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04/30/2014 Le Corsaire Adolphe Adam, Anton Arensky, Edouard Lalo, David Coleman, Jules Massenet, Jean Sibelius (musique), Kader Belarbi (livret, adaptation, chorégraphie et mise en scène)
Maria Gutierrez (L’esclave), Davit Galstyan (Le corsaire), Takafumi Watanabe (Le Sultan), Juliette Thelin (La concubine), Ballet du Capitole, Orchestre national du Capitole de Toulouse, David Coleman (direction musicale), Sylvie Olivé (décors), Olivier Bériot (costumes), Marion Hewlett (lumières)
Enregistré au Théâtre du Capitole, Toulouse (19 mai 2013) – 100’
Opus Arte Blu-ray OA BD7140 D (ou DVD OA1129 D)
Sélectionné par la rédaction
Il est bien rare de pouvoir assister hors des pays de l’ex-URSS à une représentation complète du Corsaire, tant ce ballet romantique créé en 1856 à l’Opéra de Paris, alors Théâtre Imperial, a délaissé le répertoire des compagnies occidentales, réduit a son «Pas de deux» immortalisé à jamais par Rudolf Noureev et Margot Fonteyn, exercice obligé de tous les concours et galas de danse classique. C’est dire si la volonté de Kader Belarbi en 2013, nouvellement nommé à la tête du Ballet du Capitole de Toulouse, de redonner vie à cette légende a été bien accueillie et la parution de son enregistrement fortement attendue. Le souhait principal du danseur étoile a été de simplifier, clarifier, une action passablement embrouillée, demandant pour cela au chef d’orchestre britannique David Coleman, très spécialisé dans le ballet, d’en réaliser une nouvelle partition.
Voici donc Le Corsaire dépoussiéré, débarrassé de son académisme (Byron est plus dans l’air que sur scène) et rendu à son atmosphère dans un Orient très joliment stylisé par Sylvie Olivé, qui joue de voiles et structures légères et amovibles, et aux costumes d’Olivier Bériot, plus vaporeux qu’opulents et accompagnant merveilleusement la danse, au contraire de ceux des Ballets russes, référence obligée. Les éclairages très poétiques de Marion Hewlett ajoutent à cet Orient sensuel un je-ne-sais-quoi de strehlérien, comme une réminiscence de son Enlèvement au sérail. Tous les grands mythes littéraires de l’Orient, de Sinbad aux Mille et une Nuits, de La Bayadère, qu’il a beaucoup dansée à l’Opéra de Paris, à Schéhérazade, passent dans la chorégraphie simple, claire, voluptueuse et épurée, toute en lignes sinueuses de Belarbi.
Les deux danseurs principaux du Ballet du Capitole, Maria Gutierrez et Davit Galstyan, se tirent avec honneur des difficultés de la chorégraphie originale dont le bien attendu «Pas de deux». Mais ils ont en plus une grâce, une légèreté et une jeunesse qui siéent très bien aux rôles. Très intéressant, le personnage de la concubine du Sultan ajouté par Belarbi et qui, avec son impayable chapeau pointu, tire les ficelles de l’action (Juliette Thelin, très engagée). Beaucoup d’élégance aussi chez le sultan de Takafumi Watanabe, autre pilier de cette troupe qui excelle dans tous les tableaux d’ensemble, scènes de corsaires, harem, batailles au sabre, odalisques et autres marché aux esclaves. La partition de David Coleman donne tout son sens et une véritable structure à l’argument, qui en ressort beaucoup plus crédible. L’Orchestre national du Capitole dans la fosse est un véritable luxe sous sa direction. Une version qui fera bientôt référence et demeurera certainement un pilier du répertoire cette excellente compagnie.
Olivier Brunel
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