé des scintillements des bois clairs, le cor anglais de Jukka Hirvikangas file avec sensibilité la célèbre mélopée envoûtante du «Cygne» aux tenues harmoniques des cordes. Le développement organique de la partition établit avec finesse les relations thématiques et harmoniques entre les quatre volets, les rythmes soutenus porteurs de sens et la palette sonore richement inventive. L’expressivité et le phrasé impeccable des Finlandais la défendent bien.


Le site de l’Orchestre symphonique de Lahti


Christine Labroche

 

 

 

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