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07/15/2014 Wolfgang Amadeus Mozart: Symphonies n° 39 en mi bémol majeur, K. 543, n° 40 en sol mineur, K. 550, et n° 41 «Jupiter» en ut majeur, K. 551 Orchestre du XVIIIe siècle, Frans Brüggen (direction)
Enregistré en public au Palais des concerts De Doelen, Rotterdam (4 mars 2010) – 92’02
Album de deux disques Glossa GCD 921119 (distribué par Harmonia mundi) – Notice en anglais, français et allemand
Must de ConcertoNet
Frans Brüggen (né en 1934) n’a cessé de fréquenter l’œuvre de Mozart, ayant notamment gravé des versions superlatives de certaines symphonies ou concertos (on mentionnera ici le superbe disque consacré au Concerto pour clarinette avec Eric Hoeprich en soliste ainsi que sa version, une des plus belles qui soient à notre avis, de la Gran Partita).
Le présent disque rassemble les trois dernières symphonies, enregistrées en concert, le 4 mars 2010, à Rotterdam, œuvres que le chef néerlandais avait déjà gravées avec beaucoup de réussite dans une série jadis parue chez Philips. Or, contrairement à ce que l’on aurait éventuellement pu penser au premier abord, puisque Frans Brüggen n’est aujourd’hui physiquement que l’ombre de lui-même, celui-ci illumine véritablement ces trois œuvres dans une optique bien différente de celle adoptée récemment par Philippe Herreweghe (voir ici).
Adoptant pour chacune d’entre elle des tempi assez allants, Brüggen dirige l’ensemble avec un naturel confondant qui sublime véritablement chaque mouvement. Ecoutez par exemple l’Andante de la Quarantième: la finesse des cordes, les légers ralentis imposés par le chef, la discrétion des cors... Tout est joué de façon idéale, à l’instar du troisième mouvement (Menuetto), qui bénéficie d’un sens de la respiration conférant à l’ensemble une incroyable évidence: même les légères appogiatures de la clarinette dans le troisième mouvement de la Trente-neuvième semblent imposées par la partition. Pour autant, l’interprétation de Brüggen et de ses fidèles compagnons de l’Orchestre du XVIIIe siècle ne se réfugie pas dans l’amabilité à laquelle on associe trop facilement la musique du divin enfant de Salzbourg. Le tragique transcende le premier mouvement de la Quarantième et la grandeur s’impose dès le début de la «Jupiter»: ici encore, à défaut de redécouvrir des symphonies dont la discographie est surabondante, on a véritablement l’impression de toucher à l’idéal. On est bien loin de l’impression mitigée que Brüggen avait laissée lorsque, il y a quelques années, il avait dirigé la Quarantième et le Requiem à Paris.
A nos yeux, et cet enregistrement le prouve aisément, en dépit des années qui passent, Frans Brüggen conserve plus que jamais ses lauriers de très grand mozartien.
Le site de l’Orchestre du XVIIIe siècle
Sébastien Gauthier
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