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04/21/2014 Anton Bruckner : Symphonie n° 3 en ré mineur (version Nowak de 1877)
Igor Stravinsky : Symphonie en trois mouvements Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Sir Georg Solti (direction), Hugo Käch (réalisation)
Enregistré en public à la Philharmonie du Gasteig, Munich (11 juin 1993) – 89’
Arthaus Musik 100 321 – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Region Code 0
Anton Bruckner : Symphonie n° 6 en la majeur (version Nowak de 1882)
Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (direction), Henning Kasten (réalisation)
Enregistré en public à la Philharmonie de Berlin (22 juin 2010) – 58’51
Accentus Music/Unitel Classica ACC 102176 – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Region Code 0
Sélectionné par la rédaction
Celibidache rehearses Bruckner’s Ninth
Müncher Philharmoniker, Sergiu Celibidache (direction), Jan Schmidt-Garre (réalisation)
Enregistré à la Philharmonie de Munich – 58’
Blu-ray Arthaus Musik 108 089 – Son PCM Stereo – Format NTSC 4:3 – Region Code 0
Après avoir connu une relative éclipse, les Symphonies d’Anton Bruckner (1824-1896) sont depuis plusieurs années régulièrement à l’affiche des salles de concert. De fait, les DVD permettant de revivre certaines représentations se multiplient pour le plus grand bonheur des mélomanes: ainsi, on a eu l’occasion de confronter plusieurs grands chefs dans les Quatrième et Cinquième.
Parmi ceux-ci ne figurait pas Sir Georg Solti (1912-1997), qui a pourtant enregistré Bruckner assez fréquemment au point de laisser une très belle intégrale à la tête de l’Orchestre symphonique de Chicago (Decca) outre les Septième et Huitième également gravées avec les Wiener Philharmoniker et disponibles chez le même éditeur. Le concert qu’il nous est ici donné de voir rassemble deux œuvres, dont la Troisième Symphonie de Bruckner qui, avouons-le, est loin de connaître la célébrité de plusieurs autres opus du compositeur autrichien. On admire une fois de plus l’autorité naturelle de Solti qui, en dépit d’une gestique toujours aussi étrange et dégingandée (la main gauche restant souvent posée sur sa poitrine tandis que la baguette effectue des volutes saccadées), dirige l’ensemble avec une précision métronomique. Ainsi, il faut voir la manière avec laquelle il conduit la coda du premier mouvement (à partir de 21’20). De même, comme tous les grands chefs, il dirige beaucoup par le regard: à cet effet, un passage du deuxième mouvement est assez emblématique de cette façon de faire, les départs des différents pupitres ou solistes n’étant indiqués que par un bref haussement de sourcils (à 30’), la baguette servant bien souvent à seulement rappeler à l’ensemble de l’orchestre le tempo à suivre (vers 32’30). En dépit d’un visage assez dur et globalement fermé, Sir Georg Solti se détend de temps à autre, gratifiant ainsi ses musiciens d’un large sourire à la mesure du résultat obtenu (celui-ci sera d’ailleurs franc et éclatant au moment des saluts), cette interprétation de la Troisième étant effectivement en tous points exemplaire. On regrettera néanmoins que les caméras n’aient pas choisi des angles de prises de vue un tant soit peu plus larges car, Solti étant loin d’être immobile sur le podium, les cameramen ont visiblement éprouvé quelque difficulté à suivre les gestes du chef sans que ceux-ci ne soient en partie coupés à un moment ou à un autre. Quant au complément, la Symphonie en trois mouvements d’Igor Stravinsky (1882-1971) à laquelle était consacrée la première partie du concert, c’est une œuvre où le chef se sent plus à l’aise que l’orchestre, Solti dirigeant l’ensemble de manière décontractée (toujours aidé d’une battue sans cesse en mouvement mais terriblement difficile à comprendre, comme dans le premier mouvement à 6’50). En conclusion, un excellent concert qui, pour les amateurs, pourra être utilement complété par le film du concert, disponible à ce jour seulement sur YouTube où Sir Georg Solti dirige cette fois-ci son Orchestre de Chicago dans une puissante Sixième Symphonie de Bruckner: quel témoignage là aussi!
Changement de cadre avec le concert suivant qui fait suite à d’autres publiés dans la même collection des Symphonies de la maturité de Bruckner. Ainsi, après d’excellentes Quatrième et Cinquième, voici un nouveau volume de cette série dirigée à la Philharmonie de Berlin par Daniel Barenboim qui bénéficie là des forces de la Staatskapelle pour une Sixième Symphonie magnifique. L’image est toujours d’une qualité exceptionnelle de même que le rendu sonore: alors que nous sommes dans notre salon, nous sommes véritablement au concert! Le jeu des caméras, bien que classique, nous permet de bénéficier d’une vue assez variée des différents pupitres dont celui des huit contrebasses dirigé pour l’occasion par le contrebassiste solo des Berliner Philharmoniker, Klaus Stoll. On pourra néanmoins regretter une façon de filmer parfois trop scolaire, le réalisateur s’attachant à montrer celui qui joue au moment où il intervient effectivement alors qu’un contrechant ou une vue du chef ou de l’orchestre dans son ensemble aurait pu être préférable. Même si la fin du premier mouvement (Majestoso) est un peu lourde et manque à notre sens de majesté, l’ensemble est d’une grande beauté notamment dans le passage à 13’50 où l’orchestre vibre tout entier, à l’image de la jeune corniste solo Patricia Gerstenberger (très justement ovationnée par le public et ses collègues à la fin du concert). L’Adagio-Sehr feierlich est également très bien réalisé. L’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin bénéficie il est vrai d’excellents musiciens – quels cors à 24’30 mais aussi dans le troisième mouvement! – qui répondent au doigt et à l’œil à la moindre inflexion des mains ou des bras de leur chef titulaire. Le triomphe reçu à la fin de la symphonie est amplement mérité et fait de ce disque le meilleur de la série dirigée par Daniel Barenboim et actuellement disponible.
Quant au troisième DVD, il nous permet de suivre un autre grand brucknérien en la personne de Sergiu Celibidache (1912-1996) à la tête de ses Müncher Philharmoniker lors d’une répétition de la Neuvième Symphonie à la Philharmonie de Munich. On ne peut que se féliciter de voir ce documentaire, déjà chroniqué dans nos colonnes (voir ici), désormais au format Blu-ray, qui nous permet de suivre Celibidache répétant le seul troisième mouvement de la Neuvième. Démentant plusieurs clichés le concernant (notamment celui selon lequel il serait constamment tyrannique), Celibidache s’adresse à ses musiciens avec gentillesse, les appelant même à un moment «mes enfants», distillant ses conseils ou ses souhaits de façon toujours très opportune. Les films sur les répétitions menées par de grandes baguettes sont toujours très instructifs: en voici un nouvel exemple qui, regrettons-le à notre tour, aurait sans nul doute mérité d’être complété par l’exécution de ce même mouvement en concert.
Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise
Le site de l’Orchestre de la Staatskapelle de Berlin
Le site de l’Orchestre philharmonique de Munich
Sébastien Gauthier
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