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04/07/2014
Harrison Birtwistle : Three Settings of Lorine Niedecker for soprano and violoncello – Trio for violin, violoncello and piano – Bogenstrich (Meditation on a poem of Rilke) – Nine Settings of Lorine Niedecker for soprano and violoncello
Amy Freston (soprano), Roderick Williams (baryton), Lisa Batiashvili (violon), Adrian Brendel (violoncelle), Till Fellner (piano)
Enregistré à Munich (août 2011) – 66’15
ECM New Series 476 5050 (distribué par Universal)





Sélectionné par la rédaction


Pour célébrer les quatre-vingts ans de Sir Harrison Birtwistle, né en 1934, cinq musiciens talentueux proposent un programme de musique de chambre, belle mais assez remarquable voire à l’occasion inattendue au cœur de l’œuvre de ce compositeur britannique puissamment expressionniste dont le tempérament volcanique est à la racine de séismes tels Earth Dances (1986) ou Panic (1995) par exemple. L’intensité énergique, la sophistication subtile et le lyrisme introspectif des œuvres assez récentes au programme mettent aussitôt à l’esprit le quatuor Tree of Strings (2007) ou encore les dix-huit volets de Pulse Shadows (1996).


L’album débute et se termine par l’œuvre la plus ancienne du programme, un très beau cycle de mélodies épigrammatiques (neuf composées en1998 et trois en 2000) sur des poèmes, aux évocations fugitives, presque surréalistes, de la nature et de la nature humaine, de Lorine Niedecker (1903-1970), poète objectiviste américaine. L’originalité de Birtwistle, c’est d’allier le seul violoncelle à la voix pour créer un lyrisme raffiné à deux d’une belle transparence non tonale aux larges intervalles et aux fortes relations harmoniques. La fragilité poétique de ces mélodies intimes s’épanouit pleinement grâce à la belle voix claire et aérienne d’Amy Freston, soprano, et à l’expressivité mélancolique du violoncelle d’Adrian Brendel.


Pour les soixante-quinze ans de son ami Alfred Brendel, Birtwistle avait composé Bogenstrich (2006) – «coup d’archet» qui était en fait une méditation sur le poème Liebes-Lied de Rainer Maria Rilke (1875-1921) devenue un court «Lied ohne Worte» pour un violoncelle éloquent et un piano plus fragmenté, destiné au fils de Brendel, Adrian, et à son élève, le pianiste Till Fellner. Elaboré en cycle et finalisé en 2009, le «Lied ohne Worte» est maintenant suivi d’une envoûtante série de «Variationen» et d’un «Wie eine Fuge» dynamique et querelleur, avec en introduction et conclusion la mise en musique proprement dite du Liebes-Lied de Rilke. Interprété à la création comme il l’est ici par Brendel, Fellner et l’excellent baryton anglais Roderick Williams, l’ensemble, par sa fluidité, ne trahit en rien sa conception morcelée. La musicalité et la sensibilité expressive des trois musiciens, la finesse de la voix souple de Williams, le chant poétiquement émouvant du violoncelle et la vive luminosité pointilliste du piano servent admirablement la beauté intrinsèque de cette composition hautement originale.


Comme pour le Concerto pour violon de la même année, Birtwistle revient à un genre classique pour le Trio avec piano de 2010 mais c’est à la taille de diamants et en ses propres termes, abrasifs, volontaires ou tendres, qu’il crée en un seul mouvement une dérive subtilement contrôlée aux traits audacieux et novateurs. La grande Lisa Batiashvili rejoint Brendel et Fellner et on ne peut qu’être sensible à la belle cohésion des trois voix en parfait équilibre, malgré le rôle individualisé et souvent antagoniste attribué à chaque instrument.


Comme l’écrit le musicologue Arnold Whittall: entrant «si profondément en résonance avec ses conditions sociales et psychologiques fondamentales, [...] l’œuvre de Birtwistle est triomphalement et idiosyncratiquement personnel, profondément connecté à la culture de son temps, celle de l’après-guerre et de l’après-holocauste, mais qui pourtant reste résolument détaché des manifestations artistiques qui surexploitent ce phénomène. Ce sont ces qualités qui ont permis de donner à Birtwistle une présence tutélaire et pérenne sur la scène contemporaine». Ce programme bien interprété en est témoin.


Le site de Lisa Batiashvili
Le site d’Adrian Brendel
Le site de Till Fellner


Christine Labroche

 

 

 

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