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05/04/2014 Johann Friedrich Fasch : Ouverture en ré mineur pour trois flûtes, trois hautbois, basson, cordes et basse continue [1] – Concerto en ré pour deux corni da caccia, deux hautbois, basson, cordes et basse continue [1] – Ouverture en si bémol «a due cori» [1] – Sonates en sol mineur, en fa, en si bémol, en ré mineur, en fa (Quattro) et en fa [2] Virtuosi Saxoniae, Ludwig Güttler (corno da caccia et direction) [1], Burkhard Glaetzner, Ingo Goritzki (hautbois), Thomas Reinhardt, Lutz Klepel (basson), Siegfried Pank (viole de gambe), Achim Beyer (violone), Christine Schornsheim (clavecin) [2]
Enregistré à la Lukaskirche, Dresde (novembre 1986 et mai 1987 [1]) et à la Paul-Gerhardt-Kirche, Leipzig (janvier et mai 1987 [2]) – 132’35
Album de deux disques Brilliant Classics 94673 – Notice (en anglais) de Wolfgang Lempfrid et Manfred Fechner
«25 Years Il Fondamento Anniversary Box»
Johann Sebastian Bach : Les quatre Suites pour orchestre, BWV 1066 à 1069 [1]
Tomaso Albinoni : Concertos pour hautbois, opus 7/3, opus 7/6, opus 7/9 et opus 7/12 – Concerti a cinque opus 9/2, opus 9/5, opus 9/8 et opus 9/11 [2]
Johann Friedrich Fasch : Ouvertures en sol mineur, FWV K :g2, en ré mineur, FWV K :d4, et en sol majeur, FWV K :g15 [3]
Il Fondamento, Paul Dombrecht (hautbois solo et direction)
Enregistré dans la Landscommanderij d’Alden Biesen (février 2004 [3]), à l’Augustinus Muziekcentrum d’Anvers (28-31 octobre 2008 [2]) et dans la chapelle du cloître des sœurs de St. Vincentius a Paulo de Gijzegem (14-18 avril 2010 [1]) – 238’26
Coffret de quatre disques Fuga Libera FUG 717 (distribué par Outhere) – Notice an anglais, français et néerlandais
Johann Friedrich Fasch (1688-1758) fait depuis plusieurs années l’objet d’une véritable redécouverte comme en témoignent de nombreux enregistrements (voir par exemple ici, ici et ici) et l’activité menée par l’International Fasch Society qui, créée en 1991, remémore non seulement les œuvres et la vie du père mais également celles du fils, Carl Friedrich Christian Fasch (1736-1800), compositeur de son état. Les deux coffrets qui nous sont ici offerts apportent à leur tour une pierre à l’édifice.
Commençons par le plus ancien, puisque rassemblant des enregistrements réalisés dans l’ancienne Allemagne de l’Est sous la houlette de Ludwig Güttler, trompettiste virtuose bien connu pour être depuis plusieurs décennies maintenant un spécialiste du répertoire concertant baroque. Les trois œuvres présentées sur le premier disque, deux ouvertures et un concerto, sont inédites pour des raisons qui ne nous sont malheureusement pas expliquées dans la notice d’accompagnement. Leur caractère inconnu tient-il au fait que ce sont trois œuvres arrangées par des musicologues (dont Manfred Fechner, auteur d’articles et d’éditions critiques sur Fasch et ses contemporains)? S’agit-il tout simplement de pièces qui n’auraient jusqu’alors jamais été enregistrées et qui, au surplus, ne seraient pas répertoriées par l’International Fasch Society (elles ne figurent pas dans le répertoire tenu à jour sur le site de la société)? On n’en saura malheureusement rien. L’auditeur devra donc être très attentif à ce qu’il écoute puisque, par exemple, le Concerto en ré pour deux corni da caccia n’a rien à voir, en dépit d’effectifs identiques et de minutages très proches, avec le Concerto FWV L :F2 que l’on peut rencontrer par ailleurs (notamment dans la très belle interprétation de Ludger Rémy dirigeant Les Amis de Philippe, dans un enregistrement d’avril 2008 publié chez cpo). La première ouverture, une des nombreuses Ouvertures en ré mineur de Fasch, est certes agréable à écouter (dès les premiers accents du premier mouvement, «Ouverture») mais souffre d’un prosaïsme qui provoque très rapidement l’ennui. Les instruments se succèdent ainsi les uns aux autres sans imagination (l’«Air I»), seul le passage intitulé «Les Jardiniers» recouvrant enfin un peu de fraîcheur. Le concerto au programme de ce disque met donc en valeur les corni da caccia: l’ensemble est brillant en dépit d’un rythme là aussi assez pesant et d’une interprétation plutôt neutre. La deuxième ouverture a due cori fait alterner mouvements rapides et mouvements lents (les trois Airs») de façon très classique, ne retenant là encore guère l’attention hormis un dernier mouvement (deux «Passepieds») tout à fait charmant où les bassons s’en donnent à cœur joie.
Le second disque nous permet ensuite d’entendre six sonates pour un effectif immuable: deux hautbois, un basson (deux bassons dans une des sonates) et une basse continue. Contrairement à ce que l’on pouvait supposer a priori, les mouvements s’avèrent forts différents les uns et des autres et le résultat recèle une variété insoupçonnable. Quoi de commun en effet entre ce second Largo dans la première des deux Sonates en fa, où la voix principale est confiée au basson, et le Largo implorant de la Sonate en si bémol où les hautbois sont souverains? De même, les mouvements rapides s’avèrent pleins de surprises dans les traits et les mélodies: on signalera notamment un très beau Un poco allegro au sein de la Sonate en ré mineur, témoignage de la grande réputation qu’avait Fasch dans l’usage des instruments à anche double.
L’ensemble Il Fondamento a été créé en 1989 par le hautboïste Paul Dombrecht: l’année 2014 marque donc son vingt-cinquième anniversaire. Bach (Johann Sebastian ou son fils Wilhelm Friedemann), Händel, Zelenka, Telemann mais aussi Fux, Hasse ou Abel: autant de compositeurs que ce magnifique ensemble a enregistrés, généralement pour en faire de véritables références.
La publication du présent «coffret anniversaire», qui reprend des enregistrements réalisés au cours des années récentes, permet tout d’abord d’écouter là encore quelques pièces de Fasch, dont l’Ouverture en sol mineur qui déborde ici de poésie et d’énergie (quelle Aria Allegro!), rejoignant ainsi la lecture superlative qu’en avait faite Trevor Pinnock et son English Concert (chez Archiv Produktion). Mais la pièce la plus réussie est sans doute l’ouverture suivante, dans la si belle tonalité de ré mineur: le foisonnement orchestral du premier mouvement («Ouverture»), où les cordes fourmillent sous les interventions solistes des hautbois et bassons, est truculent.
Le coffret nous offre ensuite la possibilité de réécouter une excellente version des Suites pour orchestre de Johann Sebastian Bach (1685-1750), même si l’orchestration et certains partis pris ont pu nous irriter avant, néanmoins, de nous séduire, tant tout cela est fait avec intelligence et musicalité. Le dernier disque est consacré pour sa part à plusieurs Concertos pour hautbois de Tomaso Albinoni (1671-1751). La technique de Paul Dombrecht lui permet de ne penser qu’à la musicalité de ces œuvres brèves (un seul mouvement sur les vingt-quatre de ce disque dépassant les 4 minutes...) où l’entrain (l’Allegro introductif du Concerto opus 7/6 ou le vif Allegro du Concerto opus 7/12) le dispute à la mélodie aux motifs si simples de tel ou tel mouvement lent (écoutez à ce titre le très bel Adagio du Concerto opus 7/12). Même si l’on peut trouver ces concertos peu recherchés, l’ensemble, parfaitement réalisé, s’écoute avec un réel plaisir.
Le site de l’International Fasch Society
Le site de Ludwig Güttler
Le site de l’ensemble Il Fondamento
Sébastien Gauthier
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