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05/01/1999
Astor Piazzola : Tango Ballet, Concierto del Angel, Tres Piezas para Orquesta de Camara
Gidon Kremer, violon ; Astor Quartet ; Kremerata Baltica
TELDEC WE 810
Gidon Kremer avait donné il y a quelques années, au Théâtre de la Ville, un concert consacré à la musique d’Astor Piazzola. Il avait alors cette raideur des musiciens classiques lorsqu’il interprètent des musiques improvisées. A l’écoute de ce disque, il semble que quelques années de compagnonnage assidu avec la musique du musicien argentin lui ont permis de se l’approprier comme un langage presque naturel. Tango Ballet est une musique de film, et Concierto des Angel, une suite de pièces essentiellement composées pour le théâtre. L’influence du classique y est très audible. Astor Piazzola se destinait en effet à être un compositeur classique, avant que Nadia Boulanger lui conseille de se consacrer à son tango qui, selon elle, reflétait le " vrai Astor ". Sa principale influence semble être ici celle de Stravinsky. Mais que l’on ne s’y trompe pas : cela reste du Piazzola, du tango aux harmonies et à la structure complexifiées. Arrangé pour cordes et pour violon principal (plutôt que pour bandonéon principal), la musique diffère singulièrement des interprétations de Piazzola lui-même : l’enregistrement est, de ce point de vue, assez intéressant pour identifier la couleur émotionnelle des orchestres classiques, faisant la part belle aux cordes. Jouée par son groupe, la musique de Piazzola était alors plus solaire, plus aérée, moins compacte. Fascinante et merveilleusement réalisée, la vision plus crépusculaire de Gidon Kremer et de sa Kremerata Baltica vaut également le détour. Kremer joue avec son hyper-intensité habituelle, et excelle tout autant dans les moments de danse exubérante et énergétique que dans les passages intérieurs, qui trahissent un certain désespoir. Un désespoir plein d’énergie qui ne saurait laisser insensible. C’est beau et c’est émouvant.
Stéphan Vincent-Lancrin
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